Extrait :
François de La Rocque était un nationaliste, catholique social, partisan d’un régime conservateur, autoritaire et républicain. Il était anticommuniste, antimaçon, antiparlementaire au sens où il voulait non supprimer les Chambres mais atténuer le pouvoir du législatif par rapport à celui de l’exécutif. Nul projet expansionniste dans le programme de son parti, nulle dimension révolutionnaire dans son mouvement, nulle volonté de créer un homme nouveau, comme ce fut le cas alors des régimes totalitaires, et du côté de Jacques Doriot et de son PPF. La Rocque n’en a pas moins durablement incarné un mythique “fascisme à la française” en raison de l’effet de puissance des Croix-de-Feu et du PSF, comme le montre bien Michel Winock dans son article, en insistant sur ses influences : outre le catholicisme social, un vieux fond bonapartiste allié à à un jacobinisme à la Clemenceau.
Conclusion de Pierre Assouline :
Michel Winock conclue que “le fascisme français n’a pas existé” (le cas de Vichy est à part puisqu’il n’a été possible que sous une occupation étrangère) et que les Croix-de-Feu et le PSF ne pouvaient être assimilés à un parti fasciste “si ce n’est au prix d’un défaut de rigueur sémantique”. Une mise au point rigoureuse et argumentée dont on peut prédire qu’elle ne va pas clore le débat mais, au contraire, probablement le relancer chez certains historiens.
Ce qui ne manque pas de relancer le débat dès le premier commentaire du billet d’Assouline :
Comme à son habitude, Michel Winock cherche à disculper la France et à promouvoir une version aseptisée des événements des années 1930. Fort heureusement, le point de vue orthodoxe de l’école historique française (René Rémond, Michel Winock et Cie) a été contredit, preuves solides à l’appui, par quelques courageux historiens étrangers comme Robert Paxton ou Zeev Sternhell, qui ont démontré que ce que Girardet appelait pudiquement “l’imprégnation fasciste” étant un authentique fascisme français. Il aurait suffi de peu pour que le 6 février 1934, la France bascule dans le camp du fascisme. La “Révolution Nationale” de 1940 n’est donc pas due uniquement à l’occupation allemande, mais à un état d’esprit propre à la droite française, qui a devancé les désirs de l’occupant et ne s’est pas contentée de suivre.
Il est temps que les historiens français aient le courage de regarder en face les pages sombres de l’histoire plutôt que de constamment céder au chauvinisme, tantôt en prétendant qu’il n’y a pas eud e fascisme français et tantôt en minimisant les crimes de Napoléon ou ceux de la colonisation.
Rédigé par: nopasaran | 27 mai 06 18:42:49
A vous de voir !
Technorati Tags: Croix-de-Feu, Entre-deux-Guerres, fascisme, France, LaRocque