• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal
  • Passer à la barre latérale principale
Histoire Lyonel Kaufmann

Histoire Lyonel Kaufmann

  • Mes Publications
  • Blog
  • Cours
    • Planifier
    • Film&Histoire
  • A propos

Didactique

Construire l’enfer | La vie des idées

28 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

Nikolaus Wachsmann pose les fondations d’une histoire totale des camps de concentration, aussi attentive à leur rôle au sein du régime nazi qu’aux logiques de leur fonctionnement quotidien. Il y retrace la trajectoire qui les a conduits de la violence à la torture, de la torture à la mort et finalement de la mort à l’extermination.

« Les KL n’étaient pas des goulags allemands – 90% des détenus soviétiques survécurent au système concentrationnaire stalinien, là où plus de 50% des détenus des KL périrent entre 1933 et 1945. Ce n’était pas plus des camps réservés à la population juive, qu’Auschwitz viendrait symboliser dans leur entièreté, car les populations juives ne représentèrent qu’un tiers de la totalité des détenus des KL. »

Nikolaus Wachsmann, professeur à Londres (Birkbeck) s’est essayé, à travers une somme monumentale, à décortiquer la réalité derrière le mot, derrière l’acronyme « KL » – Konzentrationslager. D’abord publié en anglais en 2015, le livre a été traduit en allemand l’année suivante, puis en français en 2017. Il atteint 1200 pages dans l’édition Gallimard et se présente, que ce soit par son ampleur ou sa qualité, comme la somme incontournable sur cette question, comme la première « histoire globale » des camps de concentration nazis.

Livre recensé : Nikolaus Wachsmann, KL. Une histoire des camps de concentration nazis, traduit de l’anglais par Jean-François Sené, NRF Essais, Gallimard, Paris, 2017 [2015], 1159 p. La présentation de l’ouvrage par l’éditeur : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/NRF-Essais/KL

— Lire la suite : Nicolas Patin, « Construire l’enfer », La Vie des idées , 28 janvier 2019. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Construire-l-enfer.html

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Publications

La rare autobiographie d’un esclave du XIXe siècle disponible en ligne

24 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

Le département Afrique et Moyen-Orient de la Bibliothèque du Congrès avait fait l’acquisition à l’été 2017 d’une collection de documents uniques au cœur de laquelle se trouvait l’autobiographie d’Omar Ibn Saïd, un esclave musulman originaire de l’Afrique de l’Ouest, capturé en 1807 et amené en Caroline du Nord. Un document exceptionnel que l’établissement a décidé de numériser, mais pas seulement, puisqu’une collection autour des écrits d’Omar Ibn Saïd a aussi été créée en ligne.

blank

Omar Ibn Saïd, vers 1850, auteur inconnu (domaine public)

-Lire la suite sur La rare autobiographie d’un esclave du XIXe siècle disponible en ligne

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire, Outils enseignement, Publications

Et si on faisait des jeux vidéos un outil féministe ? – Marie Claire

19 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

Ou comment Hackerspace et Fablab permettent à des novices à trouver les personnes et les ressources pour mener à bien leur projet.

En avril 2018, Alice et Hélène ont lancé le jeu Dykie Street, où l’on vide la rue de ses insultes et affiches sexistes, homophobes ou réacs. Sans vraiment s’y connaître, elles ont décidé de prendre en main l’outil et de le mettre au service de l’éducation populaire et du féminisme.

— À lire sur www.marieclaire.fr/et-si-on-faisait-des-jeux-videos-un-outil-feministe,1292150.asp

Crédit photo : capture d’écran du jeu Dykie Street.

Classé sous :Humanités Digitales, Médias et technologies, Outils enseignement

Le numérique dans l’école : enjeux, perspectives, controverses…

18 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

Une présentation très intéressante et surtout pertinente de Michel Guillou. Plus même qu’un état des lieux de la question, cette présentation Michel nous permet de réfléchir très sérieusement à la question. Merci à Michel Guillou.

Le numérique dans l’école : enjeux, perspectives, controverses… from Michel Guillou
Crédit image en-tête : Pixabay License. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise. Lien vers l’image : https://pixabay.com/fr/photographie-prenant-image-801891/

 

Classé sous :Humanités Digitales, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

Tristan Garcia : “Les vaincus n’ont pas d’histoire”

16 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

Philosophe et écrivain, Tristan Garcia publie Ames , un ambitieux sixième roman et premier volet d’un projet en trois tomes qui entend retracer l’histoire de la souffrance à travers toute l’humanité. Son affirmation que les vaincus n’ont pas d’histoire et que seule la fiction peut se mettre au service des oubliés de l’histoire, fait écho aux travaux de Nathan Wachtel (1971) La Vision des Vaincus – Les Indiens du Pérou devant la Conquête Espagnole (1530-1570) (voir sa recension par la Revue L’Histoire). Réflexions.

« j’essaie d’être attentif, toujours, à re-raconter l’histoire du point de vue des vaincus, des dominés, des subalternes. Ce qui est très compliqué, car les vaincus n’ont pas d’histoire. Celle-ci est toujours racontée par les vainqueurs. Et le problème, c’est que l’épopée en littérature est toujours le signe d’une victoire militaire, d’un impérialisme. Etre attentif à la souffrance, c’est un moyen de garder la forme épique mais aussi de raconter l’histoire du point de vue de ceux qui n’en ont pas. Les oubliés de l’histoire. C’est pour ça que la fiction est nécessaire. »

Interrogé sur le travail de recherche nécessité par son ouvrage, il pose aussi la fiction comme moyen d’aller regarder dans les blancs de l’histoire, mais il met aussi en avant tout le travail de recherche plus particulièrement concernant les connaissances factuelles :

« Ma technique est de commencer par déterminer un lieu précis et une année. Ensuite, je vais lire tout ce que les archéologues et les historiens ont comme connaissances factuelles sur cet endroit, à cette date-là. J’essaie d’être vraiment systématique : je fais des fiches avec les habits, la nourriture, les odeurs, les expressions, les usages, l’architecture. Comme un chef déco de cinéma. Et à partir de là, quand j’ai ce décor, ce qui m’intéresse, c’est d’aller regarder dans les blancs de l’histoire. Ce qu’on ne connaît pas. Et c’est dans ces blancs que j’injecte la fiction. Evidemment, plus c’est lointain, plus tu as du blanc. Globalement, au début de la documentation, tu peux chercher sur internet, mais petit à petit, quand tu resserres, tu arrives à ce moment fascinant où tu réalises qu’il n’y a pas tout sur le net. Alors tu es obligé d’aller quelque part dans le monde, dans une bibliothèque, retrouver des références qui n’ont pas été numérisées. C’est la ligne de flottaison d’internet. Et tu découvres qu’il y a des choses en dessous. J’adore ça. »

Le livre : Ames – Histoire de la souffrance I (Gallimard), 720 p., 24 €

—A lire : LesInrocks – Tristan Garcia : “Les vaincus n’ont pas d’histoire”

Crédit photo en-tête : Edfou. Temple Égyptien. Bas relief. Pixabay License. Libre pour usage commercial. Pas d’attribution requise

Classé sous :Opinions&Réflexions, Publications

BP13/22SHS : Archéologie et Préhistoire : le site de l’INRAP

15 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

Le site de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) offre un grand nombre de ressources ainsi qu’un suivi de l’actualité dans le domaine de l’archéologie et plus particulièrement concernant la préhistoire qui seront très utiles pour les enseignants de l’enseignement primaire.

blank

  1. Chronologie générale : C’est plus particulièrement le cas avec les dossiers multimédias de l’INRAP ainsi que l’illustre sa chronologie générale. Celle-ci couvre le Paléolithique ancien jusqu’à la France contemporaine.
  2. Les experts remontent le temps (films d’animation) : les experts remontent le temps est une série de 7 films d’animation de 3 minutes qui retracent l’évolution des modes de vie des hommes du passé et leurs interactions avec l’environnement, de la Préhistoire au premier Moyen Âge. Leur style se veut ludique et comporte une touche d’humour. L’humour paraît cependant plus adapté à des adolescents ou des adultes qu’à des enfants. Il faut également tenir compte du nombre d’information fournit sur un rythme rapide. Elles forment une bonne introduction avant de répondre aux quizz proposés également par le site. Parmi les films d’animation :
    • La Préhistoire de Néandertal
    • La Préhistoire d’Homo sapiens
    • Le Néolithique
    • L’archéologue
  3. Les quizz : ceux-ci forment un excellent complément aux films d’animation de la série Les experts remontent le temps (films d’animation):
    • L’homme de Néanderthal
    • Je découvre la Préhistoire
    • Vivre au Néolithique
  4. Quizz pour passionnés de jeux vidéos, de bande dessinée, de cinéma ou de litttérature : certains quizz très spécifiques permettront de raccrocher à l’archéologie les passionnés des jeux vidéos, de la bande dessinée ou du cinéma :
    • Archéologie et Jeux vidéos
    • Archéologie et bande dessinée
    • Archéologie et cinéma
    • Archéologie et littérature
  5. Pour en savoir plus : des dossiers multimédias vous permettront d’aller plus loin soit concernant une des époques historiques, soit concernant le travail et les méthodes de l’archéologue ou l’histoire de l’archéologie :
    • Dossier Paléolithique
    • Les sciences de l’archéologie
    • Histoire de l’archéologie
  6. Un ouvrage pour conclure : Demoule, J.-P., Garcia, D. & Schnapp, A. (2018). Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances. Paris: La Découverte. Cet ouvrage vous permettra de disposer d’une vision globale de l’archéologie et de l’état récent des savoirs sur un ensemble de sujet tels que la localisation du berceau de l’hominisation, les origines et l’extension des civilisations sédentaires ou les migrations qui se sont succédé de la préhistoire jusqu’à nos jours.

blank

La présentation de l’ouvrage par l’éditeur :

Depuis les années 1980, une révolution silencieuse a bouleversé nos connaissances sur l’histoire de l’humanité : celle suscitée par les extraordinaires progrès techniques et méthodologiques de l’archéologie, particulièrement grâce au développement de l’archéologie préventive. Nombre des représentations d’hier ont été nuancées, des pans entiers de cette histoire, jusque-là ignorés, ont été mis au jour. Mais si cette révolution a donné lieu à un foisonnement de publications scientifiques, il manquait une vision globale, accessible aux non-spécialistes. C’est ce défi qu’ont voulu relever ici trois des plus éminents archéologues français.

Réunissant les contributions de soixante et onze spécialistes mondiaux, associées à une riche iconographie et à une cartographie originale, cet ouvrage propose une histoire renouvelée des civilisations. Il couvre l’ensemble des périodes et des continents, en mettant l’accent sur les avancées les plus significatives : la localisation du berceau de l’hominisation, les origines et l’extension des civilisations sédentaires, les stratégies économiques et politiques qui ont mené à la fondation des grands empires et les conditions de leurs dislocations, les modalités de la mondialisation des époques moderne et contemporaine, sans oublier les migrations qui se sont succédé de la préhistoire jusqu’à nos jours.

Grâce à cette vision globale de l’aventure humaine, on découvrira comment l’archéologie apporte sa contribution à la connaissance des sociétés sans écriture comme à celle des civilisations de l’écrit. Et comment elle rend possible un nouveau dialogue entre sources textuelles et sources matérielles, qui bouleverse plusieurs domaines de l’histoire ancienne, médiévale et moderne.

Le site de l’éditeur : La Découverte

Crédit image d’en-tête : Dépôt de haches taillées. Vinneuf (Yonne). Lab Archéo. Les sciences de l’archéologie  © Loic de Cargouët, Inrap

Classé sous :BP13/22SHS Enseigner les sciences humaines et sociales aux cycles 1 et 2, Histoire savante, Publications

Podcast histoire du Temps présent : Magma

13 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

Avec Magma, Clémence Hacquart vous propose des rencontres avec des personnes qui ont vécu de près ou de loin des événements historiques du XXème siècle.

A titre d’exemple, quelques émissions récentes.

 La marche pour l’égalité contre le racisme – Salika Amara (23 décembre 2018)

blank

L’émission : https://magmapodcast.com/la-marche-pour-legalite-et-contre-le-racisme-salika-amara/

 Le village noyé de Tignes – Marie (21 octobre 2018)

blank

C’est une histoire de perte d’identité, de souvenirs noyés et d’expulsion forcée.

En 1952, à Tignes, en Savoie, près de 400 personnes ont été chassées de leur village pour que l’État puisse construire un barrage hydroélectrique.

blank

L’émission : https://magmapodcast.com/le-village-noye-de-tignes-marie/

La chute du Mur de Berlin – Annet Köhler (22 avril 2018)

blank

Née à l’est de Berlin en 1971, Annett Köhler n’a connu que le mur jusqu’à ses 18 ans.

Dans ce quatrième épisode de MAGMA, Annett Köhler raconte la fin du mur de Berlin à travers ses souvenirs personnels, de son enfance dans le bloc soviétique à la chute de ses repères, en passant par les déceptions et les obstacles qu’elle a rencontrés dans l’Allemagne réunifiée.

L’émission : https://magmapodcast.com/la-chute-du-mur-de-berlin-annett-kohler/

Suivre Magma sur Twitter : https://mobile.twitter.com/magma_podcast

Sur Instagram : https://www.instagram.com/magmapodcast/

Le site : https://magmapodcast.com

Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Médias et technologies, Publications

« Assassin’s Creed », toute une histoire à la Gaîté lyrique – LesInrocks

4 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

La célèbre saga d’Ubisoft est prétexte à une exposition immersive et éducative à sur la création des jeux vidéo.

Centrée sur les deux derniers volets de la saga, le plus récent Odyssey (qui se déroule dans la Grèce antique) et Origins (dans l’Antiquité égyptienne), l’exposition fait écho au mode éducatif “Discovery Tour”, une extension active sur Origins (offerte aux visiteurs via un code de téléchargement) et qui s’appliquera, dans le courant de l’année, à Odyssey.

Dans ce mode, pas de missions délicates ni de combats hargneux, mais un univers totalement ouvert dans lequel il est possible de suivre (ou non) des visites guidées à valeur culturelle ajoutée. Les premières salles de l’expo présentent ainsi une partie de la base de données historiques sur laquelle repose Assassin’s Creed Origins ainsi que de nombreux dessins, esquisses et documents préparatoires issus d’une poignée d’épisodes de la série.

Behind the Game – L’expo au cœur d’Assassin’s Creed Jusqu’au 6 février, Gaîté Lyrique, Paris IIIe. Des rencontres et master class sont organisées parallèlement à l’exposition.

Le programme des ateliers pour les enseignants des cycles 2et 3 : https://www.reseau-canope.fr/ile-de-france/preac/images-et-creation/formations/ateliers-conferences/

-À lire : LesInrocks – « Assassin’s Creed », toute une histoire à la Gaîté lyrique

Crédit photo d’en-tête : Affiche « Behind the Game »• Crédits : Gaîté Lyrique

Classé sous :Histoire active, Médias et technologies, Nouvelles de l'histoire

YouTubeurs et institutions : de nouveaux formats pour la médiation scientifique

3 janvier 2019 by Lyonel Kaufmann

blank

File 20181223 103634 11nnabb.jpg?ixlib=rb 1.1 Mikaël Chambru, Université Grenoble Alpes

Cet article a été co-écrit avec Julie Polge, chargée d’exposition scientifique à la Communauté Université Grenoble Alpes.

En France, les vidéastes sur YouTube – les youtubeurs – spécialisés dans la vulgarisation sont actifs depuis une dizaine d’années déjà. A mesure qu’il a pris de l’ampleur, ce phénomène n’est pas passé inaperçu auprès des acteurs de la Culture scientifique, technique et industrielle (CSTI). Les musées, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, les Centres de CSTI (CCSTI) et les associations ont peu à peu investi ce nouvel espace de médiation, en produisant eux-mêmes des contenus et/ou en collaborant avec des youtubeurs. L’analyse des jeux, enjeux et stratégies d’acteurs engendrés par ces relations nouvelles a donné lieu à un premier travail de recherche exploratoire réalisé au printemps dernier.

Preuve de cet engouement, le ministère de la Culture a publié il y a un mois un document recensant quelques 350 chaînes de vulgarisation scientifique adaptées à un usage éducatif. D’autres acteurs y voient une occasion de « reconquérir » une culture scientifique qu’ils jugent en perdition. Ceux-ci plaident notamment pour l’organisation d’une haute autorité reposant sur un Science Media Centre alimenté par les valeurs de l’éducation populaire.

L’émergence des « pro-ams »

C’est en 2016 que l’intérêt porté aux youtubeurs de vulgarisation scientifique augmente de façon significative. Le tournant est amorcé par le Musée du Louvre et trois collaborations avec NotaBene, Axolot et Le Fossoyeurs de Films. Par la suite, le Louvre invitera d’autres YouTubeurs, l’objectif de ces vidéos explicatives, ludiques et pédagogiques étant de populariser la chaîne YouTube du musée. Depuis cette date, le nombre d’abonnés de la chaîne ne cesse d’augmenter. Il culmine aujourd’hui à plus de 30 000 abonnés contre 5 580 abonnés début 2016. Le succès de cette relation a été relayé sur les réseaux sociaux et dans la presse.

Les youtubeurs, d’abord présentés comme des vidéastes profanes, sont rapidement devenus des pro-ams : des amateurs travaillant selon des standards professionnels pour produire du contenu audiovisuel sur la plate-forme numérique. Simultanément, on observe à plus petite échelle la naissance de relations diverses entre institutions de CSTI et youtubeurs. Souvent discrètes, ces relations se traduisent par la relecture d’un script par un scientifique, le prêt de matériel, de services, de locaux, ou encore le financement de tout ou partie du projet. Quelques exemples : l’hébergement de la chaîne Balade Mentale par le CCSTI La Rotonde, la vidéo du youtubeur Axolot au CCSTI La Casemate et au Muséum de Grenoble, la chaîne du Projet Lutétium notamment portée PSL Research University et le Conservatoire de Paris, ou encore les nombreuses invitations de youtubeurs dans des conférences et autres tables rondes. Des formats hybrides émergent, institutionnels mais « typés YouTubeur » comme les chaînes de vulgarisation « Zeste de Science » du CNRS, « Des Médias Presque Parfaits #DMPP » par la sémiologue Virginie Spies ou « Happy Hour » produite par le CCSTI Espace des Sciences.

Ces collaborations protéiformes sont devenues un thème de réflexion fréquent chez les acteurs de la médiation scientifique. Des moments d’échange, publics ou non, comme lors du congrès de l’Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle (AMCSTI) ou du festival Frames à Avignon, démultiplient les espaces et les formes de rencontre entre les youtubeurs et les institutions. La pertinence et l’avenir de ces pratiques nouvelles et des enjeux qu’elles soulèvent y sont abordés.

Les « géants sans visage »

Pour être regardé sur YouTube, il faut être original, parler de sujets populaires et respecter certaines normes. La plate-forme a ses propres langages et codes utilisés par les youtubeurs dans leurs vidéos. Ces normes communicationnelles se retrouvent dans les formats utilisés, le montage, les nombreuses références à la « culture Internet » (memes, chansons, jeu vidéo…) et la capacité à raconter (storytelling). Elles se matérialisent également à travers une relation particulière entre les vidéastes et leur public. Le youtubeur doit se montrer sincère et authentique pour gagner la confiance des spectateurs, n’hésitant pas à transmettre sa « vision du monde » et ses propres discours. Ces caractéristiques éloignent les vidéos populaires sur la plate-forme numérique des formats télévisuels. Or, ces derniers tendent à rester la référence pour les institutions de CSTI.

Ce décalage entre le discours institutionnel et le ton des vidéos sur YouTube transparaît dans la façon dont les institutions utilisent le média. Le plus souvent, les chaînes institutionnelles servent de « lieu de stockage » où sont regroupées des vidéos diffusées sur d’autres réseaux sociaux. Ces usages donnent à voir une image de géants sans visage aux institutions de CSTI : pour la plupart, les vidéos institutionnelles manquent de personnalité, l’interlocuteur change à chaque vidéo, le débit de parole semble faible, il y a peu de dialogue avec le public, etc. Des similarités avec les formats télévisuels que l’on peut retrouver par exemple dans les reportages du CNRS, les interviews de l’INSERM ou encore le “journal télévisé” du CCSTI Espace des Sciences.

blank

Si l’on en croit les chiffres d’audiences, ces usages apparaissent moins séduisants pour le public… alors même que YouTube est promulgué, par certains acteurs de la CSTI et non sans effets de croyance, comme nouvel espace d’expression d’une culture scientifique contemporaine et populaire. Or la raison d’être de la plate-forme, reposant sur le modèle publicitaire, est avant tout de maximiser les audiences. Cela produit un second décalage avec les logiques de publicisation instituées de la CSTI. Les algorithmes ne mettent en effet pas en avant les contenus visant à cultiver l’esprit critique et la démarche scientifique mais ceux qui apparaissent déjà comme les plus populaires et les plus pertinents par rapport à chaque historique de consultation. Autrement dit, la qualité de la démarche de vulgarisation entreprise et de sa validité scientifique n’est pas un critère déterminant de popularité sur la plate-forme.

YouTube confère toutefois une attractivité nouvelle à la vulgarisation scientifique. Les contenus intéressent, attirent et plaisent aux spectateurs, même les plus jeunes. En France, des youtubeurs vulgarisateurs parviennent ainsi à rassembler des centaines de milliers d’abonnés (Dirtybiology, C’est une autre histoire, etc) voire dépassent le million pour certains (E-penser, Dr Nozman, etc). Conscientes du potentiel de dialogue avec le public, les institutions de CSTI souhaitent de plus en plus travailler avec ces vidéastes pour renouveler les formes de publicisation de la culture scientifique.

La CSTI en question

Dans les années à venir, il fait peu de doute que ces collaborations vont se développer tant les discours professionnels montrent qu’institutions et youtubeurs y ont chacun leur intérêt. YouTube apparaît en effet comme un espace réciproque de légitimation et de reconnaissance. Pour les premières, il s’agit de s’appuyer sur la légitimité populaire des seconds pour diversifier leurs publics et renouveler les formes de communication scientifique dans l’espace public. Pour les seconds, il s’agit de s’appuyer sur la légitimité scientifique des premières pour engranger la reconnaissance dont ils estiment manquer pour disposer de plus de ressources. Ces « gains » réciproques s’amenuiseront-ils à mesure que les collaborations deviendront l’une des nouvelles normes de médiation culturelle et scientifique ? La figure désinstitutionnalisée des youtubeurs, appréciée par les institutions, risque de disparaître progressivement à mesure que les vidéastes seront associés à ces mêmes institutions.

Sans postuler que les formes de publicisation de la culture scientifique se réinventent sur YouTube, la médiation et la vulgarisation des sciences opérées sur cette plate-forme numérique révèlent tout de même l’émergence de nouveaux formats de mise en public des savoirs. Dans un contexte de complexification de la CSTI, ces formats interrogent les usages sociaux des sciences et leurs cultures. Ils participent également à la profusion d’actions, d’objectifs et d’acteurs en recherche d’une (re)définition contemporaine de la culture scientifique et de ses objectifs. En tant que dispositif techno-visuel, YouTube ne saurait être la réponse « magique » à ces questionnements.The Conversation

Mikaël Chambru, Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Université Grenoble Alpes

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

Crédit photo en-tête : CC0 Creative Commons. Usage éditorial uniquement. Pas d’attribution requise

Classé sous :Humanités Digitales, Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Publications

David Diop : « La France a construit l’image d’un tirailleur courageux, obéissant et parfois sanguinaire »

31 décembre 2018 by Lyonel Kaufmann

  • Auteur du roman « Frère d’âme », le lauréat du Goncourt des lycéens décrypte les représentations liées aux combattants africains pendant la première guerre mondiale. Propos recueillis par Gladys Marivat pour le journal Le Monde. Extrait.

Comment, à l’époque, étaient représentés les tirailleurs sénégalais ?

En 1910, le général Charles Mangin écrit La Force noire, livre dans lequel il préconise l’utilisation de tirailleurs sénégalais en cas de conflit en Europe. Pour lui, ce sont des soldats féroces qui ont aidé à la colonisation. Ils viennent de sociétés nobiliaires d’Afrique de l’Ouest où la capacité guerrière est valorisée. Il ne reste plus qu’à construire l’image – et ce ne fut pas très difficile – d’un tirailleur sénégalais courageux, qui obéit aux ordres. Et qui peut être sanguinaire. L’armée française joue là-dessus pour terroriser les Allemands. On envoie parfois les tirailleurs sénégalais avec le coupe-coupe pour nettoyer les tranchées. Cela crée un passif très fort. L’Allemagne lance une contre-propagande qui met en scène un tirailleur sénégalais violent, sauvage, tout en accusant la France de négrifier son armée et d’introduire la barbarie en Europe. Le tirailleur est donc pris entre deux feux, deux propagandes, l’allemande et la française.

Ce passif-là dure jusqu’à la seconde guerre mondiale puisque des tirailleurs sénégalais, dans bien des cas, sont tués, mitraillés sur le bord du chemin par des nazis au sein de l’armée allemande, sans autre forme de procès. Par la suite, les Allemands supportent très mal l’occupation de la Rhénanie en 1920 par les troupes coloniales. Pour eux, c’est une humiliation que des Nègres gardent la Rhénanie. Il y a tout un jeu de représentations négatives dans lequel le tirailleur est piégé. Enfin, une autre image exploitée est celle du grand enfant. C’est logique. Nous sommes dans l’empire colonial et il faut maintenir une hiérarchie des races et justifier une mission civilisatrice. Senghor le voit dans les affiches « Y’a bon Banania ». Il le dit dans le poème liminaire du recueil Hosties noires (1948) : « Je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France. »

-À lire : David Diop : « La France a construit l’image d’un tirailleur courageux, obéissant et parfois sanguinaire » | Le Monde

Crédit image : L’écrivain David Diop, à Paris, le 20 septembre 2018. JOËL SAGET / AFP

Classé sous :Nouvelles de l'histoire, Publications

  • « Aller à la page précédente
  • Page 1
  • Pages provisoires omises …
  • Page 31
  • Page 32
  • Page 33
  • Page 34
  • Page 35
  • Pages provisoires omises …
  • Page 138
  • Aller à la page suivante »

Barre latérale principale

Lyonel Kaufmann

blankHistorien & Blogueur En savoir plus…

Derniers articles

Décès du documentariste Marcel Ophüls à 97 ans

26 mai 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Décès du documentariste Marcel Ophüls à 97 ans. Le maître français du documentaire historique est mort samedi dans sa maison du sud-ouest de la France, a-t-on appris lundi auprès de sa famille. Fils du grand cinéaste allemand Max Ophüls (“ La Ronde”, “Lola Montès”…), Marcel Ophüls avait fui l’Allemagne nazie enfant pour s’installer en France, avant de […]

blank

Passion Médiévistes : Hors-série 34 – Le Moyen Âge au cinéma

22 avril 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

À l’occasion de l’édition 2025 du Festival international du film court d’Angoulême, deux invités sont venus croiser, dans cet épisode hors-série de Passion Médiévistes, leurs expériences sur les représentation du Moyen Âge au cinéma. Les invités : Cet épisode vient proposer les regards complémentaires d’un réalisateur et d’un historien pour interroger la manière dont le […]

blank

Trous de mémoires de Nicolas Juncker

17 avril 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Comment raconter la guerre d’Algérie et ses mémoires sans tomber dans le pathos ou la leçon d’histoire trop académique ? Trous de mémoires relève ce défi avec audace, mêlant comédie burlesque et réflexion historique. Nicolas Juncker y explore, avec un humour grinçant, les tensions et contradictions qui entourent la mémoire de ce conflit, en s’inspirant du […]

blank

Ces familles néerlandaises qui découvrent un passé de collaboration – rts.ch

28 mars 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

C’est avec stupeur que de nombreux Néerlandais et Néerlandaises ont récemment découvert sur internet qu’un membre de leur famille avait collaboré avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. En cause: la mise en ligne d’une liste de 425’000 noms par les archives nationales des Pays-Bas. Depuis janvier, les descendants affluent à La Haye, souvent […]

blank

Spreitenbach: Un paradis du shopping ou la porte des enfers? – Blog du Musée national suisse

24 mars 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

En 1975, l’Association suisse des instituteurs publia le panneau scolaire n°167. Celui-ci montre une vue aérienne de la commune de Spreitenbach, dans la vallée de la Limmat. Ou plus précisément de la ville nouvelle de Spreitenbach, «Neu-Spreitenbach», avec son centre commercial entouré d’un immense parking rempli de voitures aux couleurs vives et son imposant quartier […]

blank

Dans le Japon de la fin du XVIe siècle : «Assassin’s Creed Shadows» sort enfin.

23 mars 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La série vidéoludique des «Assassin’s Creed» d’Ubisoft comprend désormais un nouvel opus, situé dans le Japon de la fin du XVIe siècle. Les enjeux financiers de cette sortie sont importants pour la société Ubisoft en grande difficulté actuellement. Elle y jouerait son avenir. «Assassin’s Creed Shadows» est d’autant plus attendu que sa sortie a été […]

blank

Max Weber. Une vie mouvementée dans une époque agitée – Blog Musée national suisse

22 mars 2025 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Cet article du Blog du Musée national suisse nous offre un portrait de Max Weber, socialiste suisse, pacifiste puis défenseur de la défense nationale devant la montée des fascismes, brillant économiste qui fut également Conseiller fédéral. Un destin intéressant et singulier que je vous invite à lire. Plus on s’intéresse à Max Weber et à […]

Tirés de nos archives

blank

Exposition Ibn Khaldoun (lien)

4 décembre 2007 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La figure d’Ibn Khaldoun Site de l’exposition consacrée en 2007 à Ibn Khaldoun qui a été l’un des plus grands intellectuels musulmans et appartenait à une famille hispano-musulmane établie dans la province de Séville. (tags: Histoire IbnKhaldoun)

blank

Sac de plage : Le goût de l’archive à l’ère numérique | Projet éditorial

15 juillet 2018 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Frédéric Clavert (frederic.clavert@uni.lu) et Caroline Muller (caroline.muller@univ-reims.fr) nous présente l’objet de leur projet éditorial dont vous pouvez suivre la passionnante élaboration en ligne. Concernant l’origine du projet, voici la discussion collective initiale autour d’un tweet. Un passionnant working progress qui se lit comme un roman policier. A tester à la plage ?! « En 1989, Arlette Farge publie […]

blank

Un général, des généraux : les coulisses du putsch d’Alger du 13 mai 1958 et le retour de de Gaulle sur un air d’opéra-bouffe

14 juin 2022 Par Lyonel Kaufmann 1 commentaire

Le retour aux affaires de l’Homme du 18-juin a perdu depuis longtemps son aura providentielle. Le scénario d’Un général, des généraux bâti par Nicolas Juncker se fondant strictement sur les faits, il fallait trouver un angle saillant pour conter l’arrivée du messie de Colombey à l’Elysée, précédée du grand cirque de ses apôtres algérois et […]

blank

“Avec cette lettre cesse le jeu et commence l’indéfendable. Supprimer la formation des maîtres, placer ces nouveaux maîtres “dans des classes”, attendre que certains d’entre eux s’effondrent, et leur signifier par courier hiérarchique que “les élèves ont le droit d’avoir devant eux des enseignants compétents” et que le cas échéant ils feraient mieux “de démissionner”, est une stratégie managériale ayant effectivement déjà fait ses preuves, et dont l’avantage est de révéler à ceux qui l’ignoreraient encore l’étymologie du mot “cynisme”. Comme des chiens. Vous avez, “messieurs qu’on nomme grands”, merveilleusement contribué à l’enrichissement de l’horizon sémantique du cynisme : ce qui était au départ le seul mépris des convenances sociales, désignera désormais également le total et absolu mépris de l’humain.”

14 octobre 2010 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Lettre à Laurence |OWNI

A l’école des jeux de rôle: des gymnasiens dans le quotidien des Romains – Le Temps

4 novembre 2019 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’atelier «Qvotidie» propose aux élèves romands de résoudre une enquête dans la Rome antique, un jeu de rôle pédagogique qui complète et rafraîchit les méthodes d’enseignement. Reportage du journal Le Temps au Gymnase Provence à Lausanne. « D’un point de vue pédagogique, «le jeu touche aux compétences transversales du plan d’études romand: collaboration, communication, stratégie d’apprentissage, pensée […]

blank

France : les nouveaux programmes scolaires bousculent le collège

14 avril 2015 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Après les rythmes scolaires, l’éducation prioritaire, le collège… c’est une réforme majeure que la gauche engage sur le terrain de l’école : celle des programmes, censée entrer en vigueur à la rentrée 2016. Lancée en 2013 par Vincent Peillon, la première version de cette «refonte» de l’école a été remise à la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, […]

blank

Revue de Presse : Le témoignage exceptionnel du seul déporté volontaire à Auschwitz | Libération

9 avril 2014 Par Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Witold Pilecki témoigne à Varsovie le 3 mars 1948 (Photo PAP. AFP) Varsovie. 19 septembre 1940. Un officier de réserve polonais, Witold Pilecki, se fait volontairement rafler par les Allemands et interner à Auschwitz pour y tisser un réseau de résistance: «Le Rapport Pilecki», à paraître en avril, livre le témoignage exceptionnel de ce héros […]

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2024

Creative Commons License Ce contenu est mis à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2024.
Thème Aspire 2.0.1 de Genesis Framework · WordPress · Se connecter

 

Chargement des commentaires…