Et si Denys le Petit, ce moine du VIème siècle à qui l’on doit l’invention de l’ère chrétienne, avait choisi d’adopter l’ère de la Passion et non celle de l’Incarnation pour faire débuter notre ère? Alors notre chronologie s’en trouverait décalée de 33 ans.
« A ce jeu, le XIXème siècle perd les guerres napoléoniennes, la Restauration, Stendhal, Hegel, Goethe, Keats, Byron, qui tous rejoignent un très convaincant siècle des Lumières. Celui-ci comprend enfin le romantisme : Rousseau, Chateaubriand et Musset se situent du même côté de la cassure, sans qu’il soit nécessaire aux exégètes de l’histoire littéraire d’ergoter interminablement. Evidemment, ce que le XIXème siècle perd d’un côté, il le récupère de l’autre : la Grande guerre bien entendu … et du côté culturel : Joyce, Proust, Kafka, Schoenberg, Freud, Einstein. Ainsi décalé d’un tiers, le XIXème siècle devient le grand siècle moderniste et révolutionnaire, englobant largement 1848 et 1917, faisant la part belle aux avant-gardes politiques et esthétiques »
Patrick Boucheron dans L’entretemps (135 pages, 13 euros, Verdier),
via Patrick Boucheron, un historien qui bouscule les siècles | La république des livres.