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Histoire Lyonel Kaufmann

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Opinions&Réflexions

L’histoire secrète des femmes dans le codage informatique – The New York Times

20 février 2019 by Lyonel Kaufmann

Qui sait que dès années 1940 aux années 1980, la place des femmes dans la programmation des ordinateurs était bien meilleure qu’aujourd’hui ? Qu’est ce qui s’est mal passé ? Le New York Times Magazine revient sur l’histoire de ces femmes pionnières de l’informatique aux Etats-Unis et au Canada. Extraits. Une histoire à méditer.

Crédit image : Opératrices d'ordinateurs avec un Eniac - le premier ordinateur programmable universel au monde. *Corbis/Getty Images*
Crédit image : Opératrices d’ordinateurs avec un Eniac – le premier ordinateur programmable universel au monde. Corbis/Getty Images

Des années 1940 au début des années 1980 : Ladies First !

Lorsque les ordinateurs numériques sont devenus une réalité concrète dans les années 1940, les femmes ont été des pionnières dans l’écriture de logiciels pour les machines. À l’époque, les hommes de l’industrie informatique considéraient l’écriture de code comme une tâche secondaire, moins intéressante. La vraie gloire résidait dans la fabrication de la quincaillerie. Logiciel ? « Ce terme n’avait pas encore été inventé », dit Jennifer S. Light, professeure au M.I.T., qui étudie l’histoire des sciences et des technologies.

Cette dynamique a été à l’œuvre dans le développement du premier ordinateur numérique programmable aux États-Unis, l’Electronic Numerical Integrator and Computer, ou Eniac, dans les années 1940. Financé par l’armée, c’était un monstre, pesant plus de 30 tonnes et comprenant 17 468 tubes à vide. Le simple fait de le faire fonctionner était considéré comme un exploit technique héroïque et viril. En revanche, la programmation semblait subalterne, voire une activité de secrétariat.

Les femmes ont longtemps été employées dans le travail de scut de faire des calculs. Quand est venu le temps d’engager des techniciens pour rédiger les instructions de l’Eniac, il était logique, pour les hommes en charge, de choisir une équipe entièrement féminine : Kathleen McNulty, Jean Jennings, Betty Snyder, Marlyn Wescoff, Frances Bilas et Ruth Lichterman. Les hommes savaient ce qu’ils voulaient qu’Eniac fasse ; les femmes le « programmaient » pour exécuter les instructions.

Quand le nombre de tâches de codage a explosé dans les années 50 et 60, les employeurs cherchaient simplement des candidats disposant de logique, bons en mathématiques et méticuleux. Et à cet égard, les stéréotypes sexistes ont joué en faveur des femmes. Certains cadres ont ainsi fait valoir l’expertise traditionnelle des femmes dans des activités minutieuses comme le tricot et le tissage. Le livre « Your Career in Computers » de 1968 précisait que les gens qui aiment « cuisiner à partir d’un livre de cuisine » font de bons programmeurs.

En 1967, il y avait tellement de programmeuses que le magazine Cosmopolitan publia un article sur « The Computer Girls », accompagné de photos de femmes ruches au travail sur des ordinateurs qui évoquaient le pont de contrôle de l’USS Enterprise. L’article indiquait que les femmes pouvaient gagner 20 000 $ par année en faisant ce travail (ou plus de 150 000 $ avec l’argent d’aujourd’hui). C’était le rare métier de col blanc dans lequel les femmes pouvaient s’épanouir.

Crédit image : Un ordinateur E.R.A./Univac 1103 dans les années 1950. *Hum Images/Alamy*
Crédit image : Un ordinateur E.R.A./Univac 1103 dans les années 1950. Hum Images/Alamy

L’avénement de l’ordinateur personnel comme point de rupture

Si nous voulons déterminer à quel moment les femmes ont commencé à être forcées de quitter les programmes, nous pouvons nous pencher sur une année : 1984. Dix ans plus tôt, une étude a révélé que le nombre d’hommes et de femmes ayant exprimé un intérêt pour le codage en tant que carrière était égal. A partir de 1984, ce pourcentage a chuté ; à partir de 2010, il avait été réduit de moitié. Seulement 17,6 % des étudiants diplômés des programmes d’informatique et de sciences de l’information étaient des femmes.

L’une des raisons de ce déclin vertigineux est liée à un changement dans la façon et le moment où les enfants ont appris à programmer. L’avènement des ordinateurs personnels à la fin des années 70 et au début des années 80 a reformé le bassin d’étudiants qui poursuivaient des études en informatique. Avant cela, presque tous les étudiants qui se présentaient à l’université n’avaient jamais touché à un ordinateur ou même été dans la pièce avec un ordinateur. Les ordinateurs étaient des appareils rares et coûteux, pour la plupart disponibles uniquement dans les laboratoires de recherche ou dans les entreprises. Presque tous les élèves étaient alors sur un pied d’égalité.

Une fois que la première génération d’ordinateurs personnels, comme le Commodore 64 ou le TRS-80, a trouvé son chemin dans les maisons, les adolescents ont pu jouer avec eux, apprenant lentement les concepts majeurs de la programmation pendant leur temps libre. Au milieu des années 80, des étudiants de première année d’université se présentaient à leur première classe déjà compétents en tant que programmeurs. Il s’est avéré que ces étudiants étaient surtout des hommes.

Ce que Margolis a également entendu des étudiants – et des membres du corps professoral aussi – c’est qu’il y avait un sentiment dans la salle de classe que si vous n’aviez pas déjà codé de façon obsessionnelle pendant des années, vous n’aviez pas votre place. Le  » vrai programmeur «  était celui qui « avait un bronzage d’écran d’ordinateur parce qu’il était tout le temps devant l’écran », comme le dit Margolis. La vérité, c’est que beaucoup d’hommes eux-mêmes ne correspondaient pas à ce stéréotype monomaniaque. Mais il y avait deux poids, deux mesures : les femmes qui se sentaient jugées comme n’étant pas assez  » dures « . Dès la deuxième année, bon nombre de ces femmes, assiégées par des doutes, ont commencé à abandonner le programme.

Une étude menée en 1983 auprès d’étudiants du M.I.T. a produit des comptes rendus tout aussi sombres. Les femmes qui levaient la main en classe étaient souvent ignorées par les professeurs et discutées par les autres étudiants. On leur disait qu’elles n’étaient pas assez agressives ; si elles défiaient d’autres élèves ou les contredisaient, elles entendaient des commentaires comme « Tu es vraiment chiante aujourd’hui – ce doit être tes règles ».

Le rôle négatif des familles, de l’école et de Hollywood dans ces changements

A la fin des années 1980, Allan Fisher, doyen associé de l’école d’informatique de l’Université Carnegie Mellon, a remarqué que la proportion de femmes dans la majeure était constamment inférieure à 10 %. En 1994, il a embauché Jane Margolis, une chercheuse en sciences sociales, pour comprendre pourquoi. Pendant quatre ans, de 1995 à 1999, elle et ses collègues ont interviewé et suivi une centaine d’étudiants de premier cycle, hommes et femmes, au département d’informatique de Carnegie Mellon ; elle et Fisher ont ensuite publié les résultats dans leur livre “Unlocking the Clubhouse: Women in Computing”.

Ce que Margolis a découvert, c’est que les étudiants de première année arrivant à Carnegie Mellon avec une expérience substantielle étaient presque tous des hommes. Ils avaient été beaucoup plus exposés aux ordinateurs que les filles ; par exemple, les garçons étaient plus de deux fois plus susceptibles d’en avoir reçu un en cadeau de leurs parents. Et si les parents achètent un ordinateur pour la famille, ils le mettent le plus souvent dans la chambre d’un fils, pas dans celle d’une fille. Les fils avaient aussi tendance à avoir ce qui équivaut à une relation de  » stage  » avec les pères, à travailler avec eux dans les manuels de langue de base, à recevoir des encouragements de leur part ; ce qui n’était pas le cas des filles.

Leurs mères étaient généralement moins occupées avec les ordinateurs à la maison, lui ont-ils dit. Les filles, même les plus intellos, ont compris ces indices et ont semblé diminuer leur enthousiasme en conséquence.

À l’école, les filles recevaient à peu près le même message : les ordinateurs, c’était pour les garçons. Les garçons geeks qui ont formé des clubs d’informatique ont souvent fini, intentionnellement ou non, par reproduire le même comportement d’exclusion. (Ces groupes snobaient non seulement les filles, mais aussi les garçons noirs et latinos.) De telles cliques d’hommes créaient « une sorte de réseau de soutien par les pairs », selon les mots de Fisher.

Dans les années 80, le travail de pionnière accompli par les programmeuses avait été oublié pour la plupart. En revanche, Hollywood diffusait exactement l’image opposée : L’informatique était un domaine masculin. Dans les films à succès comme « Revenge of the Nerds », « Weird Science », « Tron », « WarGames » et d’autres, les nerds de l’ordinateur étaient presque toujours de jeunes hommes blancs. Les jeux vidéo, une importante activité de porte d’entrée qui a mené à un intérêt pour les ordinateurs, ont été présentés beaucoup plus souvent aux garçons, comme l’a constaté Sara Kiesler, professeur à Carnegie Mellon, en 1985.

Un effet significatif et durable

Lorsque les programmes d’informatique ont recommencé à prendre de l’expansion au milieu des années 1990, la culture du codage a été établie. La plupart des nouveaux étudiants étaient des hommes. L’intérêt des femmes n’a jamais retrouvé les niveaux atteints à la fin des années 70 et au début des années 80. Et les femmes qui se présentaient étaient souvent isolées. Dans une salle de 20 élèves, il se peut que cinq, voire moins, soient des femmes.

Des mesures pour inverser la tendance

À la fin des années 1990, Allan Fisher a décidé que Carnegie Mellon tenterait de remédier au déséquilibre hommes-femmes dans son programme d’informatique. Encouragés par les conclusions de Jane Margolis, Fisher et ses collègues ont apporté plusieurs changements. L’une d’entre elles était la création de classes qui regroupaient les élèves par expérience : les jeunes qui ont commencé à coder depuis leur plus jeune âge ne suivaient qu’une seule voie ; les nouveaux venus dans le domaine du codage avaient un programme légèrement différent, ce qui leur laissait plus de temps pour rattraper le temps perdu. Carnegie Mellon a également offert un tutorat supplémentaire à tous les étudiants, ce qui a été particulièrement utile pour les codeurs débutants. Si Fisher parvenait à les faire rester pendant la première et la deuxième année, il savait qu’ils rattraperaient leurs pairs.

Ils ont également modifié les cours afin de montrer comment le code a un impact dans le monde réel, de sorte que la vision de la programmation d’un nouvel étudiant ne serait pas seulement une vision sans fin des algorithmes déconnectés de toute utilisation pratique.

Les efforts de Carnegie Mellon ont été remarquablement fructueux. Quelques années seulement après ces changements, le pourcentage de femmes inscrites à son programme d’informatique a explosé, passant de 7% à 42% ; le taux d’obtention de diplôme chez les femmes a presque égalé celui des hommes. L’école a sauté au-dessus de la moyenne nationale. D’autres écoles préoccupées par le faible nombre d’élèves de sexe féminin ont commencé à utiliser des approches semblables à celle de Fisher.

Un changement culturel plus large a accompagné les efforts des écoles. Au cours des dernières années, l’intérêt des femmes pour le codage a commencé à augmenter rapidement partout aux États-Unis. En 2012, le pourcentage de diplômées de premier cycle qui ont l’intention de se spécialiser en informatique a commencé à augmenter à des taux jamais vus depuis 35 ans. Il y a également eu un boom des groupes et organisations qui forment et encouragent des cohortes sous-représentées, comme Black Girls Code et Code Newbie. Le codage en est venu à être considéré, en termes purement économiques, comme un bastion du travail bien rémunéré et engageant.

L’article complet et original : The Secret History of Women in Coding – The New York Times

Classé sous :Histoire savante, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

Comment amener les enfants au code – 10 mythes et réalités

18 février 2019 by Lyonel Kaufmann

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L’une des principales raisons pour lesquelles les enfants ne s’intéressent pas au codage, c’est à cause des idées fausses que l’on se fait sur ce que signifie être un codeur. Dans la culture populaire, le codage est associé aux nerds, aux hommes et aux garçons antisociaux qui sont obsessivement attirés par les mathématiques et l’informatique. Cela vaut la peine de creuser un peu. Non seulement c’est injuste pour les gens qui sont déjà profondément dans le codage, mais cela détourne aussi les jeunes qui ne s’identifient pas à ce stéréotype. Comment pouvons-nous faire entrer les enfants dans le système de codage ? Mimi Ito, professeure, anthropologue et connaisseuse de la culture geek et de l’apprentissage, reprend cinq mythes populaires au sujet du codage et les confrontent à la réalité du travail de codage.

1° Mythe : Le codage, c’est pour les nerds VS La réalité : Coder, c’est être soi-même

Pour les enfants qui ne correspondent pas au stéréotype du nerd, nous devons leur envoyer le message qu’ils n’ont pas besoin de garer leur identité à la porte du laboratoire informatique. Ils n’ont pas à se conformer à la culture informatique existante. Le codage peut faire partie de ce qu’ils sont.

Mon équipe au Connected Learning Lab de l’UC Irvine a travaillé avec le groupe Lifelong Kindergarten du MIT sur un projet financé par la NSF pour développer des programmes de codage qui fonctionnent contre les stéréotypes. Nous avons commencé par des tutoriels où les enfants pouvaient animer des images sur de la musique hip hop.

2° Mythe : Le codage est solitaire VS La réalité : Le codage est social

En réalité, le codage est presque toujours une activité sociale. Un des mouvements qui balaie le monde du codage est la programmation par paire, où deux codeurs travaillent ensemble en temps réel. Même dans les premiers jours du Homebrew Computer Club, les amateurs apprenaient les uns des autres. En fait, l’une des caractéristiques déterminantes de la culture de codage est l’apprentissage par les pairs.

3° Mythe : Le codage est intense VS La réalité : Le codage peut être occasionnel

À l’époque où les ordinateurs étaient un passe-temps de niche, cette vision du codage comme intense et consommatrice aurait pu avoir du mérite. Mais de nos jours, les ordinateurs et le code font partie de presque tous les aspects de notre vie. Le codage est devenu une chose quotidienne depuis que les adolescents ont commencé à modifier leur profil MySpace ou à tricher avec les codes de triche dans les jeux vidéo. Vous n’avez pas besoin d’être un passionné intense ou un informaticien pour vous amuser avec le code. C’est comme si vous n’aviez pas besoin d’être romancier pour écrire un courriel.

4° Mythe : Le codage est mathématique VS La réalité : Le codage est dans tous les domaines

Aujourd’hui, le codage est plus une façon de penser et de résoudre des problèmes qu’une simple frappe folle au clavier. Les environnements de programmation comme Scratch permettent aux enfants de glisser-déposer des blocs plutôt que d’avoir à taper une ligne de commande. Dans nos programmes d’ingénierie Minecraft, les enfants travaillent avec des matériaux comme la pierre rouge pour expérimenter des concepts comme les séquences et les boucles  » si, alors « . L’éducation au codage d’aujourd’hui met l’accent sur ces concepts sous-jacents et ces façons de penser plutôt que sur les langages de programmation en tant que tels.

L’autre réalité importante de l’informatique d’aujourd’hui est qu’elle fait partie de tous les domaines, pas seulement de la science et de la technologie. Que vous soyez dans le commerce de détail, l’agriculture ou l’art, les ordinateurs et Internet sont partout. La recherche a montré que s’ils ne s’identifient pas au stéréotype du nerd, la façon d’amener les enfants à coder est de commencer par un autre domaine d’intérêt, comme les arts. Ne menez pas avec la technologie.

5° Mythe : Le codage, c’est l’amour de l’ordinateur VS La réalité : Le codage consiste à résoudre des problèmes

En réalité, la plupart des gens voient le codage comme un moyen d’atteindre un but plutôt qu’une obsession personnelle. Pour certains enfants, résoudre des problèmes de calcul est amusant. Mais il est plus probable que votre enfant sera motivé par un problème dans le monde, qu’il s’agisse de créer un GIF amusant à partager avec un ami, de modifier son jeu Minecraft, de trouver comment calculer sa moyenne générale ou de créer un site de fans Harry Potter. Nous pouvons amener les enfants à coder avec des problèmes du monde réel qui peuvent être résolus par le calcul et le codage.

Article complet et original en anglais : How to Get Kids Into Coding — 10 Myths and Realities

Crédit photo : Photo by Mimi Thian on Unsplash

Classé sous :Opinions&Réflexions, sur le web

Actuel Moyen Age – Une histoire de cochon : miracle contre l’élevage intensif au XIIIe siècle – Libération.fr

12 février 2019 by Lyonel Kaufmann

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Nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions sur la qualité de la viande : en plein Moyen Âge, on se raconte même que Dieu punit les éleveurs de porc peu consciencieux…
On s’est tous déjà posé la question devant un paquet de lardon qui coûte le prix d’un café : où est l’arnaque ? C’est sûr qu’à force de nourrir les cochons avec des céréales et de les entasser dans des élevages intensifs hors-sol, on peut se payer un luxe que nos grands-parents ne connaissaient pas : manger de la viande tous les jours. Mais si certains de nos ancêtres auraient sûrement été ravis, d’autres auraient crié au scandale. Car même dans les périodes où la viande est un luxe, certains ont fait attention à la qualité, parfois même avec un petit coup de pouce du Très Haut.

—Lire la suite : Actuel Moyen Age – Une histoire de cochon : miracle contre l’élevage intensif au XIIIe siècle – Libération.fr

Crédit image en-tête : Les Heures d’Adélaïde de Savoie, Chantilly

Classé sous :Histoire savante, Opinions&Réflexions

Comment le système d’éducation finlandais séduit le monde entier – Les Inrocks

6 février 2019 by Lyonel Kaufmann

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Considéré comme un des meilleurs systèmes éducatifs dans le monde selon l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), le modèle d’éducation finlandais attise la curiosité de nombreux observateurs. Malgré sa notoriété internationale, ce système reste mal connu du grand public. Jouni Välijärvi, professeur émérite à l’université de Jyväskylä, en Finlande, et spécialiste des questions d’éducation, le présente, pour Les Inrocks, dans ses singularités et son fonctionnement. Extrait.

Jouni Välijärvi – Il est certain que le temps est un facteur important pour l’apprentissage. Cependant, l’efficacité avec laquelle il est utilisé est encore beaucoup plus importante. Les écoles finlandaises sont bien organisées et axées principalement sur l’apprentissage. Les enseignants de l’école primaire sont tous titulaires d’une maîtrise à l’université. Ils connaissent ainsi très bien les objectifs du programme et sont bien préparés à gérer les effectifs d’élèves de leur classe. Ceux-ci sont généralement restreints par rapport à d’autres pays. Par exemple, en mathématiques, on peut retrouver dans certains cas des classes d’environ 18 élèves, ce qui aide les enseignants à personnaliser leurs pratiques pédagogiques.

Les écoles finlandaises ne sont soumises à aucun suivi au niveau primaire et secondaire inférieur (de la première année à la neuvième). Et très peu d’élèves (2 à 3%) redoublent leur année. En général, cela se produit souvent lors des premières années de l’enseignement. Ce qui fait qu’un soutien spécial est mis en place pour les élèves concernés.

Contrairement aux pays asiatiques, le système d’éducation finlandais distingue le temps consacré à l’apprentissage de celui du loisir. Ainsi, les élèves ont très peu de devoirs à la maison. En plus, il n’y a pas de système parallèle privé pour compléter l’apprentissage de l’enseignement public. Les étudiants deviennent conscients du fait que s’ils se concentrent sur leurs leçons à l’école, ils pourraient par conséquent profiter du reste de la journée pour réaliser d’autres activités de leurs choix. Il semble ainsi que la distinction claire qui existe entre les activités à l’école et les loisirs motivent les élèves à se concentrer sur les activités pédagogiques.

Source : Comment le système d’éducation finlandais séduit le monde entier – Les Inrocks

Revue Nordiques : N°36″Réformer l’éducation en Europe du Nord »

Crédit image : École Alakylä, Oulu, Finlande.Pixabay License. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise

Classé sous :Opinions&Réflexions

Climat et maladies ont fait chuter l’Empire romain

4 février 2019 by Lyonel Kaufmann

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« On croyait que c’étaient les Germains, en fait ce seraient des germes. Ils auraient eu raison de Rome, de sa puissance et de son Empire. Oubliez donc Alamans, Burgondes, Ostrogoths, Wisigoths et autres Vandales. Remplacez-les par Yersinia pestis, bacille de la peste bubonique, et quelques autres bactéries et virus. Vous comprendrez alors autrement pourquoi, vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé le plus durable et le plus florissant empire de l’histoire occidentale.((« Comment l’empire romain s’est effondré », de Kyle Harper : la chronique « histoire » de Roger-Pol Droit)) »

Traditionnellement, dans le cadre de l’enseignement de l’histoire et lorsque le thème est abordé, on distingue les causes internes et les causes externes à la Chute de l’Empire romain. La séquence d’enseignement mise sur pied abordera, au mieux, un nombre réduit d’hypothèses.

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Dans le monde de la recherche universitaire, la situation est quelque peu autres puisque à la question

Pourquoi l’Empire romain s’est-il effondré après avoir dominé des siècles durant le pourtour méditerranéen ?

plus de deux cents explications ont déjà été recensées en 1984 par l’historien allemand Alexander Demandt  qui vont de l’empoisonnement lent de la population par la vaisselle contenant du plomb à l’influence du christianisme ou à l’éloignement des valeurs morales qui fondaient la société romaine ((L’article Déclin de l’Empire romain d’Occident de Wikipedia présente trois principales théories. Pour prolonger, l’article renvoie également à deux synthèses en anglais.

  • Fall of Rome – Decline of the Roman Empire [archive] – Répertorie beaucoup de causes possibles avec références.
  • « The Plagues That Might Have Brought Down the Roman Empire » [archive], The Atlantic, 16 mars 2016)).

Est-ce un effet du temps ? Roger-Pol Droit nous rappelle à quel point les questions ou problématiques historiques s’inscrivent dans l’actualité du temps des historiens et de leurs travaux :

« Il convient aussi de remarquer combien le genre « chute de l’Empire », abondamment illustré depuis le siècle des Lumières et l’ouvrage classique d’Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (1776-1788), est constamment coloré par le présent. Gibbon insiste sur la faillite morale et politique des élites et de la culture romaines. Les historiens du XIXe siècle mettent l’accent sur les invasions barbares et leurs désastres. Les travaux du XXe siècle privilégient les facteurs économiques et sociaux. On ne s’étonnera donc pas de voir aujourd’hui émerger un scénario de la mort de Rome sous l’effet du changement climatique et des épidémies, deux de nos hantises. »

Toujours est-il de l’historien états-uniens Kyle Harper renouvelle la question et intègre dans son modèle des données originales comme le climat et, plus généralement, les éléments naturels. En croisant les travaux de plusieurs disciplines, il avance que le déclin de l’empire est indissociable du développement des maladies infectieuses.

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Frise chronologique tirée de l’introduction de l’ouvrage de Kyle Harper.

S’il n’est pas le premier à le faire au travers de l’étude du climat, Kyle Harper dispose de données nouvelles qui ont été collectées depuis une vingtaine d’années. Dans sa préface, Benoît Rossignol les énumère tels l’étude des carottes glaciaires, celle des cernes des arbres, des pollens, l’essor de l’anthropologie physique (dont l’étude des populations dans les sépultures), le séquençage de l’ADN ou la multiplication des trouvailles archéologiques. La préface illustre d’ailleurs la nécessité de travailler en équipe pluridisciplinaire pour renouveler une telle historiographie :

« les équipes d’archéologues qui fouillent minutieusement les sépultures, les historiens en quête de sources écrites pour reconstituer un contexte historique, les anthropologues analysant les ossements, les généticiens dans leur salle blanche puis face à leur séquenceur en quête de fragments anciens d’ADN, les biologistes et les épidémiologistes cherchant à reconstruire l’histoire de l’évolution du virus ou de la bactérie »

et déboucher sur une vision nouvelle de la fin de l’Empire romain. Jusqu’à la prochaine ?

La présentation de l’ouvrage par son éditeur :

Comment Rome est-elle passée d’un million d’habitants à 20 000 (à peine de quoi remplir un angle du Colisée) ? Que s’est-il passé quand 350 000 habitants sur 500 000 sont morts de la peste bubonique à Constantinople ?
On ne peut plus désormais raconter l’histoire de la chute de Rome en faisant comme si l’environnement (climat, bacilles mortels) était resté stable. L’Empire tardif a été le moment d’un changement décisif : la fin de l’Optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne. Les changements climatiques ont favorisé l’évolution des germes, comme Yersinia pestis, le bacille de la peste bubonique. Mais « les Romains ont été aussi les complices de la mise en place d’une écologie des maladies qui ont assuré leur perte ». Les bains publics étaient des bouillons de culture ; les égouts stagnaient sous les villes ; les greniers à blé étaient une bénédiction pour les rats ; les routes commerciales qui reliaient tout l’Empire ont permis la propagation des épidémies de la mer Caspienne au mur d’Hadrien avec une efficacité jusque-là inconnue. Le temps des pandémies était arrivé.
Face à ces catastrophes, les habitants de l’Empire ont cru la fin du monde arrivée. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l’islam, ont alors triomphé des religions païennes.

La référence : Comment l’empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome (The Fate of Rome. Climate, Disease, & the End of an Empire), de Kyle Harper, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Pignarre, La Découverte, 544 p., 25 € (en librairie le 10 janvier).

Source :  Climat et maladies ont fait chuter l’Empire romain

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Opinions&Réflexions, Publications

Peut-on photographier les dinosaures ?

2 février 2019 by Lyonel Kaufmann

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Conférences du CAES, EHESS, 17 janvier 2019 (58 min, réal. Philippe Kergraisse).

Peut-on photographier les dinosaures? En principe, bien sûr, c’est impossible. Pourtant, le cinéma nous offre des reconstitutions crédibles de ces animaux disparus. Si ces images ne sont pas de même nature que la photographie d’enregistrement, elles ne sont pas pour autant de pures fictions. Elles intègrent un état du savoir scientifique qui leur donne un caractère partiellement documentaire. La question abordée par cette conférence est celle de l’archéologie de l’image documentaire. Entre l’illustration des récits d’exploration et la construction de l’objectivité des sciences, une nouvelle élaboration du regard change le statut des images, et crée les conditions qui rendront possible aussi bien la photographie que les reconstitutions de dinosaures.

Source : http://imagesociale.fr/7153
Crédit photo : Pixabay License. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise

Classé sous :Médias et technologies, Opinions&Réflexions

La classe renversée « contre » la classe inversée

31 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

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Alors que, dans la pédagogie inversée (classe inversée), le professeur délimite le savoir à acquérir par les textes et exercices choisis pour eux, en pédagogie renversée (classe renversée), ce sont les étudiants qui définissent et cherchent les connaissances dont ils ont besoin pour co-construire le cours.  La classe renversée rompt avec la distribution du temps en classe/hors classe : c’est en classe qu’ensemble, les étudiants acquièrent des connaissances, qu’ils les assimilent et les hiérarchisent. Après avoir pratiqué la classe inversée, Catou Faust présente les fondamentaux de la classe renversée et explique les raisons de son passage de l’une à l’autre.

« Classe renversée » : pourquoi laisser les clés de la classe aux étudiants

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Dans le cadre défini par l’enseignant, les étudiants de la “classe renversée” construisent en groupe les différentes séquences du cours.. Shutterstock

Catou Faust, EM Lyon

Soyons honnêtes, en 2019, le plus grand motif de satisfaction pour les professeurs est de croiser le regard des étudiants quand ils lèvent les yeux de leur ordinateur. En effet, comment rivaliser avec des réseaux sociaux qui dévoilent des scoops à la minute, instruisent tout en amusant, proposent des mini conférences d’experts aux sujets racoleurs ? En tant qu’enseignant, on a beau se dépenser, donner de sa personne pour être drôle – mais pas trop, captivant – sans en faire des tonnes, expert – sans être ennuyeux, le défi est difficile à relever.

Pour ce faire, nous disposons d’un outil puissant : la classe renversée – à ne pas confondre avec la classe inversée. Cette dernière se présente comme une alternative aux cours magistraux : l’acquisition des concepts se fait sur le temps de devoirs à la maison, afin de consacrer le cours aux activités d’application et de consolidation. La classe renversée, elle, rompt avec cette distribution du temps en classe/hors classe : c’est en classe qu’ensemble, les étudiants acquièrent des connaissances, qu’ils les assimilent et les hiérarchisent.

Alors que, dans la pédagogie inversée, le professeur délimite le savoir à acquérir par les textes et exercices choisis pour eux, en pédagogie renversée, ce sont les étudiants qui définissent et cherchent les connaissances dont ils ont besoin pour co-construire le cours.

Fixer le cadre du cours

Après avoir testé pendant deux ans la classe inversée, je suis passée à la pédagogie renversée pour un enseignement de management interculturel à l’EM Lyon Business School. L’objectif allait plus loin que libérer professeurs et étudiants du cours magistral : je souhaitais « laisser les clés de la classe » aux étudiants. « Mon » cours est devenu « leur » cours. Mais pour qu’une véritable acquisition de connaissances et une réflexion approfondie aient lieu, le cadre doit être bien fixé au préalable.

La séance d’introduction est essentielle pour délimiter les références théoriques dont se réclame le professeur. En management interculturel, par exemple, cette séance a permis de pose et justifier l’approche de la culture qui allait prévaloir dans ce cours et dans laquelle les étudiants sont invités à s’inscrire. Les étudiants ayant bien saisi cette approche, ils ont cité d’eux-mêmes les grands thèmes sur lesquels on peut s’attendre à des différences culturelles (comme le rapport à l’autorité ou encore au risque par exemple).

Le professeur n’impose donc pas les sujets de recherche mais propose aux étudiants de travailler sur les thèmes sur lesquels ils ont commencé eux-mêmes à s’interroger. Cela suppose un important travail en amont du cours pour le professeur puisqu’il aura fallu prévoir des documents de support théorique sur un éventail de sujets qui pourront, ou pas, être choisis par les étudiants. Cela implique aussi pour l’enseignant de savoir renoncer à voir traiter ses sujets de prédilection.

Ensuite, le professeur indique clairement :

  • la finalité du cours : ici, prendre conscience des différents référents culturels à l’œuvre dans le cadre professionnel en étudiant les écarts de représentations qui existent sur un thème particulier
  • ses modalités : chaque groupe travaille sur un thème puis l’enseigne à la classe. Le groupe est noté sur la qualité de la transmission, puis sur un travail individuel dans lequel il lui est demandé de faire un bilan, tant sur le plan des connaissances acquises que de l’expérience d’apprentissage vécue.
  • le cadre physique du cours
  • le cadre temporel : un rendez-vous intermédiaire est prévu pour des partages d’expériences, ce qui nourrit et oriente l’acquisition du savoir par le groupe « chercheur ». Puis sont organisés des rendez-vous collectifs finaux, lors desquels les étudiants sont évalués à la fois par leurs pairs et par le professeur.

Des étudiants qui s’engagent

Je n’ai pas ajouté d’autres contraintes que celles qu’ils découvriront et résoudront par eux-mêmes lors du processus d’acquisition/assimilation/mise en forme de la transmission de la connaissance – j’ai juste interdit de dérouler des documents « PowerPoint » pendant plus de 10 minutes consécutives et les ai obligés à proposer au moins une activité interactive à leurs camarades.

Chaque groupe doit prendre conscience qu’il engage sa responsabilité sur la valeur de la transmission. Le contrôle de la qualité par le professeur a lieu en amont : par son accompagnement et ses conseils au fil du travail de groupes, il réoriente les étudiants qui se fourvoient. Le professeur se réserve la possibilité de limiter le temps de transmission d’un groupe qui n’aurait pas fourni un travail approfondi. Mais, quoiqu’il arrive, chaque groupe a la possibilité de transmettre les connaissances acquises.

Les retours des étudiants montrent qu’ils ont été déstabilisés au départ lorsqu’ils ont compris qu’ils auraient à bâtir par eux-mêmes tout le cours puis qu’ils ont été très motivés dès qu’ils se sont mis à travailler sur leur sujet, comme l’explique cet élève :

« Mon état d’esprit était plutôt négatif et pessimiste au 1er cours. J’avais tort. J’ai en effet réalisé que je fondais moi-même mes appréhensions sur des préjugés culturels […] et j’ai été très agréablement surpris d’assister à l’évolution de la richesse des propos et de l’esprit critique des participants au fur et à mesure des séances, parallèlement à ma propre remise en question quant à l’arrogance et l’assurance exacerbées que j’affichais vis-à-vis de mes compétences interculturelles ».

Les tables rondes ont été un moment important car elles leur ont donné la possibilité de tester leurs connaissances acquises et de considérer des angles de vue nouveaux.

Redéfinir la place du prof

Avec divers procédés telles que des mini classes responsables de la transmission de certaines connaissances, des tables rondes avec des passeurs d’expérience et des récepteurs, le professeur redessine les espaces dédiés à la pédagogie. En donnant aux étudiants la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qui mérite d’être approfondi et la manière de le transmettre efficacement à la classe, il modèle la place et le rôle de chacun, créant de nouveaux rapports au savoir et rebattant les cartes des liens sociaux qui unissent étudiants et professeur.

Ce dernier doit accepter une certaine perte de contrôle et ceci est important car la première condition de la réussite est l’excellente maîtrise par le professeur de son sujet : il ne dispose en effet plus que de très courts moments de cours magistral, et, le reste du temps, intervient avec agilité pour rectifier, ajouter un exemple, prolonger la réflexion.

La classe renversée est donc à la fois beaucoup plus exigeante pour les étudiants et les professeurs et plus enrichissante pour tous, source d’apprentissage actif pour les premiers source d’apprentissage et expérience pédagogique à chaque fois renouvelée pour les autres.The Conversation

Catou Faust, Professeur associé en management interculturel, EM Lyon

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

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Changer les cours : et si les étudiants apprenaient les uns des autres ?

30 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

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LENNE Diane, EM Lyon

Internet a transformé les manières d’apprendre et habitué les individus à partager leurs connaissances sans passer par les rôles imposés du « maître » et de l’« élève ». Désormais, ils s’attendent à un système similaire à l’école ou au travail, et ont besoin, plus qu’avant, de se sentir acteurs de leurs apprentissages. S’inspirant de la « classe mutuelle », du XVIIIe siècle, où les élèves plus avancés aidaient l’enseignant dans sa mission en faisant répéter les plus jeunes, « l’apprentissage entre pairs » est l’une des voies pour répondre à ce défi du XXIe siècle.

Comme son nom l’indique, cette pédagogie permet à un groupe de se former par lui-même par la recherche commune, puis le partage, d’informations. Le tout est orchestré par des « facilitateurs », à l’aide d’outils digitaux. Une session donne toujours lieu à une production de groupe sous forme de « wikis » ou de tutoriels.

Soigner l’animation

Le facilitateur doit d’abord veiller à mettre en place les meilleures conditions possible pour favoriser le travail de groupe. La première étape consiste à définir le groupe cible de l’apprentissage entre pairs. Un bon groupe de pairs n’est pas seulement caractérisé par sa parité, mais aussi sa diversité, en terme de nationalité et de niveau. Il est constitué de personnes qui sont particulièrement intéressées par la thématique en question, ou ont une expérience ou une expertise à partager à ce sujet.

Puis l’on évitera la disposition traditionnelle de la salle de classe ou de conférence, en répartissant les participants en cercles de six personnes maximum dans un large espace. Cette configuration met tous les participants au même niveau, y compris les personnes plus expérimentées… Les questions d’un débutant sont autant valorisées que les compétences d’un expert. L’attention est placée au cœur du groupe dans les interactions, et non vers un expert.

Pour favoriser l’enseignement au sein du groupe, l’animation des interactions est essentielle. Les instructions ou « questions » vont fortement orienter les échanges, et donc les apprentissages. Poser une question ne suffit pas, le facilitateur enrichit son discours par des exemples issus de son expérience personnelle.

Dans la classe mutuelle de 1800, un des critères de réussites de l’enseignement était la clarté des « commandements » délivrés par la voie orale, par des écriteaux présentés à chaque étape et enfin la sonnette, pour annoncer une prochaine étape. Aujourd’hui, on veillera à afficher les instructions sur un grand écran.

Des étudiants engagés

Pour maintenir l’engagement des participants, il est important de découper le sujet d’apprentissage en courtes sections – dans l’idéal, de moins de 15 minutes. Il convient aussi de varier les formats d’activités, entre temps d’échanges, temps de productions, et activités pratiques ou de restitution.

D’après Stanislas Dehaene, professeur au collège de France, le sentiment de progresser dans un apprentissage constitue une récompense en soi. La visualisation des résultats de leurs contributions est aussi une clé du sentiment d’efficacité personnelle. Dans un premier temps, le facilitateur peut afficher et relire l’ensemble des contributions mises en commun par les groupes sur un outil digital. Ensuite, il doit s’assurer que les participants aient accès à un lieu d’édition afin de pouvoir consulter ou compléter les résultats par la suite.

Ce système a l’avantage d’aider les étudiants à gagner en autonomie. Co-créateurs du contenu de la formation, les partipants sont pleinement acteurs. Plus largement, le système est conçu pour être auto-géré par le groupe. En effet, le rôle du facilitateur d’apprentissage entre pairs « tourne » régulièrement. Un groupe peut concevoir son propre programme d’apprentissage annuel. Les thématiques de chaque session sont décidées collectivement au début de chaque programme.

Une gestion de classe plus efficace

L’apprentissage entre pairs permet d’acquérir des connaissances directement applicables, qui ne sont pas écrites dans les livres ou dans les formations théoriques, mais qui viennent de l’expérience. Il repose sur la compréhension par une personne ayant une expérience vécue semblable des besoins d’apprentissage d’une autre personne. En effet, celui ou celle qui a vécu la même expérience peut plus facilement faire preuve d’empathie vis-à-vis d’un∙e autre. Ce type d’apprentissage permet aux étudiants de se découvrir sur leurs meilleurs côtés et de s’apprécier mutuellement.

Selon Jean‑Pol Martin, auteur de la méthode « Apprendre en enseignant », déléguer les tâches pédagogiques aux élèves augmente les résultats d’apprentissage ainsi que l’engagement des étudiants.

Par ailleurs, les enseignants ont beaucoup à y gagner, notamment pour leur bien-être personnel :

  • Gérer des classes de très grande taille jusqu’à 100 étudiants sans s’épuiser
  • Pas besoin de faire la discipline en classe
  • Faire face à des élèves impliqués et motivés par rapport au sujet
  • Faire classe dans une atmosphère positive qui s’entraide et collabore
  • Gagner du temps sur la création du contenu de cours pour pouvoir se recentrer sur l’ingénierie pédagogique et la recherche.

Même si de plus en plus d’enseignants sont convaincus de l’efficacité des pédagogies actives, beaucoup pensent qu’elles exigent trop d’investissement et de créativité. Il reste donc un important travail de mise à disposition de ses outils et méthodes pour véritablement arriver à leur faciliter la vie.

LENNE Diane, Responsable pédagogique de programmes de formations entre pairs., EM Lyon

Crédit photo : Pour favoriser l’enseignement au sein du groupe, l’animation des interactions est essentielle. Antoine Feuvrier, Author provided

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Vincent Duclert «La recherche permet de fermer la porte au négationnisme en révélant l’entreprise de dissimulation du génocide» – Libération

29 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

Alors que les études sur la Shoah se renouvellent, le génocide cambodgien reste un angle mort de la recherche, et les massacres du Rwanda sont peu enseignés dans les écoles. Sous la direction de l’historien Vincent Duclert, 65 chercheurs ont fait le bilan des connaissances sur ces tueries de masse et sur la motivation de leurs auteurs, qui s’inspirent les uns des autres.
— À lire sur www.liberation.fr/debats/2019/01/27/vincent-duclert-la-recherche-permet-de-fermer-la-porte-au-negationnisme-en-revelant-l-entreprise-de-_1705742

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Le numérique dans l’école : enjeux, perspectives, controverses…

18 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

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Une présentation très intéressante et surtout pertinente de Michel Guillou. Plus même qu’un état des lieux de la question, cette présentation Michel nous permet de réfléchir très sérieusement à la question. Merci à Michel Guillou.

Le numérique dans l’école : enjeux, perspectives, controverses… from Michel Guillou
Crédit image en-tête : Pixabay License. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise. Lien vers l’image : https://pixabay.com/fr/photographie-prenant-image-801891/

 

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