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Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris
La projection sur la Piazza Grande de Locarno du film de Daniel von Aarburg «Hugo Koblet, pédaleur de charme» donne l’occasion à André Crettenand de répondre à question : Qu’est-ce qu’un héros suisse?
Dans ce cadre-là, Hugo Koblet déteint par rapport aux héros magnifiés au 19e siècle pour, selon la jolie formule d’André Crettenand, «faire une nation avec des confettis d’Etat»:
ce qui est remarquable, c’est la célébration nouvelle de la star si peu suisse au fond, réussissant sans travailler, dépensier, volage mais si généreux, charmant, bon camarade et amoureux de la vie.
Pour André Crettenant, il ne fait aucun doute que le film est déjà promis au succès. Ne serait-ce que par le contraste avec Ferdi Kübler, l’autre champion suisse du vélo de ces années-là plus proche que Kublet de l’imaginaire du héros national suisse attendu.
L’affirmation de Koblet comme héros national décalé par rapport aux héros nationaux du 19e siècle s’inscrirait parfaitement dans les observations plus générales faites concernant l’évolution des héros nationaux occidentaux. Ainsi, à propos de la figure de Luther et de son traitement au fil des différentes commémorations protestantes en Allemagne, Yves Bizeul ((Bizeul Y. (2010). Le Huguenot résistant et Luther, le colosse aux pieds d’argile. In Cottret B. & Henneton L. (dir). Du bon usage des commémorations. Histoire, mémoire et identité XVIe-XXIe siècle. Rennes: Presses universitaires, p. 67)) note-t-il
il faut bien voir que l’humanisation des anciens héros et la reconnaissance de leurs faiblesses peuvent être des stratégies payantes dans une haute modernité qui vénère moins le «surhomme» goéthéen et nietschéen que l’homme en recherche, traversé de doutes, mais aussi capable de grandeur.
Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris.
Serge Daney, “Le travelling de Kapo”, Trafic, n°4, automne 1992, p. 15 Propos cités dans Crainte et tremblement- Serge Daney | Cinémadoc
Avons-nous à ce point espéré que ce qu’on n’appelait pas encore la Shoah était l’événement historique unique “grâce” auquel l’humanité entière “sortait” de l’histoire surplomber un instant et y reconnaître, évitable, le pire visage de son possible destin?
Une image pour la guerre | L'Atelier des icônes
Dans un court et brillant article, André Gunthert porte son regard et son analyse sur la dernière couverture du Time. Le portrait d’une jeune afghane Aisha actuellement aux Etats-Unis pour une opération de reconstruction faciale.
André Gunthert l’a met notamment en relation avec un autre portrait d’une Afghane désormais célèbre réalisé par Steve McCurry et pris en 1984. En 2002, le photographe avait d’ailleurs retrouvé la jeune fille et cela avait donné lieu à ce double portrait:
Il constate au propos du portrait d’Aisha et concernant notre trouble devant cette image que
Alors que l’image de la victime féminine est habituellement utilisée comme symbole pour dénoncer le conflit, celle-ci sert à l’inverse à légitimer la poursuite de l’occupation.
Ce retournement du schéma explique l’autre différence essentielle de cette icône: au lieu d’une photographie de reportage prise sur le vif, il s’agit d’un portrait soigneusement posé (réalisé par Jodi Bieber pour le magazine), comme celui d’un mannequin ou d’une célébrité, qui rend plus affreux encore le contraste entre la mise en scène de la beauté et la blessure ouverte.
Sources:
- Le billet d’André Gunthert: Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes.
- L’histoire des photos de Steve McCurry: Afghan Girl
Revue de presse (4 août 2010)
“Who are the most memorable fictional history teachers in film, television, and novels?” On attend vos réponses!
Le président des Jeunes socialistes suisses, Cédric Wermuth, propose de célébrer la Fête nationale le 12 septembre
A quoi ont-ils pensé les Walter Fürst, Werner Stauffacher et Arnold von Melchtal en s’élançant ce 1er août 1291 en direction de la pairie du Rütli (Grütli) ?
L’auteur de ce blog, Marion, après une licence en en biologie et géologie, suit un Master de Journalisme scientifique. Avec une très belle plume et une sérieuse pointe d’humour, elle tient ce blog qui accueille des textes, nous dit-elle, « sur tout ce qui est « poussiéreux » (archéologie, paléontologie, histoire des sciences) mais aussi sur l’évolution, l’ethnologie, la nature ou la technologie ; avec un petit faible pour la photo, le graphisme et les sujets «art et science»… »
C’est drôlement bien fait de l’habillage du blog au contenu des articles. Il sera très utile aux enseignant-e-s en charge de l’étude de la préhistoire.
Une étude récente indique que la concentration des activités, du moins en ce qui concerne le par coeur, ne favorise en rien la mémoire à long terme. Par contre, la réactivation des connaissances a un effet positif sur la mémorisation. Dans une autre expérience, les chercheurs ont constaté une hausse des résultats après l’espacement des sessions d’étude. D’un point de vue pédagogique, cela souligne l’importance d’activer les connaissances antérieures.
Café histoire du 31 July 2010
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A publié « En 1929, au sommet de la guerre entre les journaux et les radio, les mêmes arguments et la même… ».
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http://www.youtube.com/watch?v=3Z2vU8M6CYI Beatles 3000 « Quand les singes prennent le thé
Comment la science fabrique des contes de fées | Pris(m)e de tête
Il y a peu, un beau conte de fées se trouvait […] dans tous les manuels scolaires. Une histoire touchante mais… fausse et biaisée. Dans une publication teintée d’humour, l’anthropologue et féministe Emily Martin décrypte avec précision les stéréotypes masculins et féminins utilisés en biologie de la reproduction. L’ovule est passif, fragile et dépendant, la menstruation est un échec de la reproduction et les ovaires voués à la dégénérescence. La femme est donc improductive et gaspilleuse de son stock d’ovules ! Au contraire, le spermatozoïde est fuselé, rapide, autonome, un petit bijou de technologie, et la spermatogenèse ne s’arrête jamais, renouvelant constamment les gamètes. En bref, les processus biologiques féminins apparaissent toujours moins dignes que leurs homologues masculins.
via Comment la science fabrique des contes de fées | Pris(m)e de tête.
Image: ntr23 sur Flick, licence CC
Film & Histoire : Le débarquement de Normandie
La pause estivale est l’occasion de rattraper ses retards en lecture de toutes sortes. Je vous proposerai donc quelques ouvrages ou lecture en ligne en lien avec le cinéma et l’histoire. Pour le reste, le site tournera très certainement au ralenti. Bon été!
Olivier Wieviorka est l’auteur en 2007 de l’Histoire du débarquement en Normandie – Des origines à la libération de Paris, 1941-1944. A proprement parler son propos n’est pas directement lié aux oeuvres cinématographiques telles Le Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan. Pourtant sa lecture en est un indispensable contrepoint.
En effet, le Jour J, cet événement sur lequel on pense tout savoir et auquel le cinéma semble avoir définitivement forgé une légende, fait l’objet d’un examen particulièrement critique de la part d’Olivier Wieviorka. L’histoire proprement militaire que reprend O. Wieviorka diffère de sa version cinématographique : au jour J, plutôt réussi et pas si meurtrier que cela, succède une épuisante campagne dans le bocage contre une armée allemande bien accrochée. Du 6 juin au 31 juillet, en effet, les armées alliées piétinant sur leurs objectifs eurent à subir des pertes considérables dans des combats rapprochés et brutaux.
Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines met aussi en évidence que
Pour la première fois, O. Wieviorka relève l’incidence élevée des pertes par dépression, automutilations, abandons de poste (25 à 33 % des pertes non fatales) et évoque la manière dont les services de santé improvisèrent une prise en charge de ces cas. L’issue viendra de la reprise des succès militaires, mais entretemps le sentiment que ces soldats anglais, canadiens ou américains, même expérimentés, n’allaient pas si souvent combattre la fleur au canon pour la démocratie et contre le nazisme, mais désespéraient souvent de revoir leur pays, s’est imposé au lecteur.
Nous sommes ainsi bien loin de John Wayne et plus proche de la chronique d’hommes ordinaires.
Pour la Revue d’historique des armées, l’ouvrage de Wieviorka
apporte une étude précise, détaillée et qui envisage le débarquement dans tous ses aspects : politiques, économiques, sociaux et diplomatiques. Mais cela reste avant tout un ouvrage d’histoire militaire.
Les comptes-rendus ou interviews:
- Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines
- Le compte-rendu de la Revue historique des armées
- l’interview en 2009 du journal Le Monde : Olivier Wieviorka : « Le débarquement est aujourd’hui présenté sous un jour moins triomphaliste »
Pour sa part, l’article fort complet de la Bataille de Normandie sur Wikipedia propose une bibliographie fort utile de cette bataille ainsi qu’une brève filmographie et une galerie de photographies. Bibliographie où l’ouvrage de Wievorka figure en bonne place.
Olivier Wievorka (2007). Histoire du débarquement en Normandie : des origines à la libération de Paris (1941-1944). Paris: Seuil (collection L’univers historique), 441 pages.
Presse US: la leçon d’histoire (et d’économie) de Google « La Social Newsroom
En 1929, au sommet de la guerre entre les journaux et les radio, les mêmes arguments et la même rhétorique employés contre Internet étaient utilisés contre la radio (…): Selon le professeur Gwenyth Jackaway, de la Columbia University, “ils clamaient que les valeurs culturelles (de la nation) étaient en danger si la radio l’emportait sur le travail des journalistes (papier). (…) Seuls les journalistes papier étaient compétents pour prendre soin et disséminer l’information dans le pays.