Voici un très intéressant article de Mickaël Bertrand. A l’aide du concept de «présentisme» développé par François Hartog dans son livre sur les régimes d’historicité, il interroge la modélisation de survivants de la Shoah sous la forme d’hologramme interactifs par l’ITC (Institute for Creative Technologies) et la Shoah Foundation Institute. Une entreprise qui m’interrogeait sur la sanctuarisation de ces témoignages et de la technologie pour rendre compte de la Shoah.
Dans son ouvrage sur les régimes d’historicité, François Hartog arrive à la conclusion que nos sociétés contemporaines sont engluées dans ce qu’il a appelé « le présentisme ».
Pour Mickaël Bertrand, cette thèse trouve une nouvelle application dans la sauvegarde des témoignages des survivants du génocide des Juifs d’Europe qui constitue l’une des entreprises mémorielles les plus révélatrices de ce phénomène au travers, depuis de nombreuses années,
«de l’édition et la réédition de témoignages, de documentaires, de films, l’entretien de sites et monuments accueillant de multiples commémorations, la création de projets mémoriels tels qu’Aladin ou la Shoah Foundation Institute for Visual History and Education de Steven Spielberg, les dizaines de concours organisés chaque année…»
Le dernier avatar en date, modernisant ce phénomène, réside dans la modélisation les survivants encore en vie sous la forme d’hologrammes interactifs par l’ITC (Institute for Creative Technologies) et la Shoah Foundation Institute. En voici un extrait :
Pour Mickaël Bertrand,
«la forme même de ce projet interroge sur les modalités mémorielles du souvenir de la déportation. Par l’enregistrement et la reconstitution virtuelle du corps et de la voix des survivants en 2013, ce n’est pas seulement la mémoire du génocide des Juifs que nous conservons, mais bien la mémoire du génocide des Juifs au moment de l’enregistrement. Par cette technique, le témoignage est en quelque sorte sanctuarisé alors que de nombreuses études ont montré à quel point le processus de remémoration pouvait être sujet à de multiples variations.»
A réfléchir donc avant de les utiliser en classe.
Source : Les fantômes de la mémoire vous racontent la Shoah – Histoire, Mémoire et Société.
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