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Histoire Lyonel Kaufmann

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Didactique

Léonora Miano : “Les Africains n’ont pas choisi la France. Elle leur est tombée dessus” – Bibliobs

30 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

Prix Femina 2013, Léonora Miano s’est faite directrice d’ouvrage pour «Marianne et le garçon noir», recueil de textes qui s’interrogent sur le «grand dérangement que semble encore susciter la présence noire dans la France contemporaine». Dans un café parisien, elle raconte à Amandine Schmitt la genèse de ce projet né à la suite des affaires Théo Luhaka ou Adama Traoré, ces jeunes Noirs victimes de violences policières. En voici quelques extraits qui nous interpellent relativement à la question coloniale et à la ségrégationniste raciale.

Vous avez rédigé une introduction très forte dans laquelle vous soutenez que le comportement des forces de l’ordre à l’égard des hommes noirs est hérité du passé français.

La rencontre entre l’Europe moderne et les populations d’Afrique subsaharienne, qui commence au XVIe siècle, n’est pas amicale. Et c’est cette rencontre qui forge la catégorie noire, qui n’existait pas en tant que telle dans l’histoire de l’humanité. Si on remonte à la période antique, des gens de toutes couleurs, de toutes origines se sont fréquentés sans qu’il y ait jamais de hiérarchie. Ça devient un problème lorsqu’une Europe conquérante décide de s’approprier des espaces loin de chez elle. Pour justifier la violence qu’elle va exercer sur les autres peuples, il faut qu’elle invente des humanités inférieures à la sienne. C’est dans la douleur et la violence que la catégorie noire se crée. Il n’y a personne dans ces espaces en Afrique qui se définisse comme Noir. Ce n’est pas notre identité à la base. On devient Noir parce qu’il y a cette histoire.

C’est la matrice des comportements qui ont suivi. Beaucoup de violences ont été faites au corps puisqu’on avait décidé que ce corps n’était quasiment pas humain et on l’a traité comme tel. On est obligé de se raconter soi-même une certaine histoire pour assumer nos actes, sinon ils sont insupportables. C’est la spectaculaire dissonance cognitive qui a été celle d’un Occident chrétien qui savait bien, ce que je prétends qu’on sait toujours, que l’autre est un humain comme soi.

(…) Quand cinq policiers se mettent sur le corps d’un jeune homme de 25 ans, c’est qu’ils ont oublié que c’était une personne. Ça n’est possible que si on a en soi toutes ces images dont on n’a plus vraiment conscience tant elles ont été transmises par des biais divers.

Selon vous, les Français sont plus intéressés par les souffrances liées au racisme des Noirs aux Etats-Unis que par ce qui se passe sur leur propre sol. Comment l’analysez-vous?

C’est très simple. Outre la fascination que les Etats-Unis exercent sur la France, il y a le fait que l’expérience des Noirs là-bas n’est pas douloureuse pour la France. Il n’y a pas de culpabilité. Il y a certes beaucoup de souffrance, mais c’est un racisme dont la France est complètement innocente. Donc elle peut regarder ça et se dire: «Ohlala, quels sauvages ces WASP!»

Tandis que si on devait s’intéresser à l’expérience des Noirs en France, on tomberait très vite sur les méfaits de la France coloniale esclavagiste, et on n’en a pas envie. On parle de citoyens français qui ont la particularité d’être devenus Français parce qu’on a fait violence à leurs ancêtres. On aime bien faire la comparaison avec les immigrés italiens, portugais ou polonais, dont on dit qu’ils se sont mieux intégrés, mais ils ont choisi la France. Les Africains, pas tellement en fait. Elle leur est tombée dessus.

Source : Léonora Miano : “Les Africains n’ont pas choisi la France. Elle leur est tombée dessus”

Photo : Léonora Miano en marge de l’émission « Ce soir ou jamais, le 8 novembre 2013 (BALTEL/SIPA)

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Dans un recoin de ce monde | Hiroshima (1930-1944)

9 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

Dans un recoin de ce monde (この世界の片隅に, Kono sekai no katasumi ni) est un film japonais réalisé par Sunao Katabuchi, sorti en 2016.

http://youtu.be/0QXboqjWzFA

C’est l’adaptation du manga du même nom de Fumiyo Kōno. Le film se déroule dans les années 1930-1940 à Hiroshima et à Kure au Japon, environ 10 ans avant et après la bombe atomique, mais principalement en 1944-1945. Dans le film, la nature et la culture traditionnelle au Japon sont clairement décrites et contrastées avec les scènes cruelles et irréparables apportées par la guerre. Bien qu’il s’agisse d’un conte fictif, les épisodes et le fond de l’histoire suivent les faits et les incidents réels recherchés par le personnel de production. Dans le film, le paysage perdu de l’Hiroshima avant la guerre, endommagé par le bombardement atomique à Hiroshima, est réactivé avec précision dans les scènes, en suivant les vieilles photos, les documents et les souvenirs des personnes vivantes.

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En France,en 2017, l’accueil critique est positif : le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 4,2/5, et des critiques spectateurs à 3,5/5.

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Le site du film : https://www.inthiscornermovie.com/fr/

Articles sur le film :

Pour Cases d’histoire : «Ce film animé est un chef d’œuvre d’intelligence et de retenue. Sans porter aucun jugement, Katabuchi raconte la dernière année de la guerre vue à hauteur d’habitants anonymes. Le spectateur connait la fin de l’histoire,  reste l’effroi qui se glisse peu à peu devant la course vers l’abîme qui va bouleverser le destin de ces innocents. Sunao Katabuchi réussit à dépeindre la misère et la souffrance sans faux semblant mais avec une justesse si fine qu’il transmet un récit pratiquement inédit en Europe qu’il faut découvrir sans tarder.»

Pour les Inrocks : «La beauté du film, plus ligne claire que jamais (option miyazakienne), aux personnages d’apparence juvénile (Suzu semble toujours avoir 10 ans), tient à la manière dont Katabuchi intègre le drame de la guerre au quotidien. Réputé pour les intenses recherches documentaires qu’il effectue avant de réaliser ses films, le cinéaste s’attache non seulement à restituer les événements et les lieux exacts, mais il décrit par le menu la vie ordinaire de ses personnages – comme les expédients qui leur permettent de pallier les privations alimentaires. Le résultat est édifiant : même les films en images réelles ne sont jamais aussi précis sur les détails de la vie d’une maisonnée.
[…] Quant à la bombe A qui pulvérise Hiroshima, c’est un peu la cerise infernale sur ce gâteau amer : un épiphénomène au sein d’un plus vaste drame humain. Ce petit chef-d’œuvre de l’anime offre la description la plus complète et vivante d’un microcosme humain dans un lieu précis (le sud du Japon) à une période donnée (entre 1933 et 1945). Sans nul doute le meilleur anime de l’ère post-Miyazaki.»

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Une fois mariée, Suzu réside chez sa belle-famille à Kure, à l’époque le plus grand port militaire de l’archipel. Au loin, des navires de guerre japonais. Photo SEPTIÈME FACTORY

Sur Hiroshima, les mangas et les films d’animation japonais, France Infos nous apprend : « Avec Dans un recoin de ce monde, Sunao Katabuchi montre une fois de plus que les dessinateurs japonais sont toujours aussi fascinés par le bombardement d’Hiroshima. Ce bombardement nucléaire a amené le Japon, qui s’était rangé du coté des nazis, à la capitulation. Depuis, il n’arrête pas d’être exploré dans les mangas et les dessins animés. Ainsi, Hayao Miyazaki a consacré son dernier film, Le Vent se lève, à cette guerre. Le manga best seller, Gen d’Hiroshima, racontait la vie d’une famille touchée par la bombe à Hiroshima. Enfin, il y a vingt ans, un autre film avait fait date : Le Tombeau des lucioles. Le dessin animé suivait le destin tragique de deux jeunes frères survivants du bombardement.»

En complément des différents billets publiés ici du Journal d’Hiroshima du Dr. Michihiko Hachiya et le film franco-japonais Lumières d’été de Jean-Gabriel Périot,  Dans un recoin de ce monde offre une vision de la guerre et d’Hiroshima au travers du film d’animation ainsi qu’un voyage dans le monde des mangas, monde proche de nos élèves.

Classé sous :Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications Balisé avec :1939-1945, 39-45, Hiroshima

Un Mooc sur « Verdun 1917-1918 : batailles oubliées ? Français, Allemands et Américains dans la tourmente »

8 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Ce cours en ligne se propose d’étudier les deux dernières années de la Première Guerre mondiale et ses répercussions dans la région de Verdun.

FUN-MOOC : Verdun 1917-1918 : batailles… par fr-universite-numerique

La bataille de Verdun se termine-t-elle réellement à la fin de l’année 1916 ? Le front de Lorraine s’assoupit-il en 1917-1918 ? En quoi l’année 1917 marque-t-elle d’importantes ruptures dans le domaine de la diplomatie, de la politique interne des États en guerre mais également dans la manière de faire la guerre ? Quels sont les acteurs de ces ruptures ? À quelles nécessités sont-ils confrontés ? Quelles sont les répercussions de tous ces bouleversements sur la poursuite des combats dans la région de Verdun jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918 ? C’est à toutes ces questions que se propose de répondre ce cours en ligne.

Regroupant la même équipe scientifique et éducative du MOOC « Sur les pas des combattants de Verdun : 1916-2016 », ces cours en ligne se proposent de vous éclairer sur ces différents aspects.

En collaboration avec l’université de Lorraine et le Mémorial de Verdun, les différentes interventions seront illustrées par de nombreuses cartes, des photographies, des vidéos, des archives filmées, ainsi que de nombreux documents d’accompagnement.

Ouvert à tous les publics, ce Mooc disponible sur la plateforme France université numérique (FUN) s’adresse en particulier aux élèves de 3e et de 1re qui étudient la Première Guerre mondiale, mais également aux enseignant.e.s. D’une durée de quatre semaines, il commence le 25 septembre et se termine le 6 novembre.

Les enseignant.e.s pourront également consulter le dossier Première Guerre mondiale de la partie « Se former » du portail national : récemment actualisé, celui-ci propose des références permettant une mise au point scientifique, ainsi que de nombreuses ressources.

Scénarios pédagogiques traitant les thèmes de programmes :

  • Collège/Histoire/Cycle 4/Troisième/L’Europe, théâtre majeur des guerres totales
  • Lycée/Première/Guerres mondiales et espoirs de paix

Plan du cours

1917 : crise et reconstruction de l’armée française (Semaine 1)

  • Le bilan de 1916 : affirmation de l’ « école de Verdun » et perspectives pour l’année 1917
  • La réorganisation de l’armée allemande par Hindenburg et Ludendorff sur le front de l’ouest
  • L’offensive du Chemin des Dames
  • Les mutineries dans l’armée française
  • La nomination de Pétain à la tête de l’armée française et la fin des mutineries

La poursuite de la bataille de Verdun en 1917 (Semaine 2)

  • L’école Pétain : un minimum d’infanterie, un maximum d’artillerie
  • Les offensives à objectifs limités
  • Le front de Verdun durant le 1er semestre
  • Août- septembre 1917 : l’offensive française sur les deux rives de la Meuse
  • Bilan des combats sur le front de l’ouest et incertitudes pour l’année 1918

1917, année des ruptures diplomatiques et politiques (Semaine 3)

  • Les Etats- Unis d’Amérique face à la guerre en Europe (1914- 1917)
  • L’entrée en guerre des Etats- Unis (avril 1917)
  • L’armée américaine en 1917 : « année zéro »
  • Le basculement de la Russie dans la Révolution
  • Clemenceau président du Conseil
  • 1918 : l’engagement de l’armée américaine en Lorraine (Semaine 4)

1918 : année décisive de la guerre

  • L’intégration de l’armée américaine sur le front de l’ouest
  • La réduction du Saillant de Saint- Mihiel (12- 16 septembre 1918)
  • L’offensive Meuse- Argonne (de septembre à octobre 1918)
  • Les derniers combats de novembre 1918
  • Le 11 novembre 1918 sur le front de Meuse. Bilan et perspectives mémorielles

Évaluation

Des évaluations hebdomadaires ainsi qu’un examen final seront proposés. Une attestation de suivi avec succès sera délivrée si la note finale du MOOC est supérieur ou égal à 60%. Les examens hebdomadaires compteront pour 80% de cette note finale et l’évaluation terminale comptera pour les 20% restants.

Source image : http://www.ecpad.fr/images-de-verdun/

Classé sous :Didactique, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, sur le web

Enseigner avec le numérique : l’histoire des femmes

7 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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A l’occasion de le rentrée scolaire, le bulletin Édu_Num Histoire-géographie, No 38 propose une certain nombre de ressources en ligne en relation avec les programmes du cycle 4 invitant à enseigner une histoire mixte. Des ressources sont également proposés pour les Lycées professionnels.

Les programmes de cycle 4 invitent, en introduction, à enseigner une histoire mixte : « une approche globale des faits historiques doit éclairer à parts égales la situation, la condition et l’action des femmes et des hommes à chaque moment historique étudié ». Ils proposent deux moments forts pour cela. En classe de 4e, il s’agit pour le XIXe siècle, d’étudier les « conditions féminines dans une société » en mutation (voir le document d’accompagnement Éduscol) que l’académie de Lille propose de travailler à travers un EPI. En 3e, c’est avec la thématique « Femmes et hommes dans la société des années 1950 aux années 1980 : nouveaux enjeux sociaux et culturels, réponses politiques » que le sujet est à nouveau abordé (voir le document d’accompagnement Éduscol). Sur cette dernière, l’académie de Créteil propose un travail de groupe (avec l’outil Cacoo qui permet une collaboration en temps réel) sur les transformations sociales et culturelles en France et les réponses politiques apportées. L’académie de Lille s’appuie sur la figure de Gisèle Halimi en utilisant cartes mentales et écriture collaborative. À Versailles les collègues ont conçu un EPI en classe de troisième (histoire, français, EMC) dont la réalisation finale est un entretien radiophonique sur le modèle de l’émission 2000 ans d’histoire (France Inter) sur une femme engagée du XXIe siècle.

L’histoire des femmes peut-être convoquée à d’autres moments comme lors de l’étude des Lumières (scénario sur Émilie du Châtelet en 4e) ou de la Première Guerre mondiale (scénario sur la main d’oeuvre féminine dans les usines d’armement en première). L’histoire des femmes se retrouve également au lycée avec la question sur « La place des femmes dans la vie politique et sociale de la France au XXe siècle » en classe de première. L’académie de Créteil fait construire aux élèves la notion de « Résistance(s) » en s’appuyant sur l’exemple des femmes résistantes. Enfin, le récent décès de Simone Veil a été l’occasion pour le portail national de présenter trois scénarios pédagogiques qui étudient son parcours et son engagement pour la légalisation de l’avortement.

Le site Musea, présenté par l’Université d’Angers et l’Université Virtuelle en Pays de la Loire, vise à promouvoir les recherches qui intègrent la dimension du genre et tout particulièrement l’histoire des femmes. On y trouve de nombreuses expositions virtuelles richement documentées, notamment sur le suffragisme français, les immigrées, Jeanne d’Arc, etc. Signalons aussi le numéro de février 2017 de la revue Dr@kk@r (lettre d’information à destination des professeurs de l’académie d’histoire et de géographie de l’académie

Pour les lycées professionnels : plusieurs propositions en première baccalauréat professionnel autour du deuxième sujet d’étude d’histoire (« Les femmes dans la société française de la Belle Époque à nos jours« ). Proposition des académies de Nantes, Poitiers et Lyon.

Source : Lettre ÉduNum Histoire-Géographie N°38 — Histoire-Géographie

Légende photo : Usine «La poudrerie nationale» à Toulouse

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

Comment transmettre la mémoire de la Shoah? | Réformés.ch

5 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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Tout au long de l’été, l’agence de presse Protestinfo et Réformés.ch ont effectué une plongée dans les enjeux de la transmission de la mémoire de la Shoah. Alors que les derniers rescapés, témoins de ces heures obscures disparaissent, quels sont les enjeux liés au passage d’une mémoire biographique portée par des témoins à une mémoire plus culturelle, tributaire de la politique? Ce dossier ne manquera pas d’intéresser les enseignant.e.s d’histoire.

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La liste des articles du dossier :

  1. Transmettre la mémoire de la Shoah : Laurence Villoz et Guillaume Henchoz publient une série d’articles concernant les enjeux liés à la transmission de la mémoire de la Shoah. Ce dossier est le fruit de leurs investigations et de leurs rencontres.
  2. Pourquoi la Suisse n’a toujours pas digéré le rapport Bergier : La Suisse est-elle correctement outillée pour gérer sa mémoire ?
  3. Un jour, nous devrons raconter l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en nous passant des témoins directs : Quelles conséquences la disparition des rescapés peut-elle avoir sur l’enseignement de l’histoire en Suisse romande? Peut-on se priver de leur témoignage pour enseigner ce qu’a été la Shoah?
  4. «Il y a une compétition entre les différents visiteurs sur les lieux de mémoire» : Entre le touriste en short et le vendeur de glaces, quelle place donner à la commémoration dans les mémoriaux modernes? Spécialiste de la mémoire de la Shoah, Brigitte Sion pose un regard critique sur l’évolution de ces lieux de pèlerinage.
  5. La figure du bourreau dans les crimes de masse : Décideurs, propagandistes, organisateurs et exécutants, tous sont des bourreaux. Mais rares ceux sont qui racontent leurs crimes. Et quand ils le font, ils les nient ou se victimisent.
  6. Quand le négationnisme, la banalisation et la concurrence victimaire font le buzz : La banalisation de la Shoah se retrouve dans les discours de certains politiciens et personnages publics. Entre la volonté de choquer l’opinion publique et celle de se déculpabiliser, quelles sont les conséquences de ce genre de propos sur la transmission de la mémoire de ce génocide?
  7. Les Eglises protestantes suisses dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale : Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les institutions ecclésiales protestantes se sont montrées pour le moins discrètes. Si certains s’engagent personnellement et soutiennent l’arrivée des réfugiés au cours du conflit, les organes décisionnels— à l’instar de la Commission synodale de l’Eglise nationale vaudoise— font preuve d’un «ouragan de prudence».
  8. «On savait qu’on était fichues et qu’on nous enverrait à Auschwitz» : Paulette Angel, née Rosenberg, est une rescapée. Un témoin. Originaire d’une famille juive de Metz, elle tente de gagner la Zone libre en 1942. Dénoncée par ses passeurs, elle sera emprisonnée par les Allemands et déportée à Drancy.

Source : Comment transmettre la mémoire de la Shoah? | Réformés.ch

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Publications

Le Québec et l’industrie du jeu vidéo : l’exemple d’Ubisoft

2 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

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L’annonce vendredi par Ubisoft de son plus important plan de croissance au Québec en 20 ans permet de le remettre en contexte par rapport au développement de l’industrie du jeu vidéo au Québec, l’importance des revenus générés par cette industrie, la place et le rôle des soutiens gouvernementaux à la création d’emploi et de la formation attendue des élèves (secondaire et universitaire).

Image accompagnant l’annonce de la conférence de presse d'Ubisoft Québec Studio (http://quebec.ubisoft.com/fr/annonce-dubisoft/)
Image accompagnant l’annonce de la conférence de presse d’Ubisoft Québec Studio (http://quebec.ubisoft.com/fr/annonce-dubisoft/)

Vendredi après-midi, Ubisoft a annoncé qu’elle dévoilerait à Saguenay les détails de son plus important plan de croissance au Québec en 20 ans.. L’annonce serait de plus de cent millions de dollars canadiens pour le Saguenay (Source : http://www.lapresse.ca/le-quotidien/actualites/economie/201709/01/01-5129846-ubisoft-sinstalle-a-saguenay-plus-de-100-emplois-crees.php).

L’entreprise fondée en 1988 par les frères Guillemot est devenue un leader mondial du jeu vidéo avec un chiffre d’affaires qui a atteint pendant l’exercice 2016-2017 quelque 2,2 G$ (de 1 459,9 M€).

Les studios québécois d’Ubisoft dirigent le développement de certaines des plus grandes marques du groupe, dont Assassin’s Creed, Far Cry, WatchDogs, For Honor et Tom Clancy’s Rainbow Six. Ils permettent de tirer des revenus représentant 44,5 % du chiffre d’affaires d’Ubisoft.

Assassin’s Creed Origins – Trailer de gameplay : Jeux de pouvoir. Gamescom 2017 OFFICIEL. Assassin’s Creed Origins sortira sur Xbox One, PS4, PS4 Pro et PC le 27 octobre et dès la sortie de la Xbox One X.

Le journal Le Quotidien indique que les dirigeants d’Ubisoft Québec se sont déplacés en décembre dernier dans la région afin de rencontrer des représentants des cégeps de Jonquière, Chicoutimi et de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Selon les informations recueillies par le journal, les représentants de l’entreprise se sont intéressés aux programmes de formation existants dans la région dans le secteur informatique, en production ou postproduction audiovisuelle, programme d’études de cycles supérieurs en informatique, etc., ainsi que le nombre d’étudiants formés annuellement dans ces domaines spécialisés.

Au plan mondial, Ubisoft compte environ 12 000 employés répartis dans 98 pays, selon les données fournies dans le dernier rapport financier annuel.

Le gouvernement du Québec offre un crédit d’impôt qui peut atteindre 37,5 % des coûts de main-d’oeuvre pour la création d’emplois dans l’industrie des jeux vidéo, une mesure contestée au fil des ans et dont profitent des entreprises comme Ubisoft et Warner Bros, en outre. Le salaire moyen d’un travailleur de l’industrie se situe entre 80 000 $ et 120 000 $.

Ainsi en juillet dernier, Éric Boyko, PDG de Stingray, critiquait le soutien à l’emploi à des entreprises internationales au détriment de l’industrie numérique locale :

Le PDG Eric Boyko a lancé un cri du coeur hier en annonçant la création de 400 emplois d’ici cinq ans. « Est-ce qu’on peut arrêter de donner des crédits d’impôt multimédias à des entreprises étrangères ? »

La majorité des postes qui seront créés chez Stingray sont destinés à des ingénieurs en informatique. Or, il y a pénurie, souligne M. Boyko.

« Stingray se bat sans subvention contre des entreprises étrangères subventionnées qui font pression à la hausse sur les salaires et qui peuvent offrir plus de jours de vacances », lance Eric Boyko.

L’entrepreneur montréalais d’origine ukrainienne croit que le moment est venu pour le gouvernement du Québec de revoir sa stratégie.

«On n’a plus besoin des crédits d’impôt. C’était bon il y a 20 ans pour avoir un pôle. Mais là, le pôle est créé et il faut s’ajuster.»

Les emplois ainsi créés se feraient au détriment des industries locales, car le nombre de jeunes formés ne permettraient déjà pas de répondre aux besoins locaux de main-d’oeuvre (Source : http://affaires.lapresse.ca/economie/technologie/201706/17/01-5108505-recrutement-le-patron-de-stingray-denonce-le-credit-dimpot-pour-le-multimedia.php). Cet élément explique probablement les campagnes d’Ubisoft cherchant à attirer des professionnels formés au Québec ainsi que le montre la vidéo suivante de présentation de Québec et sa région et le texte qui l’accompagne:

Québec : Ville et région

Pour te convaincre de venir travailler chez Ubisoft Québec, on peut te parler de nos projets AAA d’envergure mondiale, notre grande famille de 450 experts ou bien nos espaces de travail déjantés! Par contre, si t’es pas encore convaincu, prends trois minutes pour découvrir la ville qui nous a vu grandir ⚡ Découvre nos postes à combler : http://bit.ly/Ubi-Career

Publié par Ubisoft Québec Studio sur lundi 24 avril 2017

Concernant le crédit d’impôt remboursable pour la production de titres multimédias, celui-ci a été instauré en 1996 afin de favoriser l’émergence et le développement de l’industrie du jeu vidéo au Québec. Aujourd’hui, le Québec est devenu le troisième plus important pôle de production de jeux vidéo au monde. Selon les chiffres du gouvernement québécois, l’industrie québécoise du jeu vidéo compte sur une main-d’oeuvre d’environ 11 000 personnes réparties dans près de 140 entreprises.

En 2014, Warner Bros. employait 400 personnes à Montréal et Ubisoft environ 2 900 (Source : http://fr.canoe.ca/techno/jeuxvideo/actualites/archives/2014/06/20140605-164210.html). Pour Ubisoft s’ajoute encore les 450 employés de leur studio de la ville de Québec fondé en 2005.

En juin de cette année, les calculs effectués par le journal La Presse mettaient toutefois en exergue à quel point les subventions du gouvernement canadien sont d’une importance critique depuis plus de 10 ans dans les bilans financiers de la compagnie.

Grâce aux indications des relevés financiers annuels d’Ubisoft, La Presse a établi que la compagnie d’Yves Guillemot n’aurait pas généré le moindre profit depuis plus de 10 ans sans le crédit d’impôt distribué par les gouvernements du Québec, d’Ontario et de Nouvelle-Écosse. Depuis l’exercice 2005-2006, Ubisoft a reçu dans les 545 millions d’euros à titre de crédit d’impôt, alors que le bénéfice net cumulé par l’entreprise depuis cette période s’élève à 434 millions d’euros. Autrement dit, son bilan lorsqu’on supprime les aides du Canada se transforme en une perte nette de 111 millions d’euros sur la décennie (Source : http://affaires.lapresse.ca/economie/technologie/201706/22/01-5110283-ubisoft-plus-de-credits-dimpot-que-de-profits.php).

Si le Québec n’est pas le seul à proposer des crédits d’impôts, ceux-ci jouent un rôle dans la concurrence fiscale internationale au plus grand bénéfice des multinationales du secteur. Ainsi, en France, l’Assemblée nationale a voté en novembre 2016 pour le relèvement du crédit d’impôt jeu vidéo de 20% à 30% et pour l’augmentation du plafond de 3 millions d’euros à 6 millions d’euros par entreprise.

Et à chaque fois, Ubisoft en bénéficie. Ainsi, l’entreprise touche des crédits de nature comparable en Ontario et en Nouvelle-Écosse, grâce à la présence de studios à Toronto et Halifax. Elle perçoit aussi des crédits d’impôt à la recherche et au développement. Ces derniers lui ont rapporté près de 10 millions de dollars en 2015-2016.

La décision française de novembre dernier confirmée en avril 2017, est à la base de la décision prise en avril par Ubisoft d’ouvrir d’ici ce mois un studio à Bordeaux, après Montreuil, Lyon, Montpellier et Annecy. Ce studio accueillera cinquante employés, dont dix seniors, en provenance des autres studios pour encadrer son lancement et son bon fonctionnement. La décision est d’autant plus significative qu’Ubisoft, 3e plus gros éditeur de jeux vidéo au monde, n’avait pas ouvert de nouveau studio en France depuis vingt ans.

Ce nouveau studio d’Ubisoft devrait profiter de sa proximité avec la formation aux métiers du jeux vidéo dispensée par l’Enjmin à Angoulême et de la nouvelle liaison TGV qui reliera Paris à Bordeaux en deux heures depuis juillet 2017.

Cette ouverture répond également aux critiques sur son manque de soutien à la production nationale. Après la décision prise par l’Assemblée nationale française en novembre 2016, Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, avait déjà annoncé le recrutement de 500 et 1 000 personnes supplémentaires au cours des dix prochaines années en France (Source : http://www.lepoint.fr/pop-culture/jeux-videos/pourquoi-ubisoft-ouvre-un-studio-de-jeux-video-a-bordeaux-21-04-2017-2121473_2943.php).

Le crédit d’impôt est donc un jeu gagnant tant au Québec qu’en France pour Ubisoft.

Classé sous :Médias et technologies, Opinions&Réflexions

Les historiens français : la construction d’une discipline académique (1800-2005) | Ressources numériques en histoire de l’éducation

2 septembre 2017 by Lyonel Kaufmann

Voici une publication qui intéressera les personnes travaillant sur la communauté historienne en France

Les données présentées ici sont le produit d’un travail réalisé dans le cadre du programme de la European Science Foundation : « Representations of the Past: The Writing of National Histories in Europe » : http://ift.tt/2wq3Qsh(link is external)

Il s’agit, dans l’ensemble des pays européens, de procéder à une comparaison quant aux modalités d’affirmation des communautés nationales d’historiens, tant sur le plan intellectuel et scientifique, que sur celui des pratiques et des institutions.

Cette dernière dimension a été prise en charge par l’équipe n° 1, dirigée par Ilaria Porciani (Université de Bologne), autour du thème « Institutions, réseaux et communautés ». Afin de permettre la réalisation d’un atlas comparatif, un ensemble de bases de données ont été réalisées pour chaque pays européen. La compilation des  ainsi rassemblées sera mise en ligne sur le site de l’université de Leipzig, tandis que l’Atlas paraîtra en 2008 (Ilaria Porciani (University of Bologna) and Lutz Raphael (University of Trier) (eds), Atlas of the Institutions of European Historiographies 1800 to the Present, Mac Millan).
Nous vous proposons sur ce site les bases de données réalisées sur la France, dans une version synthétisée. Les données recueillies s’organisent autour de 5 thèmes principaux :
  • les historiens (positions institutionnelles)
  • les revues
  • les archives
  • les sociétés savantes et les académies
  • les associations
 Les modalités ayant présidé à la collecte des données sont expliquées dans la présentation de chacune des bases, mais également replacées dans le contexte plus général du projet, dans le texte de présentation paru dans Histoire de l’éducation, n° 113, 2007(link is external).
 Les bases de données sur les revues, les associations, les académies et les archives ont été réalisées par Emmanuelle Picard. Les bases de données sur les historiens (1800-1928) ont été réalisées par Anne-Françoise Pasquier-Loué ; les bases de données sur les historiens pour 1955, 1980 et 2005 par A.-F. Pasquier-Loué et E. Picard.
Pour citer cette ressource : Emmanuelle Picard (dir.), «Les historiens français : la construction d’une discipline académique (1800-2005)», mars 2009 [en ligne] http://ift.tt/2wpJwqS (consulté le 31 Août 2017)
Auteurs : Anne-Françoise Pasquier-Loué, Emmanuelle Picard
Droits d’auteur : Creative Commons by-nc-sa 3.0 FR

Classé sous :Histoire savante Balisé avec :Evernote, IFTTT

Qu’est-ce que l’Histoire publique (Public History) ?

17 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Invité à l’occasion de la 4e Conférence annuelle la Fédération internationale pour l’histoire publique (FIHP) à Ravene, Benjamin Brillaud, le Youtubeur de Notabene, nous présente à la fois la conférence, ses intervenants et la démarche de l’histoire publique. La vidéo est une bonne introduction sur le sujet de l’histoire publique.

Sa présentation de la vidéo vous intéressera également :

Fort heureusement, vous vous êtes trompés 🙂

Si l’Histoire, en tant que discipline, peut souffrir d’une image parfois encore poussiéreuse, il y a néanmoins de plus en plus d’acteur du secteur de l’Histoire qui œuvrent collectivement pour transmettre l’Histoire de manière plus efficace au public sans sacrifier la rigueur qui lui est dû.

Dans cet épisode un peu particulier, je tenterai de vous montrer ce qu’est l’Histoire publique et pourquoi c’est important à notre époque. Nous verrons ensemble si elle peut trouver un écho en France et si les historiens français sont prêts pour ça.

Pour en savoir un peu plus sur la Conférence : 4th IFPH Annual Conference Program – Ravenna, Italy, 5-9 June 2017. Vous pouvez en apprendre plus sur la fédération internationale d’Histoire publique à travers son blog : http://ifph.hypotheses.org/.

Concernant une définition de l’Histoire publique, je vous invite à lire ce compte-rendu de Serge Noiret : Définir le champ de l’Histoire Publique Numérique, un atelier à THATCamp Paris 2015.

Je vous invite également à lire le blog Public History Weekly qui publie des contributions de divers horizons et de spécialistes internationaux relativement aux usages publics de l’histoire.

Concernant le premier master en Histoire publique ouvert récemment en France à université Paris-Est Créteil : http://www.u-pec.fr/pratiques/universite/formation/master-histoire-parcours-histoire-publique-644604.kjsp postuler : https://candidatures.u-pec.fr/ecandidat/#!accueilView. Vous pouvez aussi consulter le Carnet du master histoire publique de l’université de Paris-Est Créteil. Ce carnet présente les travaux des étudiants du master « Histoire publique » de l’université de Paris-Est-Créteil et interroge toutes les formes de savoirs historiques nées et diffusées en dehors du monde universitaire.

Source de l’image : http://www.sfasu.edu/publichistory/

Classé sous :Histoire active, sur le web

7 août 1945 – Journal d’Hiroshima de Michihiko Hachiya

7 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Dans ce livre publié en 1955 qui fit grand bruit alors, réédité en 2011 en France, un médecin japonais, Michihiko Hachiya, raconte les différentes étapes de l’après Hiroshima: les douleurs après l’explosion, l’incompréhension, la sidération, et l’entrée dans l’ère atomique. Plus de cinquante ans après, ce journal garde tout son intérêt sur la manière dont l’événement fut vécu par les habitant.e.s, les équipes médicales sur place et un témoignage également sur la manière dont la capitulation a été vécue.

« Quelle sorte de bombe avait détruit Hiroshima ? Que m’avaient dit mes visiteurs au cours de la journée ? De toute façon, cela n’avait pas de sens.

Il ne pouvait y avoir eu qu’un petit nombre d’avions. Même ma propre mémoire en convenait. Avant l’alarme aérienne, on avait entendu le son métallique d’un seul avion, pas plus. Sinon, pourquoi l’alarme se serait-elle interrompue ? Pourquoi n’avait-elle plus retenti au cours des cinq ou six minutes précédant l’explosion ?

J’avais beau raisonner, je ne parvenais pas à concilier ces faits avec l’anéantissement qui s’en était suivi. Peut-être s’était-on effectivement servi d’une arme nouvelle ! Plus d’un de mes visiteurs avait vaguement parlé d’une « nouvelle bombe », d’une « arme secrète » ou d’une « bombe spéciale ». Quelqu’un avait même dit que cette bombe se trouvait suspendue à deux parachutes au moment où elle avait éclaté ! Quoi qu’il en soit, cela dépassait ma capacité de compréhension. À des dégâts d’une telle ampleur, on ne pouvait donner aucune explication. Nous n’avions à notre disposition que des histoires aussi peu substantielles que les nuages insaisissables.

Une chose était certaine : Hiroshima était détruite, et avec elle l’armée qui y tenait garnison. »

Un jour après le bombardement, le journal du docteur Michihiko Hachiya indique l’incompréhension par rapport à l’événement qui s’est passé et son caractère entièrement nouveau.

Document précieux et authentique, le Journal d’Hiroshima propose une plongée inédite dans l’enfer que fut cette ville martyre, la découverte des effets de la bombe et la manière dont sera vécue la capitulation du Japon.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

Classé sous :Publications Balisé avec :39-45, Hiroshima

6 août 1945 – Journal d’Hiroshima de Michihiko Hachiya

6 août 2017 by Lyonel Kaufmann

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Dans ce livre publié en 1955 qui fit grand bruit alors, réédité en 2011 en France, un médecin japonais, Michihiko Hachiya, raconte les différentes étapes de l’après Hiroshima: les douleurs après l’explosion, l’incompréhension, la sidération, et l’entrée dans l’ère atomique. Plus de cinquante ans après, ce journal garde tout son intérêt sur la manière dont l’événement fut vécu par les habitant.e.s, les équipes médicales sur place et un témoignage également sur la manière dont la capitulation a été vécue.

« Il était tôt. La matinée était calme, chaude et belle. Tandis que je regardais pensivement vers le sud à travers les portes grandes ouvertes de la maison, des feuillages scintillants, reflétant la luminosité d’un ciel sans nuage, formaient un ravissant contraste avec les ombres du jardin. 


Vêtu d’un caleçon et d’un maillot de corps, j’étais étendu sur le sol du séjour, épuisé au sortir d’une nuit sans sommeil à l’hôpital, où j’avais été de garde pour parer à l’éventualité d’un raid aérien. 


Soudain, un puissant éclair de lumière me fit tressaillir, puis un second. On garde en mémoire de tels détails : je me souviens parfaitement d’une lanterne en pierre qui se mit à scintiller vivement dans le jardin, et je me demandais si cette lumière provenait d’un éclair de magnésium ou des étincelles causées par le passage d’un tramway. 


Les ombres du jardin disparurent. Le paysage, si brillant et ensoleillé un instant auparavant, devint sombre et brumeux. Au travers d’une poussière virevoltante, je pouvais à peine distinguer le pilier en bois qui soutenait un angle de ma maison. Il penchait excessivement et le toit vacillait dangereusement. 


Instinctivement, je tentai de fuir, mais des gravats et des poutres tombées au sol me barraient le passage. En me faufilant à tâtons, je réussis à atteindre le couloir, puis à sortir dans le jardin. Submergé par un immense sentiment de faiblesse, je m’immobilisai pour regagner mes forces. À ma grande stupeur, je découvris alors que j’étais complètement nu. Chose étrange ! Où étaient passés mon caleçon et mon maillot de corps ? 


Que s’était-il passé ? 


Tout le flanc droit de mon corps était lacéré et saignait. Un grand éclat de quelque chose saillait d’une plaie ouverte à ma cuisse, et quelque chose de chaud s’écoulait dans ma bouche. En la touchant délicatement, je m’aperçus que ma joue était déchirée et que ma lèvre inférieure pendait, béante. Un gros morceau de verre était fiché dans mon cou ; sans y penser, je l’en délogeai, et, avec le détachement d’un homme sidéré et en état de choc, je l’étudiai ainsi que ma main ensanglantée. »

Ainsi commence le journal du docteur Michihiko Hachiya. Ayant survécu à l’explosion, il se rend immédiatement à l’hôpital, dont il est le directeur. Il découvre une ville dévastée, jonchée de cadavres, d’hommes et de femmes brûlés au dernier degré agonisant lentement au milieu des décombres.

Dans une langue à la fois épurée et précise qui, malgré l’horreur, ne perd rien de son élégance et de sa pudeur, il raconte, jour après jour, les deux mois qui suivirent la catastrophe. Les morts bien sûr, mais aussi l’apparition de ces étranges symptômes que personne ne reconnaît et qui annoncent toujours une fin certaine et douloureuse. Face à la pénurie de nourriture et de matériel médical, à la souffrance des blessés, aux conditions de vie sordides, les médecins, les infirmières et ceux qui en sont capables font tout ce qu’ils peuvent pour soulager les très nombreux blessés et découvrir, avec les moyens du bord, l’origine de ce mal inconnu. Outre cet hommage à la formidable solidarité qui se tisse alors, le récit du docteur Hachiya est un témoignage historique incomparable sur les événements qui suivent l’explosion de la bombe – la capitulation du Japon, l’arrivée de l’armée d’occupation américaine… – et sur la façon dont la population japonaise les perçoit.

Document précieux et authentique, le Journal d’Hiroshima propose une plongée inédite dans l’enfer que fut cette ville martyre.

« Journal d’Hiroshima, 6 Aout – 30 Septembre 1945 » de Michihiko Hachiya, Simon Duran – http://amzn.eu/h4bnzwL

Lire le début du journal : http://www.tallandier.com/pdf/9791021010772.pdf

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