A l’issue d’une année d’usage personnel, je réfléchis à la transposition de cette expérience dans le monde de l’enseignement/apprentissage. Et là je suis forcé de constater que, malgré ses insuffisances, les choix des concepteurs, les promesses d’un véritable outil nomade à portée de la main se réalisent enfin.
Outils enseignement
e-Dossier: La Suisse, les réfugiés et la Shoah | dodis.ch
Les Documents diplomatiques suisses (dodis.ch) publient un dossier d’archives qui fera date relativement à l’histoire de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale
En effet, ce dossier retraee les relations internationales de la Suisse entre 1933 et 1945.
Pour les auteurs, le dossier doit permettre notamment de trouver des éléments de réponses aux questions suivantes :
- Etait-on au courant, en Suisse, de la politique d’extermination des nazis?
- Qui était informé? De quoi?
- Comment les autorités et la population ont-elles réagi face à la question des réfugiés?
- Comment la Suisse est-elle venue en aide aux victimes du régime nazi?
L’internaute y trouvera, par exemple, une série de documents intitulée « La Suisse, les réfugiés et la Shoah ». Le dossier devrait permettre aux enseignants de préparer la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste du 27 janvier. Cette journée commémore la libération par l’Armée rouge des survivants du camp d’Auschwitz le 27 janvier 1945.
Les documents désormais disponibles font notamment référence à l’introduction du « J » sur les passeports des juifs allemands en 1938, à la politique d’asile de la Suisse, aux informations en provenance du camp d’extermination d’Auschwitz et aux réactions en Suisse en 1944 ou aux mesures d’aide aux personnes internées dans les camps, en particulier à l’accueil des enfants à Buchenwald.
Un must.
Le site : e-Dossier: La Suisse, les réfugiés et la Shoah | dodis.ch.
03.02.2012 : Complément
Ce jour, le journal Le Temps consacre un article de Denis Masmejan très prenant concernant cette mise en ligne des Documents diplomatiques suisses : «Als wir in Birkenau ankamen…»
Les Hommes libres (Ismaël Ferroukhi) | Zéro de conduite
Cinq ans après Indigènes de Rachid Bouchareb, Ismaël Ferroukhi lève le coin d’un autre voile : le rôle des Maghrébins sous l’Occupation, et notamment dans la Résistance.
En s’appuyant sur des travaux d’historiens, les quelques archives et témoignages disponibles, le réalisateur du Grand Voyage (2004) fait revivre la communauté maghrébine de l’époque. Il montre le petit peuple des ouvriers parisiens réduits à la survie par l’Occupation, mais aussi quelques hommes d’exception comme Si Kaddour Ben Ghabrit, Recteur de la Mosquée de Paris qui, sous couvert de ses bonnes relations avec les autorités allemandes, réussit à aider des résistants et des juifs en les cachant dans les sous-sols de la Mosquée.
Les Hommes libres s’appuie sur un duo de comédiens : Tahar Rahim d’Un Prophète (Younes) et Michael Lonsdale en Ben Ghabrit.
Zérodeconduite.net consacre au film ce site pédagogique et ce dossier en Histoire. Si le dossier est de bonne facture, regroupe un riche dossier documentaire complémentaire et propose d’intéressantes activités pour les élèves, je regrette vivement qu’à aucun moment il ne travaille véritablement à partir d’une analyse des images et des spécificités du médium.
Source : Les Hommes libres – Un film de Ismaël Ferroukhi – Dossier pédagogique.
Léonard humaniste? | aggiornamento hist-geo
Alors que Les nouveaux programmes de 5ème et de Seconde accordent une place importante à l’étude d’un personnage emblématique de la période humaniste et de la Renaissance, Pascal Brioist (Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance, Université de Tours) mène l’enquête : Léonard de Vinci est-il soluble dans l’humanisme?
En ces temps où l’adjectif « humaniste » redevient à la mode en politique, la question « Léonard de Vinci était-il un humaniste ?» peut sonner comme une provocation. Pourtant, elle est totalement légitime si on accepte de la relire au crible de la définition que Léonard de Vinci donnait de lui-même : un homme sans lettres « omo sanza lettere ». En effet, comment un individu ne parlant ni le latin ni le grec, qui n’avait pu fréquenter l’université en raison de sa naissance illégitime, qui par conséquent ne connaissait les grands auteurs antiques que de façon indirecte, aurait-il pu prétendre au titre d’humaniste ? Dans l’antiquité, le terme de studia humanitatis s’appliquait, chez Cicéron ou d’autres auteurs, à un cycle de disciplines littéraires et morales. Souvenons nous qu’au XVe et au XVIe siècle, le terme désigne, dans l’argot estudiantin, les professeurs de grammaire et de rhétorique et par extension les étudiants de ces matières. Rien à voir, donc, avec Léonard puisque l’humanisme a pour base une pratique des lettres antiques. Cependant, comme la plupart des penseurs sont formés à cette discipline, il en découle pour eux une nouvelle façon de sentir et de penser influencée par la philosophie classique et caractérisée par la conviction que la philologie critique et l’étude des langues anciennes permettra de libérer l’homme.
A partir de ce constat, Pascal Brioist pose la question suivante : Quand l’idée d’un Léonard porte-drapeau de l’humanisme est-elle née ?
Au terme de son enquête qui le mène de la Renaissance au 20e siècle, il en arrive à la conclusion que «Faire de « l’homme sans lettres » un humaniste relève au mieux de l’approximation.
L’enquête que je vous invite à lire : Léonard humaniste? | aggiornamento hist-geo.
World War II in Photos | The Atlantic
Du 19 juin au 30 octobre 2011, le journal The Atlantic propose chaque dimanche une série de 20 épisodes retraçant la Deuxième guerre mondiale au travers de photographies. L’ensemble retrace le conflit chronologiquement et thématiquement.
Adolf Hitler décorant des membres des Jeunesses hitlérienne. Photographie prise devant le bunker de la Chancellerie à Berlin le 25 avril 1945 soit quatre jour avant le suicide d’Hitler (AP Photo)
Le tout forme un ensemble de photographies à la fois déjà connues et d’autres moins. Chacune est légendée. C’est une formidable banque de données utilisable en classe.
Voici la liste des sujets déjà publiés:
- Before the War
- The Invasion of Poland and the Winter War
- Axis Invasions and the Fall of France
- The Battle of Britain
- Conflict Spreads Around the Globe
- Operation Barbarossa
- Pearl Harbor
- The American Home Front in Color
- Daring Raids and Brutal Reprisals
- Internment of Japanese Americans
- Battle of Midway and the Aleutian Campaign
- The North African Campaign
- Women at War
- The Eastern Front
- The Pacific Islands
- The Allied Invasion of Europe
- The Fall of Nazi Germany
Source : World War II in Photos – Alan Taylor – In Focus – The Atlantic.
La mondialisation dans les années 1920 : le regard d’un Européen sur un fait banal, irréversible et «réflexible» | Histoire Globale
«Qu’est-ce qu’un document d’histoire globale ? La question est délicate et n’a guère été posée en France, où l’on s’est peu soucié jusqu’à présent d’éditer des manuels d’histoire globale, alors qu’il en existe en anglais depuis près de vingt ans (par exemple : Andrea & Overfield 1990). Le risque majeur est de prendre tout document et de tomber ainsi dans l’histoire universelle, dont on sait qu’elle est l’ornière de l’histoire globale. Il est donc évident qu’un choix raisonné s’impose, mais sur quels critères ? Car un autre risque surgit alors, celui d’une histoire œcuménique, qui serait une histoire représentative de l’humanité dans sa diversité, mais sans véritable problématique structurante, et qui ne serait ainsi qu’une variation sur le thème du « patrimoine mondial de l’humanité ».
[…] Au regard des difficultés précédemment énumérées, le premier document choisi ne présente pas de risques majeurs. Il s’agit d’un texte extrait d’un ouvrage de Francis Delaisi, Les Contradictions du monde moderne, paru à Paris en 1925. C’est une réflexion sur la « mondialisation ». Certes, le mot n’apparaît pas, même s’il a déjà été utilisé (Otlet, 1916), mais l’idée y est.»
La suite est un très intéressant exemple de démarche de travail, d’études de documents et de problématisation d’un concept.
Rentrée scolaire 2011 : twitter, tablettes et smartphones
Twitter, les tablettes et les smartphones sont en tête des préoccupations ou des tendances numériques de la rentrée scolaire 2011. Ces quelques articles vous permettront de faire un premier tour de la question
- Reportage sur des enseignants du primaire et du secondaire français qui utilisent Twitter avec leurs classes/élèves.
- Si l’on suit l’actualité des TIC, force est de constater que le développement rapide et mouvementé du marché des tablettes et des smartphones ne laissera pas longtemps le monde scolaire et universitaire indifférent. Non pas que ces nouvelles machines vont d’un seul coup révolutionner la pédagogie et renverser de leur chair les enseignants, mais parce que les discours sur, pour ou contre vont se multiplier, Sans prétendre à l’exhaustivité, Bruno Devauchelle dégage quelques questionnements, quelques points à prendre en compte.
- Depuis deux ans, Laurence Juin est devenue une référence incontournable concernant l’utilisation de Twitter en classe et plus particulièrement en classes professionnelles. Elle est très lucide sur les conditions et limites d’utilisation d’un tel outil en classe. Un article indispensable avant d’envisager l’utilisation de Twitter en classe.«Une grande vague de twittclasses s’annonce pour cette rentrée 2011/2012. Génial ! Mais Attention ! Terrain glissant ! Je lisais hier soir via Twitter que ce réseau social est un « outil pédagogique comme les autres » donc qu’il ne pose pas de problème apparent. Je répondrais au contraire que NON ! Ce n’est surtout pas un outil pédagogique. Qu’est ce que je raconte là puisque c’est la 3ème année que je l’utilise en classe?? Simple provocation mais qui vaut surtout pour précaution! Twitter est un réseau social ouvert, donc potentiellement dangereux comme tout ce qu’on peut trouver sur Internet. C’est aussi un outil qui pourrait être bientôt soumis à la publicité, qui peut être racheté (et donc par qui? ) etc. Si on veut un outil ultra sécurisé, il faut se tourner vers les ENT qui permettent des espaces clos et donc sécurisés, labellisés par l’Education nationale.»
- Trois questions ont été proposées lors de cette table-ronde organisée lors de la 7e université d’été à Ludovia:Quelles sont les implications de la multiplication des systèmes d’exploitation mais aussi des supports et des modes de consultation sur la production et l’utilisation des ressources numériques éducatives?Quelles sont les implications des nouveaux modes de distribution (arrivée des applications sur Androïd Market, Itunes,… propositions des éditeurs)?Quelles tendances, quelles attentes ? Ressources numériques éducatives libres ou propriétaires : où en est-on ? Tendances et attentes?
La Forêt de Brocéliande ou l’imaginaire au pouvoir | Le rendez-vous des voyageurs
Un reportage de RFI au coeur de la légende arthurienne et de la forêt de Brocéliande. Comme un petit air déjà de rentrée des classes et de magie. Dans tous les cas, c’est une invitation au voyage et aux rêves.
Les thèmes abordées :
- Une forêt de légende
- Des sites évocateurs
- Le centre de l’imaginaire arthurien
- Le magnétisme et l’ésotérisme de Brocéliande
- Pour l’amour des rapaces
- Brocéliande et les légendes locales
- Informations pratiques
Source : La Forêt de Brocéliande ou l’imaginaire au pouvoir | Le rendez-vous des voyageurs.
Si vous étiez enseignant, accepteriez-vous d'être ami Facebook avec vos élèves ?
La RSR revient sur la décision de l’Etat du Missouri d’interdire les relations numériques profs-élèves sur Facebook. L’occasion pour moi d’intervenir sur la question pédagogique et de répercuter les résultats d’un mémoire professionnel réalisé cette année par une étudiante de la HEP Vaud sur la question de l’utilisation de Facebook à des fins pédagogiques.
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A la question, l’Etat du Missouri apporte une réponse définitive : toute relation numérique exclusive entre élèves et enseignants sera interdite dès le 28 août. Seuls les profils de type » fans « , qui ne permettent pas d’envoyer des messages privés, comme ceux des entreprises seront tolérés. Objectif de cette loi: protéger les jeunes contre de potentielles agressions sexuelles de la part de leurs professeurs. Un texte très contraignant, bien loin des préoccupations des départements romands de l’instruction, alors qu’en Suisse tout comme aux Etats-Unis, profs et élèves se côtoient souvent sur le plus grand des réseaux sociaux.
Des difficultés d'enseigner le conflit israélo-arabe en France
Dans Rue89, l’historien Sébastien Ledoux et le sociologue Samuel Ghiles Meilhac décryptent la censure effectuée par les éditions Hachette, sous la pression d’organisations juives, se rapportant à une légende photographique dans son chapitre consacré à « L’ONU et la question palestinienne, 1947-1948 ».
Il donc aura suffi d’un mot, d’une phrase pour qu’une question d’histoire se retrouve censurée dans un manuel scolaire : « La Nakba. Les conquêtes de l’armée israélienne ont entraîné l’exode de près de 700 000 Palestiniens » (p. 139).
Dans la partie vocabulaire de ce chapitre, le terme Nakba était défini ainsi :
« Nakba : (“catastrophe” en arabe) expulsion de populations palestiniennes pendant la guerre israélo-arabe de 1948. »
Pourtant le document et le texte incriminés correspondent tout à fait aux avancées de l’historiographie israélienne elle-même. En effet, les positions des « nouveaux historiens » israéliens qui avaient, voici une vingtaine d’années, mis en cause le discours officiel autour de la création d’Israël, en mettant entre autres en avant les conséquences de la guerre de 1948 sur les populations civiles palestiniennes, sont maintenant intégrées dans les milieux académiques israéliens.
Pour Sébastien Ledoux et Samuel Ghiles Meilhac
Il serait assez paradoxal que nous puissions en France rester dans un récit scolaire qui refuserait de transposer des savoirs universitaires stabilisés au nom d’une lutte contre l’« idéologisation » et le « révisionnisme ».
de plus
Intervenir pour obtenir le retrait du mot Nakba revient à laisser Israël en dehors de l’écriture de l’histoire.
En intervenant de la sorte, dans le droit fil de cette volonté israélienne, les institutions juives posent Israël en éternelle victime, un Etat qui ne saurait commettre des fautes ou des crimes.
Les auteurs : Sébastien Ledoux, historien travaillant sur le devoir de mémoire, coauteur d’un rapport de l’INRP sur « L’Enseignement de l’esclavage en France » (2011), et Samuel Ghiles Meilhac, sociologue, auteur de « Le Crif, de la résistance juive à la tentation du lobby » (2011).
L’article : Des difficultés d’enseigner le conflit israélo-arabe en France | Rue89