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Histoire Lyonel Kaufmann

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Publications

Lee Miller : Dans la baignoire d’Hitler (en 2 photos)

13 octobre 2024 by Lyonel Kaufmann

La scène peut paraître surréaliste, pourtant, elle est tout à fait authentique. Dans l’appartement abandonné d’Adolf Hitler à Munich, Lee Miller, une ancienne top model américaine devenue reporter de guerre se fait tirer le portrait dans la baignoire du dictateur. Et c’est un peu par hasard –quelques heures après le suicide du dictateur, le 30 avril 1945– qu’avec son acolyte David Scherman, elle tombe sur l’appartement privé d’Adolf Hitler à Munich.

Lee Miller (David E Scherman/Lee Miller archives, England 2014. All rights reserved)

Selon Antony Penrose, fils de Lee Miller, le portrait de la salle de bain était une image composée. Il a déclaré en 2014 au Telegraph :

« Je pense qu’elle levait deux doigts sur Hitler. Sur le sol se trouvent ses bottes, couvertes de la saleté de Dachau, qu’elle a bafouée sur tout le sol de la salle de bain d’Hitler. Elle dit qu’elle est la gagnante. »

En effet, Lee Miller suivait les troupes américaines dans leur libération de l’Europe et elle a réalisé l’une des premières images révélant la violence de la Shoah, avec une photo montrant deux soldats examinant un camion dont le coffre est rempli de cadavres entassés.

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Prisonniers libérés à Dachau se dépotant dans la décharge. © Lee Miller Archives, Angleterre 2024. Tous droits réservés. www.leemiller.co.uk

Durement marquée par la guerre, Miller passera, selon son fils, les années suivant la guerre « dans une misère de dépression et d’abus d’alcool ». Il faut relire ses récits évocateurs sur la guerre dans ses reportages réalisés pour Vogue.

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Le 30 avril 1945, jour du suicide d’Adolf Hitler, Lee Miller, jouée par Kate Winslet dans le film, organise une séance photo dans la salle de bain du domicile de Führer à Munich. Une photo qui deviendra iconique. [Ascot Elite Entertainment]

On peut aussi la retrouver en salle de cinéma, Lee Miller est en effet ressuscitée dans un biopic, sorti le 9 octobre et coproduit par Kate Winslet. L’actrice incarne avec passion l’une des premières femmes photographes de guerre, artiste libre, enragée et provocatrice qui immortalisera les horreurs des camps de concentration.

A lire :

– https://www.bbc.com/culture/article/20140903-in-hitlers-bathtub

– https://www.rts.ch/info/culture/cinema/2024/article/kate-winslet-monte-au-front-dans-lee-miller-un-biopic-poignant-28657895.html?rts_source=rss_t

– https://www.nationalww2museum.org/war/articles/lee-miller-witness-concentration-camps-and-fall-third-reich

Classé sous :Histoire active, Nouvelles de l'histoire, Publications

Un journal par des réfugiés, pour des réfugiés

26 juin 2024 by Lyonel Kaufmann

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La fin de la Seconde Guerre mondiale vit paraître en Suisse un journal qui, bien qu’interdit de diffusion publique, circula dans tout le pays. Il était rédigé dans les camps d’internement des réfugiés.

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Couverture d’Über die Grenzen par Hans Erni, octobre 1945. Reproduction de l’original, Ascona 1988.

Über die Grenzen était un journal par des réfugiés, pour des réfugiés. Nullement placardée, indisponible en kiosque, cette gazette des émigrants était malgré tout diffusée dans tout le pays. «Nous avions jusqu’alors le droit de penser ce que nous voulions écrire; nous voulons désormais écrire ce que nous pensons», affirme un rédacteur en novembre 1944 depuis le camp d’internement de Wallisellen, en guise d’introduction de la première édition. Ses auteures et auteurs étaient dispersés dans toute la Suisse, car le système des camps de travail et d’internement avait réparti les plus de 40 000 réfugiés tolérés par la Confédération, pour la plupart apatrides, dans toutes les régions et vallées du pays.

La suite : Un journal par des réfugiés, pour des réfugiés | Le Blog du Musee national suisse

Catégories : #Histoire

Tags : #HistoireSuisse #39–45

Classé sous :Publications

Georg Kreis, Blicke auf die koloniale Schweiz. Ein Forschungsbericht

7 juin 2024 by Lyonel Kaufmann

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Divisé en 10 chapitres, ce Rapport de recherche présente chronologiquement tout ce que la science historique suisse a écrit sur l’activité des Suisses et de la Suisse en contexte colonial au cours des dernières décennies, en remontant parfois jusqu’au XIXe siècle.

Georg Kreis.
Georg Kreis.

La présentation de l’éditeur (traduite)

Suivant une tendance transnationale, les activités coloniales et les participations de la Suisse à l’esclavage sont récemment devenues des sujets très médiatisés. Au cours des trois dernières décennies, de nombreuses études spéciales ont été publiées, qui ont reçu beaucoup d’attention par les médias. Il est temps d’avoir une vue d’ensemble de l’état actuel de ce domaine de recherche.

Les travaux montrent dans quelle mesure la Suisse, bien qu’elle ne soit formellement pas une puissance coloniale, a un passé colonial et continue d’agir sur les sites contaminés de cette période. L’auteur s’interroge sur les motivations qui ont déterminé l’étude de la problématique coloniale et donne un aperçu de la littérature publiée au cours des trois dernières décennies.

Lien : [Blicke auf die koloniale Schweiz][

Ein Forschungsbericht](https://www.chronos-verlag.ch/node/28545)

Extrait de compte-rendu réalisé par Filippo Contarini

Certaines voix critiquent l’approche postcoloniale comme étant simpliste (p. 12, 52). D’autres affirment qu’elle a un arrière-plan puritain (p. 55). Je pense plutôt que nous assistons à une certaine « juridicisation » de l’histoire (comme c’est également le cas avec le mouvement #MeToo). Le colonialisme est repensé comme une activité criminelle (p. 54, 184). Cela permet de distinguer clairement les rôles de victime et d’agresseur (p. 28). L’historienne n’agit plus comme un juge (Ginzburg), mais plutôt comme un procureur qui écoute la victime afin de débusquer le coupable. L’historiographie est ainsi légitimée, d’une part, pour enquêter sur les dispositifs mis en place pour oublier les méfaits, qui provoquent l’amnésie des événements coloniaux (p. 108, 113, 172), et d’autre part, pour s’opposer aux structures de pouvoir fondées sur l’héritage économique, en soutenant que l’héritage des crimes suisses désavantage toujours les victimes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe (p. 108). Grâce à cette lecture, Kreis peut expliquer que la Suisse a une responsabilité historique, même si elle n’était pas une puissance coloniale : en tant qu’institutions étatiques, les cantons et puis la Confédération ont omis d’édicter des règles interdisant aux Suisses de perpétrer leurs crimes (p. 173).

Lien : Filippo Contarini, « Georg Kreis, Blicke auf die koloniale Schweiz », Revue de l’IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 23 mai 2024, consulté le 06 juin 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/13507 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11pqs

Tags : #HistoireSuisse #colonialisme #esclavage

Classé sous :Publications

La révolution des œillets vue de Suisse | Dodis

24 avril 2024 by Lyonel Kaufmann

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«Il n’aura fallu que quinze heures pour que s’écroule, sans qu’un coup de feu ait été tiré, un régime qui allait atteindre son demi-siècle d’existence», résume l’Ambassadeur de Suisse à Lisbonne, Jean-Louis Pahud, dans son rapport à Berne (dodis.ch/39053). Le 25 avril 1974, un groupe de militaires opposés à la poursuite des guerres coloniales et à la dictature fait chuter pacifiquement le régime de Salazar. Dans une Europe en pleine guerre froide, les événements du Portugal sont scrutés partout.

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Des Portugaises et des Portugais montent sur un char pendant la révolution des œillets.

Coup d’État ou révolution ?

Pour Berne, la question la plus préoccupante suite à ce putsch est de savoir s’il s’agit d’une réorganisation à la tête de l’État entre faction ou si le MFA risque de perdre le contrôle des événements et le Portugal d’être emporté dans une révolution. La crainte de la prise du pouvoir par organisations marxiste est très vive pendant tout le processus constitutionnel, bien que le Parti communiste participe au projet légaliste ensemble avec les autres composantes du mouvement (dodis.ch/39055).

Mais en parallèle de la crise politique, le Portugal s’enfonce également dans une importante crise économique à partir de la fin de l’année 1974 (dodis.ch/39059). Face au risque de révolution, les pays occidentaux préparent des mesures d’aide économique, à travers la CEE mais aussi l’AELE, auxquelles l’administration suisse décide de ne pas s’associer dans un premier temps, sous pression du Vorort qui est inquiet du traitement des entreprises suisses sur place (dodis.ch/39060). Finalement, en septembre 1976 le Parlement accepte la participation de la Suisse au Fonds de développement industriel mis en place par l’AELE (dodis.ch/48596).

Cet e-dossier sur la révolution des œillets intervient dans le sillage du séminaire organisé par l’Ambassade du Portugal à Berne et Dodis le 21 novembre 2023 (dodis.ch/W30629) et à la parution de deux ouvrages sur les relations bilatérales de la Suisse avec le Portugal et ses anciennes colonies:

Reto Monico, Regards suisses sur la révolution des œillets: les rapports secrets de l’Ambassade à Lisbonne (1974–1976), Lisbonne ; Genève, 2023.

Sabina Widmer, Switzerland and Sub-Saharan Africa in the Cold War, 1967–1979, Leiden; Boston, 2021.

Lien : Le dossier des Documents diplomatiques suisses (Dodis)

Classé sous :Histoire savante, Publications

Auguste Forel : Tombé de son piédestal | Blog musée national suisse

19 avril 2024 by Lyonel Kaufmann

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L’avant-dernier billet de mille francs arborait le portrait d’Auguste Forel, éminent chercheur considéré comme une icône de la science et un symbole national. Cette figure de héros stylisée n’a toutefois pas résisté à une enquête plus approfondie. Le blog du Musée national suisse consacre un très intéressant article à la figure et à la place d’Auguste Forel.

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Le portrait d’Auguste Forel figurait au recto du billet de mille francs mis en circulation en 1978.Musée national suisse

Le portrait d’Auguste Forel, une figure scientifique suisse, ornait le billet de mille francs, symbolisant son statut d’icône nationale. Cependant, une enquête approfondie révéla des aspects problématiques de sa personnalité. Forel, célèbre pour ses contributions à la psychiatrie et à l’entomologie, fut un adepte du darwinisme social, considérant que les processus sociaux étaient influencés par des facteurs biologiques. Ses idées comprenaient des notions d’hygiène raciale, d’eugénisme et même d’euthanasie. Malgré ces aspects controversés, Forel était célébré et honoré, mais au fil du temps, des voix se levèrent pour remettre en question son héritage. En 1986, son buste fut volé puis retrouvé sur un marché aux puces, symbolisant un rejet croissant de son admiration. Des débats éclatèrent à l’université sur la manière de reconnaître son passé tout en critiquant ses idées. Finalement, le buste fut retiré et placé dans un entrepôt, marquant la fin de son adulation inconditionnelle. Ce débat stimula une réflexion profonde sur l’histoire de la psychiatrie en Suisse et la reconnaissance des injustices passées.

L’article : Tombé de son piédestal | Blog du Musée national suisse

Classé sous :Histoire savante, Opinions&Réflexions, Publications

Si Rome n’avait pas chuté | Raphaël Doan

20 février 2024 by Lyonel Kaufmann

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Présentation de l’éditeur

Demain, serons-nous remplacés par des robots ? Cette crainte est renforcée par le développement sans précédent des intelligences artificielles. Certaines sont déjà capables de générer du texte, des images, bientôt de la musique et des vidéos. Et si, au lieu de se détourner d’une nouvelle technologie, les historiens essayaient de se l’approprier pour la mettre au service de leur matière ? C’est le pari fou d’un des historiens de l’Antiquité les plus talentueux de sa génération, Raphaël Doan, déjà auteur de plusieurs livres récompensés par des prix prestigieux. Passionné par les évolutions technologiques, il s’est plongé dans le dernier état de la recherche en « IA générative » afin d’en tirer le plus grand profit pour dominer la machine, et comprendre comment l’histoire pouvait s’articuler avec ces nouveaux outils. De cette expérience est né ce livre saisissant, Si Rome n’avait pas chuté, une uchronie sur un Empire romain bénéficiant d’une révolution industrielle avant l’heure. Le scénario a été imaginé et pensé par l’historien, mais l’écriture et les illustrations ont été, sous sa direction, réalisées par différentes intelligences artificielles. L’ouvrage est précédé d’une longue introduction où l’auteur explique la façon dont il a travaillé, dévoile les ombres et lumières de ces nouveaux logiciels, les raisons pour lesquelles il faut parfois s’en méfier, mais aussi celles pour lesquelles tout nous invite à s’en saisir afin de les mettre à notre service.

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« Vue d’artiste de l’un des premiers chars à vapeur militaires ». Légende et image générées par une IA pour le roman « Si Rome n’avait pas chuté ». © Raphaël Doan / Passés/composés

L’avis de RTS Culture:

Sur de nombreux points, les propositions du texte peuvent sembler frustrantes et superficielles, par exemple quand GPT annonce que le progrès technique amène à l’émancipation des femmes, sans articuler en rien la relation entre évolution technique et conscience politique, donnant pour acquis que l’une entraîne l’autre – et ici, l’auteur humain ne nous éclaire pas. Ou quand Raphaël Doan choisit de ne pas interroger la crise de la civilisation industrielle (entre épuisement des ressources et réchauffement climatique).

[…]

Mais il faut le reconnaître: ces frustrations de lecture s’avèrent ainsi, en même temps qu’agaçantes, franchement stimulantes par les questions qu’elles ouvrent. Tandis que les commentaires de Raphaël Doan ne cessent de nous interroger à la fois sur l’Antiquité et sur notre époque. Jusqu’à nous faire nous demander, avec Yourcenar et son Hadrien, si Rome, splendide et esclavagiste, éprise de morale et corrompue, a vraiment chuté – ou si elle ne s’est pas simplement métamorphosée, et continue de se métamorphoser dans notre civilisation.

Pour son nouveau livre, Raphaël Doan a employé l’intelligence artificielle GPT

Références:

ISBN 979-1-0404-0386-9

Edition Passé composés
Parution 03/05/2023
Pagination 160 pages
Format 165 x 240
Prix 20 €

Pour acheter/commander l’ouvrage : https://passes-composes.com/book/370

Classé sous :EdNum, histodons, Humanités Digitales, Publications

Du Sang dans la clairière, une nouvelle façon de présenter la trajectoire du groupe Manouchian en BD – Cases d’histoire

5 décembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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21 février 1944, Marcel Rajman meurt fusillé par les Allemands en compagnie de ses camarades du groupe Manouchian. Résistants recherchés par les polices allemandes et françaises, ces hommes et ces femmes n’ont cessé de harceler les forces d’occupation depuis 1942. L’histoire n’est pas inédite en bande dessinée, mais avec Du Sang dans la clairière, Tal Bruttmann et Antoine Grande apportent un regard d’historien et nous entrainent dans une réflexion intéressante sur ce que peut être la BD historique.

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A noter qu’en 2014, Le Lombard a publié l’excellent Vivre à en mourir de Jeanne Puchol et Laurent Galandon, qui développe peu ou prou la même histoire.

Concernant le dessin, Cases d’histoire note que celui-ci est inhabituel pour une bd historienne :

Très cartoonesque, il ne cherche par la réalité objective, mais la vraisemblance.

Concernant les auteurs, Cases d’histoire note aussi leurs singularités

A la différence de beaucoup d’historiens qui s’essaient au scénario, Antoine Grande, directeur du musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, et Tal Bruttmann, spécialiste du nazisme et de l’histoire de l’extermination des juifs d’Europe, ont choisi de rester loin de la BD historienne. Pas de dialogues explicatifs à rallonge mais un naturalisme qui rend les résistants très humains et proches du lecteur. Ce ne sont pas des objets d’Histoire mais les personnages d’une histoire. A la suite du dessin d’Efix, ils savent se faire discrets et n’insistent ni sur les détails, de décor, d’armes ou d’uniformes, ni sur les citations iconographiques trop voyantes. L’intrigue est assez forte pour tenir toute seule.

Pour Cases d’histoire

Traditionnellement, les auteurs cherchent à dessiner au plus près de la réalité, mais ces cases démontrent que c’est l’histoire, au sens du romanesque, et son écriture qui fait la réalité (historique) d’une bande dessinée historique.

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(c) Efix, Tal Bruttmann et Antoine Grande. Éditions Ouest France

Ainsi, à propos de la rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942 figurant dans l’album, Cases d’histoire souligne à propos du dessin et de la qualité de l’écriture du scénario :

Encore une fois, la qualité d’écriture permet aux auteurs de raconter ce qui se passe en quelques pages. Le dessin d’Efix donne là toute sa force. Les bâtons blancs, inquiétants, qui brillent dans la nuit, les silhouettes noires des policiers, suffisent à indiquer terreur et importance de l’opération. Les yeux blancs écarquillés des victimes disent toute la peur et le désespoir de ces familles. Le dessin “cartoonesque” est aussi capable de communiquer l’horreur.

Pour Cases d’histoire, Du Sang dans la clairière « peut servir d’exemple à beaucoup de bandes dessinées historiques ».

Lire l’article de Cases d’histoire : https://casesdhistoire.com/du-sang-dans-la-clairiere-une-nouvelle-facon-de-presenter-la-trajectoire-du-groupe-manouchian-en-bd/

*Du sang dans la clairière – Mont Valérien 1941-1944*. Tal Bruttmann et Antoine Grande (scénario). Efix (dessin, couleurs). Éditions Ouest France. 90 pages. 19,90 euros. Cet album est réalisé sous l’égide du Mémorial du Mont Valérien.

Classé sous :histodons, Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Outils enseignement, Publications Balisé avec :39-45, BandeDessinée, France, Histoire

Tous les récits du monde – La Vie des idées

17 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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Sebastian Conrad, professeur d’histoire globale à la Freie Universität de Berlin, est spécialiste d’histoire intellectuelle et a notamment travaillé sur l’Allemagne et le Japon. Ses éclairages sur les liens entre le nationalisme allemand et la mondialisation ont largement renouvelé l’histoire nationale. Et c’est en praticien confirmé de l’histoire globale qu’il a proposé, en 2016, l’ouvrage What is Global History ?, analyse remarquée du phénomène historiographique et de ses multiples ramifications (une première version avait été publiée en allemand dès 2013). Aujourd’hui traduit en français, l’ouvrage permet de dresser un panorama qui demeure très actuel des promesses et des apories de l’histoire globale. Didactique, appuyé sur des exemples éclairants qui montrent bien les apports de telle ou telle enquête et ses inscriptions historiographiques, Qu’est-ce que l’histoire globale ? apparaît comme une sorte de guide de voyage dans les méandres de l’histoire globale.

Sebastian Conrad, Qu’est-ce que l’histoire globale ? Paris, Nouveau Monde éditions, 2023, 280 p., 20,90 €.

Le compte rendu de l’ouvrage par La Vie des idées : https://laviedesidees.fr/Tous-les-recits-du-monde

Classé sous :Histoire savante, Publications

Ouvrage : Aux Origines du Roman National –  Margot Renard 2023

18 avril 2023 by Lyonel Kaufmann

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Renard. M- (2023). Aux Origines du Roman National. La construction d’un mythe par les images, de Vercingétorix aux Sans-Culottes (1814-1848). Paris: Mare et Martin, 302 pages

L’ouvrage examine la manière dont s’est construit le roman national français et le rôle que les images y ont joué dans la première moitié du XIXe siècle. La nécessité d’unifier la nation en réconciliant les Français s’impose après les troubles révolutionnaires. L’histoire nationale fournit aux peintres et aux illustrateurs un répertoire de nouveaux sujets se substituant à l’histoire antique, à l’histoire sainte ou à la mythologie. De Saint Louis rendant la justice sous son chêne au ralliement au panache blanc d’Henri IV, en passant par le Serment du Jeu de Paume, tout un catalogue d’épisodes héroïques sert à construire un imaginaire national. Ce livre entend donc revenir sur les origines de cette construction imagée qui au XIXe siècle contribue à forger une mémoire partagée, dont les représentations, les enjeux comme les stéréotypes sont encore vivaces aujourd’hui.

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A partir d’un corpus constitué d’éditions illustrées de différents ouvrages historiques, Margot Renard montre comment, par l’image, s’est fabriqué un récit national postrévolutionnaire, dans le contexte de la monarchie constitutionnelle (1814-1848). La période est celle du questionnement sur les origines, dans une lecture progressiste de la part d’historiens qui construisent un référentiel commun. Le texte et l’image jouent alors de l’imaginaire identitaire, autour d’une nouvelle historiographie marquée par des auteurs comme Augustin Thierry, Prosper de Barante ou Adolphe Thiers.

L’autrice montre comment le récit et les illustrations se répondent, exposant une « vision spectaculaire » des événements, mise en scène par l’iconographie : « Les illustrateurs de ces histoires de la Révolution Française ont tenté d’en offrir une vision satisfaisant à la fois au désir de divertissement et à l’exigence d’exactitude que les historiens mettent en place dans les années 1820-1830 ». 

A côté de la Révolution Française, la quête des origines donne lieu à des publications majeures, à l’image des Récits des temps mérovingiensd’Augustin Thierry (version illustrée en 1866), succès d’édition, où les méconnaissances historiques sont comblées par un imaginaire fantasmé, fait de rites sanglants et de progrès vers la civilisation. Les Francs deviennent les « figures majeures du récit national » et l’auteur « fait des Gaulois et des Francs les ancêtres du Tiers-Etat et de la noblesse ».  

Margot Renard analyse également le rôle des images dans la pédagogie et dans la création d’une culture visuelle commune. Le choix de l’apprentissage par l’image, dès avant les manuels scolaires illustrés célèbres de la Troisième République, est très fort au cœur du XIXe siècle. 

Source : L’histoire de France par les images au XIXe siècle | non-fiction.fr

Classé sous :Histoire savante, Publications

Parution : A Coups de cases et de bulles. Les violences faites aux femmes dans la bande dessinée (dir. F. Chauvaud, L. Bodiou, J.-Ph. Marti, H. Morel) | LPCM

14 janvier 2023 by Lyonel Kaufmann

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blankLydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Jean-Philippe Martin et Héloïse Morel, A Coups de cases et de bulles. Les violences faites aux femmes dans la bande dessinée, Rennes, PUR, 2023.

Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang.

Les récits graphiques regorgent de femmes victimes de violences les plus diverses : mariages forcés, humiliations, agressions physiques, viols. Des bandes dessinées relèvent du témoignage et de la littérature du réel, d’autres appartiennent au registre de l’imaginaire, mais toutes traitent d’un fléau universel, parfois en une seule case, d’autres fois en plusieurs planches. La visée du présent ouvrage est d’inverser les perspectives communes, de montrer que les femmes ne sont pas enfermées dans la catégorie des femmes aguicheuses, ni dans celle des faire-valoir, ni non plus dans celles des seules victimes. En effet, même humiliées, brutalisées, martyrisées, elles conservent leur dignité ou leur fierté.

La deuxième partie de l’ouvrage (Historisation et fictionnalisation) est plus particulièrement consacrée à la bande dessinée historique. On y trouve un chapitre sur les violences faites aux femmes romaines dans la bande dessinée historique et un autre sur les collaboratrices en France sous l’Occupation au miroir de la BD. Il y a aussi un chapitre centré sur la question du harcèlement sexuel dans les bandes dessinées et les mangas dans une approche comparative (1970-2000). Il faut noter également dans la première partie un chapitre consacré au corps malmené d’Adèle Blanc-Sec dans les nuits parisiennes de la Belle Époque.

Source : Parution : A Coups de cases et de bulles. Les violences faites aux femmes dans la bande dessinée (dir. F. Chauvaud, L. Bodiou, J.-Ph. Marti, H. Morel) | LPCM

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Publications

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“Groom” : les auteurs de “Spirou” veulent décrypter l’actu en BD pour les ados | Télérama

16 janvier 2016 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Décrypter l’information en BD, c’est le pari de Groom. Emanation du magazine Spirou et destiné prioritairement aux 8-14 ans, ce semestriel dont le premier numéro a été tiré à cinquante mille exemplaires, vient tout juste d’arriver en kiosque. Attentats parisiens, crise des réfugiés, rapprochement Cuba-Etats-Unis, Dieselgate : ce cousin du Petit Quotidien et de La Revue Dessinée qui […]

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Revue de presse : Que retenir du XIXème siècle ? Au-delà des clichés, les possibles. | aggiornamento hist-geo

30 mars 2013 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

«Le récit du XIXe siècle n’est pas celui d’une « légende dorée » qui se caractérisait par des marches inexorables vers la République ou le progrès économique et social, ni celui d’une « légende noire », réduite à l’oppression des ouvriers et des indigènes. Au lieu d’édifier les élèves, notre métier est de les initier […]

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Québec : Enseignement de l’histoire au secondaire: la réforme est reportée

13 mai 2016 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La réforme de l’enseignement de l’histoire du Québec et du Canada au secondaire n’aura pas lieu à l’automne prochain comme prévu, a confirmé le ministère de l’Éducation, jeudi. Au lieu de cela, le ministère effectuera des changements au programme pour qu’il reflète mieux les minorités culturelles et linguistiques de la province, selon une source au […]

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