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Histoire Lyonel Kaufmann

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Didactique

Enseignement et apprentissage de la Shoah : Peter Gautschi : Fuir l’Holocauste. Utilisation de témoignages vidéo dans un environnement d’apprentissage basé sur une application Web | 22 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

13 février 2018 by Lyonel Kaufmann

Après deux sites web, la troisième présentation en atelier du lundi 22 janvier que je tiens à mettre en avant est une WebApp, actuellement en allemand, réalisée en Suisse par le Centre pour la didactique historique et le devoir de mémoire à la Haute école pédagogique de Lucerne.

«Fuir l’Holocauste» est une WebApp qui vise à sensibiliser les jeunes à la thématique des réfugiés juifs en 1939-1945 et en Suisse. Cinq récits de réfugiés retracent la persécution du peuple juif par le régime nazi et établissent un lien étroit avec la Suisse. Ces témoignages doivent permettent aux jeunes d’appréhender le thème de l’Holocauste.

L’idée centrale de l’application Web est que les élèves rencontrent les témoins et témoignent de leur compréhension de l’évasion pendant la Shoah. Ils pro- duisent un album et l’envoient par e-mail à un ami (et au professeur s’ils travaillent avec l’application à l’école).

Selon Peter Gautschi, directeur du Centre pour la didactique historique et le devoir de mémoire à la haute école pédagogique de Lucerne, l’atout principal de cette application réside dans son interactivité, puisqu’elle permet aux jeunes d’élaborer leur propre témoignage au moyen d’un album implanté dans la WebApp, de l’envoyer par courriel à une connaissance ainsi qu’à l’enseignant et de contribuer ainsi à une mémoire partagée. Cette application en allemand destinée aux jeunes sera disponible au printemps 2018 et pourra être utilisée aussi bien individuellement que pour l’enseignement en classe.

Comme dans les deux précédents projets, le témoignage de témoins enregistrés sur bande vidéo est utilisé pour sensibiliser et aborder la question de la Shoah avec des élèves de 14 à 18 ans avec ici en point de mire le thème de l’évasion pendant la Shoah. Ce thème a été choisi, car la migration et l’évasion sont des sujets d’actualité également dans le débat politique actuel.

Les concepteurs sont partis des contraintes du programme et du cadre horaire de l’enseignement de l’histoire. En effet, dans le plan d’études, l’enseignant a 6 heures à disposition pour enseigner l’Holocauste. Dans le même temps, pour Peter Gautschi, il n’y a pas aujourd’hui de sujet plus difficile que l’enseignement de l’Holocauste. Comment faire dès lors en fonction de ses contraintes et difficultés ? La WebApp a été conçue pour être utilisée en classe en 3 leçons de 2 heures.

L’application poursuit trois objectifs à réaliser par les élèves :

  • être capable de retenir la mémoire d’un témoin contemporain;
  • savoir que de « simples » personnes ont aidé les personnes en fuite dans leur évasion;
  • être motivé à rencontrer l’histoire au moyen d’entrevues avec des témoins oculaires.

Cette WebApp s’inscrit également dans une tendance qui découpe les chapitres dont on disposait dans les anciens manuels pour en faire des micro-univers numériques. La réalisation d’un album revient, sous une forme plus attractive et cherchant à introduire un enseignement de la multiperspectivité en histoire, à la réalisation d’exercices qui accompagnait auparavant les manuels scolaires traditionnels. Dans le cas présent, on peut considérer être en présence d’une forme d’« instrumentalisation » du témoignage au service d’une production scolaire par les élèves. Devant l’enseignement d’un sujet, la Shoah, considéré comme étant le plus difficile à enseigner, la question se pose s’il est possible de rester dans le cadre étroit d’un curriculum n’accordant que 6 heures pour un tel sujet et qui l’inscrit dans une suite de thèmes au rythme de traitement comparable. Il y a là une forme de paradoxe difficilement réductible.

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Enseignement et apprentissage de la Shoah : Ilona Shulman Spaar : Enseigner à travers le témoignage des survivants de l’Holocauste | 22 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

9 février 2018 by Lyonel Kaufmann

Dans son intervention en atelier du lundi 22 janvier, Ilona Shulman Spaar a présenté les ressources pédagogiques du site internet du Vancouver Holocaust Education Center (VHEC).

En 1975, des survivants de la Shoah vivant à Vancouver ont fondé la Vancouver Holocaust Centre Society. Depuis lors, elle a recueilli 200 témoignages de survivants de la Shoah ayant habité à Vancouver. Les témoignages, enregistrés entre 1982 et 2015, font partie d’une série de projets de documentation vidéo qui remontent à la fin des années 1970 et se poursuivent aujourd’hui. En 1994, la fondation ouvre le Vancouver Holocaust Education Center (VHEC) qui accueille 25’000 élèves par année et offre également des sessions via Skype.

A partir du projet visant à numériser les témoignages recueillis par le VHEC, à les préserver, en faciliter l’accès et à les utiliser pédagogiquement, 22 extraits vidéos de témoignages de survivants forment la base d’activités pédagogiques destinées aux élèves de 12 à 17 ans. Ces activités sont conçues pour le nouveau plan d’études de la Colombie-Britannique. Il s’agit de leçons prêtes à l’emploi pour les enseignants. Les objectifs pédagogiques du Centre sont, au travers des témoignages et des ressources complémentaires, de construire une histoire à échelle humaine (humanize history), de préserver aujourd’hui les témoignages pour les générations futures et d’apprendre du passé pour construire le présent et le futur.

La démarches didactique s’appuie sur les travaux et les concepts de Peter Seixas et Tom Morton, connus aux Etats-Unis et au Canada, au travers de leur ouvrage The Big Six. Historical Thinking Concepts1. Les dimensions du développement d’habiletés de pensée critique et créative ainsi que la réflexion sur la responsabilité sociale qui doivent en découler forment également les compétences fondamentales du nouveau curriculum de la Colombie-Britannique.

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Avec Primary Voices, les élèves travaillent les témoignages au travers de 6 thèmes :

  1. Témoignages (c’est la séquence recommandée si les enseignants ont peu de temps à disposition)
  2. Famille
  3. Camps nazis
  4. Se cacher
  5. Immigrer
  6. Réflexions

Chaque thème est divisé en trois séries de leçons :

  1. NOW : les activités initient les élèves au thème du module de cours et les engagent avec des témoignages choisis.
  2. NEXT : cette leçon approfondit l’engagement des élèves sur le thème, en introduisant un plus grand nombre de témoignages.
  3. BEYOND : il s’agit d’encourager les enseignants et les élèves à choisir leurs propres questions d’enquête. Ils sont encouragés à explorer plus en profondeur la collection d’archives du VHEC.
Aperçu du matériel pédagogique à disposition des enseignants et des élèves concernant le dernier thèmes "Réflexions" et pour l'axe "NOW".
Aperçu du matériel pédagogique à disposition des enseignants et des élèves concernant le dernier thèmes « Réflexions » et pour l’axe « NOW ».

L’intégration très poussée des activités pédagogiques au curriculum de la Colombie-Britannique interroge sur la substitution ainsi opérée au travail de l’institution scolaire et des enseignants. Ce choix du VHEC est le résultat de la demande des enseignants eux-mêmes (« we don’t have time »).

Ilona Shulman Spaar a mené une évaluation du matériel proposé, par l’intermédiaire d’un questionnaire, auprès des enseignants et des élèves.

Du côté des enseignants, les commentaires positifs portent sur l’excellence des ressources proposées, l’impact et la force tant des témoignages que des activités et leur intérêt à les utiliser dans le futur. Les améliorations attendues portent sur une meilleure convivialité du site pour les élèves et un accès facilité aux informations (« il y a trop à « creuser » pour obtenir des informations »).

Du côté des élèves, ceux-ci mettent en avant qu’ils ont beaucoup appris, que le site offre de nouvelles perspectives et ont apprécié l’accès au niveau émotionnel des survivants par le biais de témoignages. Ils trouvent, par contre, que la navigation au sein du site est confuse et souhaitent plus de matériel visuel tels des tableaux, vidéos et animations.

A partir de ces éléments, Ilona Shulman Spaar s’est interrogée sur l’intégration du numérique. Dans quelle mesure, l’interactivité bénéficie ou non à l’implication des élèves ? A la lecture des demandes des élèves de plus de matériel visuel, est-ce que la littéracie numérique joue en faveur ou en défaveur des capacités de lectures des élèves, car visiblement les élèves rencontrent des difficultés à lire les instructions.

A noter, à mon avis, qu’il s’agit également de s’interroger sur la littéracie numérique proposée par le VHEC. Il s’agit essentiellement de matériel numérisé que les élèves consultent pour réaliser des tâches qui elles, ne nécessitent pas l’utilisation du numérique. Il conviendrait donc de proposer des activités où les élèves synthétisent ou résument leur compréhension des témoignages, produisent et créent des contenus sous forme numérique ou que des outils numériques les aident à évaluer les témoignages ou à formuler leur raisonnement et leurs questionnements. C’est à cette condition qu’on pourra véritablement parler d’un développement de la littéracie numérique auprès des élèves.

Le site Primary Voices : http://vhec.org/primaryvoices

  1. J’avais présenté ces concepts dans l’article suivant : https://lyonelkaufmann.ch/histoire/2013/10/17/le-projet-de-la-pensee-historique/. ↩

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Enseignement et apprentissage de la Shoah : Dorothee Wein : Apprendre avec des Interviews. Témoins de la Shoah | 22 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

8 février 2018 by Lyonel Kaufmann

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Impossible de suivre toutes les sessions d’ateliers organisées à l’occasion de ces journées consacrées à l’enseignement de la Shoah. A chaque plage d’atelier, quatre sessions étaient données en parallèle soit en français, soit en allemand, soit en anglais. Pour ma part, j’ai fait le choix de suivre des sessions soit en allemand, soit en anglais comportant le recours et l’utilisation de ressources numériques et des nouveaux médias. Je vous en propose quelques aperçus non exhaustifs.

Dorothee Wein présentait l’important travail réalisé par le Center für Digitale Systeme de la Freie Universität Berlin.

Dans un temps où les rencontres avec les survivants de la Shoah vont se faire de plus en plus rares en raison de leur disparition, la question de la transmission orale de leur histoire et celle de la Shoah se pose de manière de plus en plus aiguë. C’est dans cette perspective que l’environnement d’apprentissage numérique “Lernen mit Interviews. Zeugen der Shoah” (Apprendre avec des Interviews. Témoins de la Shoah) a été conçu par l’Université libre de Berlin.

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L’environnement d’apprentissage « Témoins de la Shoah » met l’accent sur des interviews vidéo biographiques réalisés avec des survivants, accompagnés de matériel et de tâches contextuelles. Dans ces entrevues vidéo, les survivants nous racontent leurs expériences de la Shoah et comment ils ont vécu avec leurs souvenirs après leur libération.

Pour chaque film, des propositions de travail ont été élaborées permettant de rapprocher des thèmes, des histoires et des sources. Celles-ci peuvent être éditées directement dans la fenêtre de travail de l’environnement d’apprentissage. Des documents tels que des photographies d’époque sont disponibles à cette fin. Tous les résultats du travail réalisé peuvent être combinés, présentés ou imprimés par chaque élève dans un espace ressemblant à un Padlet.

Le dispositif tient compte des différents contextes possibles d’enseignement (cours Powerpoint, travail devant l’ordinateur, classe inversée). C’est aussi la raison pour laquelle ces témoignages ont également fait l’objet de quatre DVD.

En ligne, l’enregistrement est obligatoire. Tout en chacun peut très facilement en même temps créer son compte et utiliser le site. Les interviews durent entre 25 et 30 minutes et sont découpés en sous-chapitres. L’image ci-dessous permet de visualiser le dispositif concernant un des témoins, Richard Glazar1 :

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Tous les interviews bénéficient en outre d’une transcription et des tâches sont proposées en lien avec l’interview. Les tâches sont organisées à partir de 3 axes, à la complexité grandissante :

  1. Connaître : concernant l’histoire de Richard, il est demandé aux élèves de résumer l’histoire de Richard Glazar (environ 600 signes), non pas de manière exhaustive, mais en tenant compte des passages de l’histoire dont l’élève se souvient. Les élèves doivent également donner un titre à leur résumé en sélectionnant une citation issue de l’interview vidéo.
  2. Approfondir (plusieurs taches sont proposées à choix) : il est ainsi proposé aux élèves de créer un album sur la vie de Richard Glazar avant et après Treblinka. Pour ce faire, les élèves doivent sélectionner des photos dans le matériel et des citations tirées de la transcription de l’entrevue. Pour les phases de la vie de Richard Glazar dont on ne dispose pas de photos, les élèves doivent trouver un moyen de les représenter. Une autre tâche proposée leur demande de formuler une question ou une tâche qui les intéresse l’élève.
  3. Discuter/Débattre : il est demandé à l’élève s’il a le sentiment d’avoir connu Richard Glazar à travers le film et de discuter de la façon dont il pourrait rencontrer une personne par le biais d’une entrevue vidéo.

De plus, une carte permet de localiser le parcours des témoins tant avant et durant la Deuxième Guerre mondiale qu’après (1938 | 1942 | 1949 | 2010).

Globalement, le travail proposé est très individualisé. C’est dans la dernière partie avec Discuter/Débattre qu’un travail plus collectif est offert. Néanmoins, l’enseignant.e garde sa marge de manoeuvre pour initier soit directement un travail plus collectif, soit des mises en commun à l’issue des tâches à réaliser.

Il est à noter également que l’enseignant.e et les élèves disposent d’une partie de site consacré aux questions que posent une histoire orale. Trois axes sont abordés : se souvenir – raconter – explorer. Cette démarche évidemment peut être menée pour d’autres sujets que la Shoah. C’est un apport scientifique et didactique bienvenu.

La page d’accueil : http://www.zeugendershoah.de

Crédit photos : les images de cet article sont issues du site.

  1. L’interview orinal de Richard Glazar (durée 7h24) a été réalisé par Claude Lanzmann à Allschwil et à Bâle entre 1978 et 1981 pour son film Shoah. 29 minutes en ont été extraites pour le site. ↩

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Enseignement et apprentissage de la Shoah : Noa MKAYTON : Connecting to history – Connecting to ourselves. Thoughts about a multi-perspective Holocaust Education | 23 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

8 février 2018 by Lyonel Kaufmann

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En début de cette deuxième journée des Journées d’étude internationales consacrées à l’enseignement et l’apprentissage de la Shoah, la Dr. Noah Mkayton, Directrice adjointe du Département européen de l’institut Yad Vashem (http://www.yadvashem.org/) a abordé la question de cet enseignement sous un angle didactique. Sa démarche préconise une approche sous un angle multidimensionnel.

Sa présentation a été plus qu’intéressante dans la mesure où la démarche didactique exposée peut être appliquée à tout sujet d’histoire. Elle est donc généralisable. De plus, cette démarche s’inscrit entièrement en cohérence avec la démarche d’enquête, au coeur du Plan d’études romand (PER) notamment pour l’enseignement de l’histoire.

La démarche didactique proposée s’appuie sur les acteurs de la Shoah sous un angle multidimensionnel. Ce concept met l’accent sur les actes, les omissions et les décisions des individus dans leur contexte historique respectif. L’examen des décisions individuelles dans leur contexte doit aider les élèves à évaluer les comportements humains.

En analysant de quelles manières les individus ont pris position au sein de leur société, tant pendant l’Holocauste que de nos jours, les élèves pourront faire des rapprochements entre l’Holocauste et d’autres catastrophes humaines actuelles. En effet, la manière dont les gens se sont liés au changement massif des normes qui a finalement rendu possible le génocide peut être considérée comme une question clé pour l’éducation à l’Holocauste, et cela reste un défi central dans l’éducation des étudiants à être aujourd’hui des citoyens responsables.

La démarche didactique développée est organisée autour de trois phases : Connaissance – Compréhension – Connexion. Il s’agit pour les élèves d’acquérir des connaissances sur les événements historiques, puis de parvenir à une compréhension sûre et potentiellement transformatrice pour enfin connecter ses connaissances à la vie actuelle.

Dans la première phase, alors que, dans leur écrasant majorité, les manuels scolaires et le matériel pédagogique, présentent la Shoah dans une perspective chronologique, des documents sont remis à l’examen des élèves en leur demandant, à partir de ceux-ci, de raconter ce qui s’est passé et de présenter l’histoire dans une perspective rétroactive. A tire d’exemple, deux documents fournis aux élèves pour mener cette enquête rétroactive ont été présentés. Le premier est une photographie de 1942 en Allemagne de déportés juifs avec leurs bagages bien préparés. Le deuxième était une reproduction d’un cahier en hébreux/arabe du Dr. Mojzis Woskin-Nahartabi de 1943. Il s’agit connecter les élèves à la Weltbeziehung de ces acteurs 1.

Après avoir raconté ce qui s’est passé, les élèves sont amenés à décrire historiquement où se trouvaient ces acteurs (victimes ou bourreaux), de décrire (historiquement toujours) quel était leur champ d’action (marge de manoeuvre), d’étudier les dynamiques d’inclusion et d’exclusion par rapport aux communautés nationales. Qui est inclus dans cette communauté nationale? qui en est exclu2?

Concernant les acteurs individuels, ceux-ci sont à envisager sous quatre dimensions : leur contexte idélologique, leur connaissance de la situation, les risques et les bénéfices de leurs actions. cette approche permet d’évaluer la marge de manoeuvre des acteurs. Ainsi en est-il des hommes du 101e bataillon de réserve de la police allemande qui avaient le choix de participer ou non à l’exécution des populations juives de Pologne. Leur commandant leur a laissé le choix. Aucune conséquence négative n’en a résulté pour ceux qui ont choisi de ne pas participer. Cependant très peu ont saisi cette opportunité. Qu’est-ce qui fait la différence entre ceux qui l’ont saisie et les autres? Quel est le poids du groupe, du conformiste? Quelle est l’adhésion effective des hommes du bataillon à l’extermination des Juifs? etc. (Christopher R. Browning. Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne. Paris: Texto, 2005). On dépasse ainsi le cadre d’une biographie traditionnelle faite d’une suite de dates. La démarche permet ensuite de comparer ce qui est comparable dans différentes situations historiques ou au sein de la même et d’évaluer les décisions prises par ces différents acteurs. La démarche est entièrement transposable pour tout sujet d’histoire enseignée. Les élèves développent ainsi leur compréhension et leur pensée historiques.

Enfin, dans la phase de connexion, la Shoah pourra être connectée à des événements contemporains pour dépasser le simple « plus jamais cela »3. Les mêmes catégories d’analyse de la société concernée (inclusion/exclusion de la communauté nationale) et des acteurs permettront de construire la Weltbeziehung (Relation au monde) actuel (ou d’une autre situation historique).

Concernant cette connexion passé-présent, Noah Mkyayton n’a pas également manqué de présenter un certain nombre de dangers dont celui de l’effacement, de la minimisation, du détournement et de l’utilisation de la Shoah dans un tout autre agenda politique pouvant conduire à une réécriture totale de l’histoire.

Cependant, la démarche didactique abordée permet de mettre en avant que l’histoire est le résultat de décisions humaines (positives ou négatives), de faire le lien entre une action individuelle et un contexte plus global, d’aborder la question des systèmes de valeur d’une société à un moment donné de son histoire, de présenter une expérience humaine dans un contexte spécifique et d’appréhender le contexte particulier de la violence de la Shoah ou d’autres génocides4.

Photo : Noa MKAYTON à la HEP Vaud, le 23 janvier 2018. © Lyonel Kaufmann, 2018

  1. A traduire par l’expérience du sujet relativement au monde dans lequel il vit. Leur relation au monde. ↩
  2. Concernant la Shoah et l’Allemagne, la catégorie des exclus inclus non seulement les Juifs, mais également les homosexuels, les persécutés politiques, les Sinti, les personnes vivant avec un handicap et les populations slaves. ↩
  3. Qui se base souvent sur les émotions et se transforme en leçon de morale. ↩
  4. On pensera plus particulièrement à la déshumanisation des acteurs auquel un tel phénomène conduit (Christopher R. Browning. Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne. Paris: Texto, 2005) ↩

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Enseignement et apprentissage de la Shoah : Monique Eckmann : «Oui mais…», transmettre la Shoah, défis et potentialités perçus depuis un pays Bystander | 22 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

23 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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« La Shoah crée un fardeau qui confère des devoirs et des responsabilités partagées » (M. Eckemann, 22 janvier 2018)

Sociologue, membre depuis 2004 de la délégation suisse à la Task Force for International Cooperation on Holocaust Education et du Remembrance and Research (ITF) Education Working Group, Monique Eckmann est notamment auteur de 2 ouvrages de référence sur la question :

  • Eckmann, M., Stevick, D. & Ambrosewicz-Jacobs, J. (Ed.). Research in Teaching and Learning about the Holocaust : A Dialog Beyond Borders. Berlin: Metropol, 2017 (https://holocaustremembrance.com/sites/default/ les/research inteachingandlearningabouttheholocaustweb.pdf)
  • Eckmann, M., Heimberg, Ch. (2011). Mémoire et pédagogie : Autour de la transmission de la destruction des Juifs d’Europe. Genève: Institut d’Etudes Sociales.

Sa conférence d’ouverture portait — après la Déclaration de Stockholm adoptée en 2000 par une quarantaine de pays, puis la fondation de l’IHRA, dont la Suisse est membre depuis 2004— sur le bilan à faire aujourd’hui, les acquis, et les défis qui nous attendent alors que ces projets semblaient initier une européanisation, voire une universalisation de la transmission de l’histoire et de la mémoire de la Shoah.

Si les travaux effectués au sein de l’IHRA ont permis des avancées pour la formation, qui se ressentent sur le terrain, ils comportent aussi des dilemmes. Où en sommes-nous face aux réticences au sujet de la Shoah? Comment inscrire ce sujet dans le champ de l’éducation aux Droits humains et à la démocratie, ou dans celui de la prévention des crimes contre l’humanité? Quelle est la part à accorder respectivement aux victimes, aux bourreaux, aux bystanders — spectateurs passifs ou témoins engagés?

Dans son intervention, Monique Eckmann a mis en avant les 3 phases de la Shoah dans l’espace public :

  • l’ère du silence après 1945;
  • l’ère des bourreaux à la suite du procès A. Eichmann en 1961;
  • l’ère actuelles des victimes dans le cadre d’une globalisation de la mémoire.

Dans le domaine éducatif, avant la déclaration de Stockholm, l’histoire de la Shoah était une histoire non officielle faite par des enseignants militants et critiques à l’égard du système. Durant ces deux dernières décennies, nous sommes passés à un enseignement désormais officiel de la Shoah. Ce changement n’est pas sans interroger les enseignants militants des débuts.

Concernant la place de cet enseignement de la Shoah en Suisse, il faut noter l’invisibilité de la Shoah dans l’espace public et les sentiments ambivalents à l’égard de cette question. La Shoah est considérée par beaucoup comme non-suisse et l’ambivalence porte sur la politique officielle à l’égard des réfugiés et celle des banques : quelles sont les marges de manoeuvre des institutions et des individus dans un tel contexte ?

Monique Eckmann a présenté quelques dossiers remarquables. En premier lieu, l’ensemble des démarches qui a mené à la reconnaissance du génocide des Roms dans le cadre notamment de l’IHRA (https://www.holocaustremembrance.com/focus/genocide-roma). Avec le 2 août, le génocide des Roms disposent d’une journée de la mémoire de ce génocide. La Suisse participe d’ailleurs au site spécifique qui est consacré à cette question : https://www.holocaustremembrance.com/focus/genocide-roma.

Un autre important travail a été réalisé concernant la question de la comparaison de la Shoah avec d’autres génocides. Le Committe on Holocaust, Génocide & Crimes Against Humanity a réalisé un vrai travail de comparaison permettant de dégager les spécificités de chaque génocide. Loin d’être une remise à plat de l’Holocauste, ce travail en établit ses caractéristiques propres et donc sa singularité par rapport aux autres génocides. Dans le cadre de ce travail de comparaison, il faut souligner les 8 étapes des génocides établies par Gregory Stanton (http://genocide.mhmc.ca/fr/genocide-comparaison).

Concernant l’enseignement de la Shoah pour traiter à l’école la question des Droits de l’homme, Monique Eckmann s’interroge s’il est souhaitable de partir des pires abus relativement aux Droits de l’homme pour enseigner ces derniers. Dans tous les cas, trois axes sont identifiables concernant un tel enseignement :

  • éduquer sur les droits humains
  • éduquer pour les droits humains
  • éduquer dans et par les droits humains : soit garantir l’accès à une école démocratique, une atmosphère garantissant l’égalité de traitement, le respect des droits et un débat démocratique.

Il est également important de ne pas confondre le racisme au quotidien et le racisme d’Etat.

Enfin, il est important, pour M. Eckmann, de penser également en terme de formation professionnelle des adultes et pas seulement aux enfants. Ceci est particulièrement souhaitable pour les personnes qui seront ensuite amenées à exerces des droits sur autrui tel le personnel de santé, les policiers ou les garde-frontières.

Enfin, Mme Eckmann a aborder la question et la place des émotions dans l’enseignement de la Shoah. Il lui paraît important d’enseigner non pas à partir des émotions, mais des faits historiques pour éviter d’en faire une leçon de morale. Il s’agit de réfléchir aux conséquences tragiques du pouvoir.

Trois différents types d’acteurs sont à l’oeuvre qu’il convient d’examiner à partir de questions spécifiques :

  • les victimes : il s’agit ici de transmettre leur expérience et leur mémoire;
  • les perpétrateurs (pour les bourreaux) : pour explorer leurs (micro-)marges de manoeuvre, leurs espaces d’initiatives;
  • les bystanders ou spectateurs : concernant leur influence sur la situation historique.
7 Decembre 1965 Rabbi Abraham Joshua Heschel presents Judaism and World Peace Award to Dr. Martin Luther King, Jr.
7 Decembre 1965 Rabbi Abraham Joshua Heschel presents Judaism and World Peace Award to Dr. Martin Luther King, Jr.

Elle conclut en indiquant qu’il s’agit de ne pas tomber dans le piège de la concurrence des victimes et de travailler dans le sens d’une solidarité des victimes comme lors de la lutte des droits civiques entre les responsables de la communauté noire (Martin Luther King) et les représentants de la communauté juive américaine.

Source de la photo d’en-tête : https://www.holocaustremembrance.com/country/switzerland

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Journées d’étude internationales. Enseignement et apprentissage de la Shoah | 22 et 23 janvier 2018, HEP Vaud, Lausanne

23 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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Organisée de main de maître par ma collègue Nadine Fink et son comité d’organisation, la 3e conférence de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) a débuté ce lundi et se prolongera ce jour encore à la HEP Vaud (HEP-VD) à Lausanne. Compte-rendu de l’ouverture de la manifestation.

Présentation de la 3e conférence de l’IHRA

En 2004, la Suisse a rejoint l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), qui compte aujourd’hui 31 Etats membres et qui a pour but de promouvoir la mémoire, la recherche et l’éducation à propos de la Shoah. Depuis mars 2017, la Suisse assume la présidence de l’IHRA durant une année. C’est dans le cadre de cette présidence que la Haute école pédagogique du canton de Vaud, en collaboration avec la Haute école pédagogique de Lucerne, organise les journées d’étude internationales «Enseignement et apprentissage de la Shoah: pratiques et expériences dans le monde scolaire». Ces journées d’étude sont destinées tout particulièrement aux enseignants et aux formateurs des institutions éducatives.

Il y a plus de 10 ans, la Suisse a introduit la «Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité» le 27 janvier de chaque année, date symbolique correspondant à la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge. Cette journée est dédiée à la transmission et au travail de réflexion à propos de la mémoire et de l’histoire de la Shoah et des génocides qui ont marqué l’histoire du XXe siècle, ainsi que des droits de l’Homme, de la tolérance, du dialogue interreligieux et interculturel. Les journées d’étude «Enseignement et apprentissage de la Shoah: pratiques et expériences dans le monde scolaire» ont pour objectif de soutenir le travail et les démarches en lien avec ces thématiques telles qu’elles peuvent être traitées dans le contexte scolaire.

La question de l’enseignement et de l’apprentissage relatifs à la Shoah se pose dans de nombreux contextes nationaux, chaque pays y apportant des réponses différentes en fonction de sa propre histoire et de son rapport au passé. Dans le cadre des journées d’étude, des enseignants et des formateurs en provenance de nombreux pays, dont la Suisse, ont l’occasion d’échanger autour de leurs pratiques et de leurs expériences. L’objectif est de promouvoir les échanges au niveau international et de favoriser la multiperspectivité pour apprendre les uns des autres.

Ouverture de la manifestation

L’ouverture de la manifestation a été faite par Guillaume Vanhulst, recteur de la HEP-VD, Benno Bättig, Président de l’IHRA, Ambassadeur, Département fédéral des Affaires étrangères et Bennedikt Hauser, chef de division, Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation.

Dans son intervention, Bennedikt Hauser a indiqué que, si désormais, la Shoah est un fait établi dans le curriculum en Suisse, il ne s’agit nullement d’en faire des leçons ritualisées. Il a également cité les propos tenus par le président français, Emmanuel Macron le 10 juin 2017 dans les commémorations du 73e anniversaire d’Ouradour-sur-Glane :

«La pluie et le soleil après tant de décennies ont effacé les traces noires de l’incendie destructeur, l’herbe du Limousin a repoussé sur ces terres. La mémoire, elle aussi, forcément s’érode. Sans cesse nous devons raviver la flamme et lui redonner sens ». Ce soir vous serez des témoins, et vous serez devenus à votre tour des passeurs. Oradour, c’est la sauvagerie brutale, l’appétit effréné de la mort. Ici notre conscience se fortifie car ici elle touche ce contre quoi elle se dresse. Ici nous faisons provision d’indignation. Ce soir vous serez davantage que des témoins, j’aimerais que vous soyez devenus des consciences. Le Rwanda ou la Yougoslavie hier, la Syrie aujourd’hui ne sont qu’à quelques heures d’avions. Parfois, c’est chez nous que resurgit la bestialité infâme. En oubliant, en décidant de ne plus nous souvenir ou de ne plus nous battre, nous prendrions ce risque immensément coupable de répéter l’histoire.1»

« Oradour, ce n’est pas seulement un drame de la guerre. C’est un scandale absolu »

Pour sa part, dans son introduction de ce lundi 22 janvier, Nadine Fink, responsable du comité d’organisation, indiquait les trois axes qui on guidé l’organisation du colloque :

  • la prévention des crimes contre l’humanité
  • la question des droits de l’homme
  • le dialogue interreligieux et interculturel

Elle a également replacé l’histoire de cette thématique en milieu scolaire dans une interaction passé-présent-futur (pour un avenir souhaitable), construite sur une narration.

A l’occasion de cette conférence, 25 pays sont représentés et la pluralité des langues qui s’en dégage, caractéristique si helvétique, représente un tel enrichissement que les organisateurs ont choisi de tenir la conférence en trois langues : français, allemand et anglais. Les pratiques enseignantes présentées durant ces deux jours ont recours à une pluralité de ressources (témoignants individuels, des productions artistiques, des sources, les humanités digitales, des lieux de mémoire). La question des droits de l’homme que celle de la concurrence des mémoires et celle des faits alternatifs seront abordés dans les différentes sessions d’ateliers.

Cette partie introductive a été suivie par deux conférences, précédant deux sessions d’ateliers.

To be continued…

  1. Propos rapporté dans Le Parisien : http://www.leparisien.fr/politique/oradour-sur-glane-macron-en-passeur-de-memoire-aux-ceremonies-du-73eme-anniversaire-10-06-2017-7036917.php ↩

Classé sous :Didactique, Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Vers la fin du Centenaire : l’importance de la commémoration de la Grande Guerre pour les relations franco-allemandes

22 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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L’année 2018 marque la fin du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Même si le cycle des actes commémoratifs se poursuit, cet article de The Conversation dresse un premier bilan de ce que ce Centenaire a signifié pour les relations franco-allemandes.

Pour les relations franco-allemandes, l’évènement a été crucial : jusqu’au début des années 1950, cette guerre a perpétué le mythe d’une haine héréditaire en France et en Allemagne, née au XIXᵉ siècle.

Ce n’est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que la commémoration de la Première Guerre mondiale s’est peu à peu transformée en un lieu de mémoire commun : les deux mémoires « concurrentes » se sont rapprochées afin de devenir enfin un symbole de la réconciliation franco-allemande.

Lire la suite : Vers la fin du Centenaire : l’importance de la commémoration de la Grande Guerre pour les relations franco-allemandes

Légende de la photo : Le président François Mitterrand (G) et le chancelier allemand Helmut Kohl se tiennent la main en écoutant les hymnes nationaux français et allemand lors d’une cérémonie de réconciliation commémorant le souvenir des soldats français et allemands tombés pendant les deux guerres mondiales et scellant l’entente retrouvée, le 22 septembre 1984 à Douaumont, près de Verdun. Marcel Mochet/AFP

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions

Scénario de ludification : Games of Thrones et le monde médiéval (3) | MOOC HG4

22 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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En ce mois de janvier, je participe au MOOC HG4, préparé par 6 groupes d’enseignants d’Histoire-Géographie des Académies de Caen, Dijon, Lille, Reims, Rouen, Toulouse. Ils ont préparé des propositions d’usages du numérique dans nos disciplines (voir ici http://hg.ac-besancon.fr/2017/12/05/moochg4-presentation-et-inscription/). La première semaine, les collègues Dijon  &Caen ont concocté un parcours sur les jeux sérieux (les jeux sérieux ou comment apprendre en jouant ?). Ma contribution consiste en une extension de mon scénario de ludification sur Games of Thrones et le monde médiéval.

En 2015, après ma participation 33e colloque de l’AQUOPS à Québec, j’avais présenté ici l’atelier « La ludification : scénarios et défis pour votre cours ! », puis un scénario de ludification basé sur « Game of Thrones » avec l’objectif de mélanger l’univers de cette série à celui du monde médiéval. Les trois premiers niveaux sur la base de «Game of Thrones ont été présentés ici.

En 2017, trois étudiantes du secondaire I (collège) de mon séminaire de printemps, Ivana, Adeline et Céline, ont repris les trois niveaux et ont ajouté un quatrième niveau complétant ou remplaçant le niveau 3 précédemment proposé. Je vous le soumets aujourd’hui.

Concernant le jeu, à chaque niveau, les quatre premiers reçoivent un badge Fief (40, 20, 10 ou 5 points) et une épreuve complémentaire peut être prévue et permet d’obtenir un badge Cour du Roi (5 points). Le leader est détenteur du Trône de fer.

Niveau 4 : Games of Thrones et le Moyen-Âge

Pour développer la collaboration et la coopération, ce niveau n’est par réalisé individuellement, mais par groupe. Il convient de prévoir une organisation des groupes qui brassent les cartes (par exemple, la personne en tête du classement fait équipe avec la personne ayant le moins de points ou les 4-5 élèves ayant le moins de point sont amener à choisir les membres de leur groupe).

Tant dans ses romans du Trône de fer que dans la série TV,  les références historiques de George R. R. Martin (Wikipedia) sont nombreuses et plus particulièrement à propos du moyen-âge. La revue « L’Histoire » compte réaliser un dossier sur Games of Thrones et le Moyen-Âge.

Première étape : Récolter les données

Par groupes, votre mission consiste à chercher les informations sur internet concernant les catégories du tableau ci-dessous. Vous complétez ce tableau à double entrée avec les informations récoltées.

blankLe tableau ci-dessus représente un grand nombre d’entrées possibles. L’enseignant.e procédera à un choix des entrées à traiter. Le tableau peut être déjà partiellement rempli. Pour cette étape, il est aussi possible de répartir les entrées à traiter par groupe. Ensuite, le tableau global sera à disposition de tous les groupes pour la deuxième étape.

Deuxième étape : Chronologie du Moyen-Âge de Game of Thrones

Il est possible de poursuivre avec les mêmes groupes ou, si les entrées ont été réparties entre différents groupes, de former de nouveaux groupes avec des étudiants-experts par domaine(s) et issus des différents groupes de la première étape.

A partir des faits réels relevés dans le tableau à double entrée, votre mission consiste à créer d’une frise chronologique, afin de voir sur combien de temps les faits racontés dans la série se sont déroulé dans la réalité.

Une frise chronologique en 10 dates est à réaliser pour le Moyen-Âge avec Timeline ou avec http://www.lignedutemps.qc.ca/. Pour chaque événement, une illustration est présente et correctement référencée.

Au terme de cette étape, pour les frises chronologiques répondant aux critères (10 dates, balises adéquates marquant le début et la fin du Moyen-Âge, illustration en lien avec l’événement et références correctes), un badge Fief et 40 points sont attribués à chaque membre du groupe.

La classe élit ensuite la frise officielle de la classe. Leurs auteurs reçoivent chacun un badge Cour du Roi et 5 points. L’élève en tête à la fin de ce niveau est le détenteur du Trône de fer.

Niveau 5 : Création d’un nouveau niveau par les élèves

Ce cinquième et dernier niveau consisterait à la création d’un nouveau niveau par les élèves et par groupes. Il recourrait à une mission à réaliser à l’aide de ressources et d’un outil numérique. La consigne est encore à réaliser. Vous pouvez faire des propositions à l’aide des commentaires de cet article.

Classé sous :Didactique, Histoire active, Médias et technologies, Outils enseignement Balisé avec :Games of Thrones, gamification, Histoire, jeux sérieux, ludification, moyen-âge, pédagogie active

France : la fabrique de l’histoire scolaire

16 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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Au fil de 51 épisode d’octobre 2016 à début 2018, l’émission de la Fabrique de l’histoire (France culture) a mené l’enquête, dans un feuilleton diffusé chaque jeudi, sur la fabrication de l’histoire scolaire en France. Cette enquête a été menée au travers de visites de classes ou de musée, d’entretiens avec des enseignants et des portraits d’élèves, de discussion avec la formation des enseignants à l’ESPE ainsi que des trois grandes associations d’enseignants (Clionautes, Aggiornamento, APGH) et d’un regard sur la fabrique des manuels scolaires.

Pour la Fabrique de l’histoire, il s’agit d’enquête de la fabrique des programmes d’histoire à leur application dans les classes et de réaliser une exploration de l’histoire telle qu’elle s’enseigne aujourd’hui en France du primaire au baccalauréat.

Suite aux 51 épisodes du feuilleton, La Fabrique de l’histoire scolaire conclut avec quatre émissions.

Dans une première émission (15 janvier 2018), la discussion est menée avec trois enseignants de lycée (Sébastien Durand, professeur au lycée Olympe de Gouges à Noisy-le-sec; Mathieu Giacomo, professeur au micro lycée Jean Macé de Vitry sur Seine et Camille Taillefer, professeur au lycée Jacques Feyder à Epinay-sur-Seine) et propose un retour d’expérience.

L’émission :

Dans la deuxième (16 janvier 2018), Séverine Liatard revient sur le concours national de la résistance et de la déportation. En 2017, le sujet était : La négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi. Fabien Pontagnier, enseignant d’histoire-géographie au collège Joliot-Curie de Stains, avec le concours d’Amaury Pierre, professeur d’éducation musicale ont mené avec un groupe d’élèves volontaires de troisième un projet foisonnant et multiforme sur la mémoire de la déportation. Au final, Fabien Pontagnier et ses élèves ont conçu une « malle pédagogique » pensée comme un outil de transmission des savoirs sur la déportation. Dans cette malle, des jeux pédagogiques, panneaux d’exposition, vidéos correspondent aux démarches et aux travaux menés tout au long de l’année. La restitution y été déposée le 31 mars à la Direction des services éducatifs de l’éducation nationale. Les élèves du collège Joliot-Curie de Stains ont reçu un prix spécial « passeurs d’histoire » et poursuivent aujourd’hui un travail de transmission avec les plus jeunes.

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Travaux des élèves• Crédits : Séverine Liatard

L’émission :

L’émission fait notamment entendre la voix des enseignants et d’élèves au cœur de ce projet.

Les 51 épisodes de la série : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire-scolaire/saison-28-08-2017-08-07-2018

A suivre…

Classé sous :Didactique, Opinions&Réflexions

Compte-rendu : La déchéance de nationalité sous Pétain | La vie des idées

11 janvier 2018 by Lyonel Kaufmann

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En juillet 1940, le gouvernement de Vichy promulgue une loi qui annule les naturalisations accordées par son prédécesseur, sous une Troisième République libérale. Environ 15 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux Juifs, sont déchues de leur nationalité entre 1940 et 1944. L’étude de Claire Zalc montre comment cette politique d’exclusion fut mise en œuvre.

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De 1940 à 1944, la France de Vichy dénaturalise à peu près 15 000 hommes, femmes et enfants, dont plus de 7 000, un nombre disproportionné, sont Juifs. Les grandes lignes de ce récit ont déjà été esquissées par le passé. Dans son ouvrage historique Vichy France : Old Guard and New Order (1972), Robert Paxton consacre quelques pages au sujet. En s’attachant principalement à montrer que la politique française n’a pas été imposée unilatéralement par l’Allemagne, et en faisant la lumière sur une xénophobie proprement française, Paxton souligne ainsi le caractère antisémite des mesures. L’ouvrage suivant de Paxton, ainsi que les recherches de Bernard Laguerre, Patrick Weil et d’autres, ont approfondi l’étude des dénaturalisations sous Vichy, en insistant sur la nouveauté d’un antisémitisme racial en politique française (1). Claire Zalc s’inscrit dans leur sillage. Elle reprend, à quelques nuances près, les chiffres avancés par ses prédécesseurs, et elle porte une très grande attention au rôle de l’antisémitisme. Mais elle prend l’existence de cet antisémitisme français pour donnée, et donc, comme point de départ de son étude. Zalc étudie la manière dont la xénophobie française et l’antisémitisme ont interagi et se sont alimentés mutuellement, et la manière dont ils fonctionnaient. Mais avant tout, elle montre comment ils ont été mis en pratique.

La recherche menée pour cet ouvrage relève du tour de force. Le Comité de révision de naturalisations et les magistrats qui ont supervisé le processus n’ont laissé aucune archive derrière eux. En conséquence, Zalc a assemblé son récit à partir d’un large éventail de collections d’archives, en particulier celles des dossiers de naturalisation gardées par le ministère de la Justice. La loi sur la nationalité est suffisamment complexe pour que Vichy choisisse de travailler avec les juristes qui ont auparavant naturalisé des étrangers pour le compte de la Troisième République, parmi la génération qui a précédé L’Étrange Défaite, pour finalement les dénaturaliser au cours de la guerre. Leurs méthodes de travail peuvent être suivies dans ces dossiers. Sans disposer de riches délibérations sur lesquelles s’appuyer, Zalc déduit l’intention de l’action. Elle dresse un échantillon de mille dénaturalisations sur les quinze mille avérées, et les étudie en profondeur, en démêlant l’intention officielle et en montrant comment les réalités locales modèlent la mise en œuvre de cette intention selon différents contextes à travers le pays.

Lire la suite du compte-rendu : laviedesidees.fr

Recensé : Claire Zalc, Dénaturalisés. Les retraits de nationalité sous Vichy, L’Univers historique, Paris, Éditions du Seuil, 2016, 388 p.

(1) Bernard Laguerre, « Les dénaturalisés de Vichy (1940-1944) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no. 2, octobre-décembre 1988, pp. 3-15 ; et Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, Grasset, 2002.

Classé sous :Histoire savante, Publications

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