Depuis aujourd’hui jusqu’à samedi se tient la quatrième édition des «Journées suisses d’histoire». Cette année, ces journées ont lieu à l’Université de Lausanne. Dans un récent billet (Digital History delayed), Guido Koller, historien principal aux Archives fédérales Berne et spécialiste en histoire à l’ère numérique, souligne que si cette dernière existe en Suisse également, sa position n’est pas encore solide et que le programme de Journées suisses d’histoire en atteste avec seulement deux panels discutant explicitement des médias et des méthodes numériques.
Dans un premier panel, Jan Hodel, Mareike König et Nadine Fink présenteront, à l’aide d’études de cas, la façon dont les historiens travaillent avec les médias sociaux . Dans un second panel, Anne Jobin, Hannes Mangold, Stefanie Prezioso et Valérie Schafer présenteront la puissance des algorithmes dans les pratiques sociales historiques.
Cela illustre peut-être le scepticisme que Guido Koller constate, dans les pays de langue allemande pour sa part, au sujet de ces nouvelles méthodes. Scepticisme qu’illustre un récent article de Urs Hafner paru dans la Neue Zürcher Zeitung du 27 mai 2016 et dans lequel il est fait référence au récent livre publié par Guido Koller «Geschichte numérique – Historische Welten neu vermessen».
Pour notre part, nous aurons certainement l’occasion d’y revenir dans le cadre du panel avec Jan Hodel, Mareike König et Nadine Fink puisque j’y assurerai le commentaire/modération.
Complément (11.06.2016) : à ces panels, il faut encore ajouter à ces Journées des présentations flashs (voir la liste : https://www.journeesdhistoire.ch/127/flash-presentations.html) centrées les humanités digitales. Parmi ces présentations, on notera plus particulièrement celle de Frédéric Clavert sur les commémorations de la Première Guerre mondiale au travers de twitter (#WW1. Le centenaire de la Grande Guerre sur Twitter). Indiquons également que pour les organisateurs de ces Journées, les Humanités digitales faisaient partie des trois thématiques centrales du colloque (L’historien face aux Digital Humanities, le grand défi).
J’en profite pour présenter succinctement ce panel intitulé #Macht #SocialMedia #Erinerungskultur et ses intervenants. Au travers d’études de cas concrètes, Jan Hodel, Mareike König et Nadine Fink présenteront sous trois aspects différents et complémentaires l’utilisation et la place des médias sociaux dans les processus culturels de la mémoire historique et collective :
- Jan Hodel interviendra sous l’angle des possibilités de recherches, via une analyse de discours, sur deux corpus provenant de médias sociaux (twitter principalement) : les débats en Grande-Bretagne sur les hausses des frais d’étude et les débats en 2015 autour des commémorations des 500 ans de la bataille de Marignan;
- Mareike König s’attachera plus particulièrement à différentes formes de vulgaristaion ou d’usages publics de l’histoire sur Twitter, Facebook ou des blogs en relation avec les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale et plus particulièrement les journaux numérisés des combattants (Der Erste Weltkrieg “in Echtzeit”: Tagebücher 1914-1918 in den Sozialen Medien);
- Nadine Fink constate qu’à l’exemple des témoignages audiovisuels intégrés aujourd’hui dans les nouvelles expositions muséales ou à l’école, les modalités de transmission de l’histoire se sont fortement modifiées au cours des dernières années. L’offre importante de nouveaux médias et de matériaux numériques permet de transmettre l’histoire de façon nettement plus diversifiée. Spécialiste des questions relatives à l’histoire orale, elle appuiera son intervention sur deux projets : les Archives de la danse et «Nous, les PTT».
Dans chacun des cas, il sera possible de réfléchir à la culture mémorielle véhiculée par ces nouveaux médias et jusqu’à quel point ceux-ci tendent à concurrencer les discours historiques traditionnels ou dominants. Dans une autre perspective, les médias sociaux permettent-ils la circulation dans l’espace public de récits parfois conflictuels ou des exclus de l’histoire ? permettent-ils vraiment une pluralité de point de vue jusqu’à présent difficilement accessibles? Enfin, dans quelle mesure, les médias sociaux génèrent de nouveaux questionnements, renouvèlent ou non la forme de l’archive et proposent-ils de nouvelles formes de récit historiques ?
Concernant les participants à ce panel,
- Jan Hodel est co-fondateur avec le regretté Peter Haber d’hist.net et travaille en tant que professeur d’histoire et de diactique à la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW) à Bâle et Brugg;
- Mareike König est bibliothécaire en chef et historienne du numérique (relations franco-allemandes au 19e siècle) au Deutsches Historisches Institut Paris.
- Nadine Fink est chargée d’enseignement en didactique de l’histoire et éducation à la citoyenneté à la HEP Vaud à Lausanne.
Au niveau pratique, ce panel aura lieu le samedi 11 juin de 9:00 à 10:45 en salle 4078 de l’Anthropole (attention lieu modifié).
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