Ce billet de «Devenir historien-ne» est né d’une conversation sur Twitter. @BenoitVaillot et @thibault_lh discutaient de l’entretien qu’ils venaient d’accepter de donner à un journaliste pour une émission de télé. Il échangeaient sur leurs doutes et les raisons qui les avaient poussés à accepter. C’est alors qu’il leur a été demandé par Emilien Ruiz s’ils seraient partant pour écrire un billet de « retour d’expérience ».
Il se trouve en effet que l’entretien concernait les usages de l’histoire et le succès de figures médiatiques telles que Lorànt Deutsch (principal invité de l’émission) et Éric Zemmour, soit un thème traité depuis quelques temps par Devenir historien-ne.
Fallait-il y aller ou pas ? Les deux historiens y répondent dans leur billet et expliquent leur choix. Il reviendront, dans un prochain billet, sur cette expérience à la lumière d’une analyse de l’émission après diffusion.
Cet article est particulièrement intéressant pour l’enseignant relativement aux usages médiatiques de l’histoire et la nécessaire contextualisation d’émissions historiques, comme de films de fiction, avant leur usage éventuel en classe. Il interroge également les enseignants d’histoire, et donc pas seulement les chercheurs en histoire, concernant l’impact médiatique de certaines figures tels Lorànt Deutsch ou Éric Zemmour sur les conceptions historiques de nos élèves.
Ensuite, les propos suivants de Benoit Vaillot interpelleront également les enseignants à propos de la question de la neutralité possible ou non de l’enseignant en classe d’histoire face à certains discours du champs médiatique et politique :
Les questions posées ont été les mêmes que celles de Thibault, quoique peut-être plus directes et franches, me voyant enclin à adopter un ton plus politique (et donc polémique ?) que scientifique. Le journaliste souhaitait délibérément opposer de façon manichéenne le succès d’un Lorànt Deutsch aux historiens de métier moins lus. J’ai clairement exprimé que réfuter historiquement les écrits d’un Lorànt Deutsch ou d’un Éric Zemmour n’était pas difficile, et qu’il ne fallait pas se cantonner à cela mais bien à en critiquer la portée politique. J’ai donc essayé d’élever la réflexion en prenant l’exemple précis de la réhabilitation du régime de Vichy et du maréchal Pétain par Éric Zemmour. Je me suis efforcé de faire comprendre que la réhabilitation du régime de Vichy n’est pas gratuite et s’inscrit dans un combat pour l’hégémonie culturelle, qui prépare l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite ou d’une droite plus dure.
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