Emmanuel Debruyne retrace le sort douloureux des Françaises et des Belges jugées trop proches des Allemands pendant la Grande Guerre. Le compte-rendu est d’André Loez. Son avis.
L’intérêt du livre tient à la quantité de documents qu’il brasse pour dessiner un tableau complet et réfléchi du trouble alors semé dans les rapports de sexe et de genre. Dense, presque exhaustive, l’enquête interroge les réalités de la natalité et de l’avortement en guerre, et surtout les angoisses et les stéréotypes qui en découlent parmi les contemporains. Le propos aurait gagné à être resserré, mais cet amas de sources n’en rend que plus poignante l’absence de témoignages venant directement des femmes liées aux soldats occupants, protagonistes silencieuses, et pour longtemps déshonorées, de cette histoire. En creux, leur parole manquante illustre l’indicible de ces « rencontres bricolées », à la fois permises et interdites par le conflit.
« Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin, dans la France et la Belgique de la Grande Guerre, d’Emmanuel Debruyne, Les Belles Lettres, 464 p., 25,90 €.
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