Du 10 mars au 31 août 2010, le Mémorial de la Shoah présente une exposition consacrée à trois producteurs/cinéastes américains (John Ford, George Stevens et Samuel Fuller) et à leurs images concernant les camps de Dachau et Falkenau.
En effet, en 1945, les images de Dachau prises par l’équipe de Stevens sont insérées dans un documentaire montré d’abord aux États-Unis avant d’être projeté, à titre de preuve des crimes nazis, devant le Tribunal Militaire International de Nuremberg. Cette expérience, inédite, a été préparée par John Ford, qui dirigeait lui-même une unité spéciale, la Field Photographic Branch, chargée de réaliser entre autres ce film, Les Camps de concentration nazis
Dans cette exposition, pour la première fois, les images du camps de Dachau sont présentées dans l’ordre chronologique dans lequel elles ont été tournées, accompagnées des fiches remplies par les opérateurs et des comptes-rendus rédigés par l’un des écrivains embauchées par George Stevens.
Le site accompagnant cette exposition apporte d’utiles informations concernant le travail des opérateurs. C’est ainsi que le chapitre La SPECOU à Dachau (SPECOU = Special Coverage Unit du service des communications de l’armée américaine) nous apprend que «chaque jour, dans un rapport de prise de vues, le responsable de chaque unité fait un bilan de l’activité de la journée» et qu’une fragment de compte-rendu en vidéo nous est proposé.
Dans Nuremberg: recueillir les images comme preuves, nous pouvons consulter That Justice Be Done (1945) de Ray Kellog et un extrait du documentaire Nuremberg, les nazis face à leurs crimes (2006) de Christian Delage.
Dans le chapitre consacré à George Stevens on y apprend que
En vue du débarquement en Normandie et de l’avancée vers l’Allemagne, les opérateurs de l’OSS reçoivent des instructions très précises sur ce qu’ils doivent faire s’il leur arrive de découvrir des « preuves de crimes de guerre et d’atrocités »
La procédure à suivre pour enregistrer les preuves des atrocités commises prévoit explicitement la possible qualification comme preuve, devant un tribunal, des témoignages recueillis, qu’ils soient écrits, oraux ou filmés.
Nous avons ici affaire à un vrai travail documentaire permettant de «donner une place aux spectateurs d’aujourd’hui, à l’abri des opérateurs, dont les gestes de médiation sont ainsi revitalisés» et à un travail à l’opposé de la bouillabaisse proposée par les producteurs d’Apocalypse («Apocalypse : au delà des prouesse techniques est-ce de l’histoire ?». In Le Café pédagogique, No 105, septembre 2009) et de leurs tripatouillages opérés sur les archives (recadrage, remontage, juxtaposition…).
via Avant-propos – Exposition Filmer les camps – Mémorial de la Shoah et Filmer les camps (Christian Delage).
Source de la vidéo: Nazi Concentration Camps (1945) de l’Internet Archive.
Mise à jour (12 mars 2009)
Gérard Lefort dans le journal Libération nous propose un compte-rendu fort utile et intéressant de l’exposition de Christian Delage : L’horreur plein cadre (Libération, 11 mars 2010)
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