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Histoire Lyonel Kaufmann

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Didactique

IA : création d’un quizz sur la question de l’esclavage, la colonisation et le canton de Neuchâtel

25 janvier 2024 by Lyonel Kaufmann

Le 8 février prochain, j’anime à Neuchâtel un atelier en histoire sur l’IA dans le cadre d’une journée pédagogique dans un lycée. J’y serai en excellente compagnie puisque Isaac Pante interviendra également.

© Getty – JDawnInk

Alors je bricole un peu avec ChatGPT (et je m’amuse aussi ce qui est une des facettes fort intéressante et créative d’OpenAI). Pour s’inscrire dans le terreau local, je me suis dis que traiter de la question de l’esclavage, de la traite négrière et de la colonisation européenne du 19e siècle en rapport avec le canton de Neuchâtel pourrait être intéressant et stimulant.

Le premier prompt réalisé avec ChatGPT 4.0 a été consacré à créer un quizz sur ces questions.

User
« Générez un quiz sur le rôle et la place de l’esclavage et de la colonisation dans la prospérité du canton de Neuchâtel pour une classe d’histoire de 3ème année de maturité. »

Pour en découvrir le résultat proposé par ChatGPT, puis la suite du prompt : Créer un quizz sur la question de l’esclavage, la colonisation et le canton de Neuchâtel

A vous de vous creuser les méninges !

Classé sous :EdNum, histodons, Histoire active, Histoire savante, Humanités Digitales, Outils enseignement

Qu’est-ce qu’un héros suisse ? Mère Royaume ou Davel ?

29 décembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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Intéressante réponse de Justin Favrod (Revue Passé simple) à la question du journal 24 Heures.

Question : L’un est-il plus héroïque que l’autre?

Justin Favrod:

Tout dépend de la définition que l’on se fait de l’héroïsme. Si on prend la mesure du héros suisse tel que fantasmé, Davel est beaucoup plus un héros suisse que la Mère Royaume.

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Mère Royaume sur un âne (toile provenant de la taverne du Crocodile). Tableau de Ferdinand Hodler (Berne, 1853 – Genève, 1918). Datation : 1886 – 1887. Dimensions
Haut 250.5, larg 141.5 cm. Matériaux. Huile sur toile. © Ville de Genève, Musées d’art et d’histoire. Numéro d’inventaire 1934-0018. Lien : https://www.mahmah.ch/collection/oeuvres/la-mere-royaume/1934-0018

Parce que les héros suisses sont souvent des victimes, des gens qui se sacrifient, comme Winkelried. Et les moments héroïques sont souvent des défaites, telles les batailles de Saint-Jacques sur la Birse à Bâle et, surtout, Marignan, où les Suisses défaits ont davantage montré leur courage que lors d’une victoire.

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L’Exécution du Major Davel, 1850. Tableau de Charles Gleyre (Chevilly, 1806 – Paris, 1874). Huile sur toile, 300 x 270 cm. Commande du Canton de Vaud, 1845. Partiellement détruit en 1980. Il n’en reste aujourd’hui qu’un fragment, le soldat de droite, se voilant la face. © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Numéro d’inventaire 1387. Lien : https://www.mcba.ch/collection/lexecution-du-major-davel/

Davel, lui, affronte la torture avec beaucoup de courage, plus que quiconque. La Mère Royaume, c’est plutôt du spontané, du sauvage. Et puis elle est active. C’est une héroïne plus traditionnelle, mais moins suisse.

Source : [https://www.24heures.ch/qui-est-le-vrai-heros-lemanique-duel-fictif-entre-la-mere-royaume-et-le-major-davel-638097819105]

#histoire #histodons #suisse #genève #vaud #héros #davel #MèreRoyaume

Classé sous :Opinions&Réflexions

Du Sang dans la clairière, une nouvelle façon de présenter la trajectoire du groupe Manouchian en BD – Cases d’histoire

5 décembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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21 février 1944, Marcel Rajman meurt fusillé par les Allemands en compagnie de ses camarades du groupe Manouchian. Résistants recherchés par les polices allemandes et françaises, ces hommes et ces femmes n’ont cessé de harceler les forces d’occupation depuis 1942. L’histoire n’est pas inédite en bande dessinée, mais avec Du Sang dans la clairière, Tal Bruttmann et Antoine Grande apportent un regard d’historien et nous entrainent dans une réflexion intéressante sur ce que peut être la BD historique.

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A noter qu’en 2014, Le Lombard a publié l’excellent Vivre à en mourir de Jeanne Puchol et Laurent Galandon, qui développe peu ou prou la même histoire.

Concernant le dessin, Cases d’histoire note que celui-ci est inhabituel pour une bd historienne :

Très cartoonesque, il ne cherche par la réalité objective, mais la vraisemblance.

Concernant les auteurs, Cases d’histoire note aussi leurs singularités

A la différence de beaucoup d’historiens qui s’essaient au scénario, Antoine Grande, directeur du musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, et Tal Bruttmann, spécialiste du nazisme et de l’histoire de l’extermination des juifs d’Europe, ont choisi de rester loin de la BD historienne. Pas de dialogues explicatifs à rallonge mais un naturalisme qui rend les résistants très humains et proches du lecteur. Ce ne sont pas des objets d’Histoire mais les personnages d’une histoire. A la suite du dessin d’Efix, ils savent se faire discrets et n’insistent ni sur les détails, de décor, d’armes ou d’uniformes, ni sur les citations iconographiques trop voyantes. L’intrigue est assez forte pour tenir toute seule.

Pour Cases d’histoire

Traditionnellement, les auteurs cherchent à dessiner au plus près de la réalité, mais ces cases démontrent que c’est l’histoire, au sens du romanesque, et son écriture qui fait la réalité (historique) d’une bande dessinée historique.

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(c) Efix, Tal Bruttmann et Antoine Grande. Éditions Ouest France

Ainsi, à propos de la rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942 figurant dans l’album, Cases d’histoire souligne à propos du dessin et de la qualité de l’écriture du scénario :

Encore une fois, la qualité d’écriture permet aux auteurs de raconter ce qui se passe en quelques pages. Le dessin d’Efix donne là toute sa force. Les bâtons blancs, inquiétants, qui brillent dans la nuit, les silhouettes noires des policiers, suffisent à indiquer terreur et importance de l’opération. Les yeux blancs écarquillés des victimes disent toute la peur et le désespoir de ces familles. Le dessin “cartoonesque” est aussi capable de communiquer l’horreur.

Pour Cases d’histoire, Du Sang dans la clairière « peut servir d’exemple à beaucoup de bandes dessinées historiques ».

Lire l’article de Cases d’histoire : https://casesdhistoire.com/du-sang-dans-la-clairiere-une-nouvelle-facon-de-presenter-la-trajectoire-du-groupe-manouchian-en-bd/

*Du sang dans la clairière – Mont Valérien 1941-1944*. Tal Bruttmann et Antoine Grande (scénario). Efix (dessin, couleurs). Éditions Ouest France. 90 pages. 19,90 euros. Cet album est réalisé sous l’égide du Mémorial du Mont Valérien.

Classé sous :histodons, Médias et technologies, Opinions&Réflexions, Outils enseignement, Publications Balisé avec :39-45, BandeDessinée, France, Histoire

Les pratiques féministes de la radio et leurs contextes, 1975-2000

28 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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Conservés aux Archives contestataires, les fonds des émissions de radio féministes Radio Pleine Lune et Remue-Ménage témoignent d’une prise de parole à contre-courant, diffusée sur les ondes de Radio Zones au cours des années 1980 et 1990. S’inscrivant dans un contexte de libéralisation des ondes et de facilitation d’accès à la technique, les émissions de radios associatives (dites « libres ») et leur prédécesseuses pirates, lorsqu’elles sont conservées, permettent un accès de première main à la parole militante de l’époque, sans le filtre de la mémoire qu’impose par exemple l’histoire orale1. Rarement utilisées dans l’écriture de l’histoire, les sources radiophoniques étaient au cœur d’une journée d’étude rassemblant archivistes, chercheuses et chercheurs, militantes et militants. Partant du contexte local, l’équipe organisatrice a mis l’accent sur les apports de ces sources à l’historiographie des féminismes en Suisse, tout en élargissant les perspectives à partir de multiples cas d’études.

Le compte-rendu d’Anne-Valérie Zuber pour infoclio.ch. Zuber Anne-Valérie: « Les pratiques féministes de la radio et leurs contextes, 1975-2000 », infoclio.ch Tagungsberichte, 28.11.2023. En ligne: <https://www.doi.org/10.13098/infoclio.ch-tb-0305>, consulté le 28.11.2023

Classé sous :Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

Sur le travail de récolte des témoignages de survivant·es de la Shoah par l’équipe de Steven Spielberg et leurs derniers développements

25 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Où quand je redécouvre un passage du livre La mémoire saturée (2013) de Régine Robin sur les témoignages recueillis par Spielberg de survivant·es de la Shoah et que je le replace en rapport avec la recréation de témoignages au moyen de l’Intelligence artificielle (IA) recourant à des procédés comparables à ceux utilisés par ChatGPT pour répondre à des prompts.

    En 1994, à l’époque du succès de La liste de Schindler, Steven Spielberg décide de lancer à Los Angeles la fondation Shoah. Créée en 1999, l’USC Shoah Foundation s’est depuis transformée en une collection de plus de 55’000 interviews. Chaque entrevue a été enregistrés en vidéo.

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    David Traum, a leader at the USC Institute for Creative Technologies (ICT), converses with Pinchas Gutter, a Holocaust survivor, as part of the New Dimensions in Testimony. Lien : https://viterbischool.usc.edu/news/2022/07/uscs-biggest-wins-in-computing-and-ai/

    Depuis 2011, l’USC Shoah Foundation et l’ITC (Institute for Creative Technologies) ont mis au point un nouvel outil permettant de modéliser les survivants encore en vie sous la forme d’hologrammes interactifs, répondant aux questions des visiteurs ou depuis 2022 des internautes avec iwitness.

    Concernant ce nouvel outil, le site le présente de la manière suivante :

    Rencontrez Mona Golabek. Dans cette biographie interactive pour le projet Willesden, les étudiants et les éducateurs peuvent poser des questions qui suscitent des réponses en temps réel à partir d’une vidéo préenregistrée de Mona – engageant ainsi une conversation virtuelle avec elle.

    Au cours des trois prochains mois, nous vous invitons à nous aider à tester la biographie interactive de Mona. Si vous recevez une réponse qui ne vous semble pas pertinente, veuillez cliquer sur l’icône du drapeau dans la transcription à côté de la réponse incorrecte. Ainsi, si vous apprenez de la biographie interactive de Mona, la biographie interactive de Mona apprendra aussi de vous.

    Dimensions in Testimony a été développé en association avec l’Illinois Holocaust Museum and Education Center, avec la technologie de l’USC Institute for Creative Technologies et le concept de Conscience Display. L’intégration dans le témoignage est rendue possible grâce au soutien généreux de la Snider Foundation.

    Source : Iwitness (https://iwitness.usc.edu/dit/monagolabek)

    Ce nouvel outil, comme d’une certaine manière le précédent, n’est pas sans faire penser à ChatGPT et à ses prompts, sauf qu’ici le témoin répond sous la forme d’un holograme.

    Ces procédés interpellent sur la nature même du « témoignage » ainsi produit puisque celui-ci est à chaque fois recréé à partir des questions posées. D’ailleurs, Bertrand (2013) en appelait une réflexion sur la valeur des documents ainsi produits :

    Cela ne sera cependant possible qu’à condition qu’une réflexion soit menée sur la valeur de ces documents que nous produisons pour la postérité et qui répondent dans le cas présent davantage à des objectifs mémoriels qu’historiques.

    Dans son ouvrage La mémoire saturée, Régine Robin rappelait très à propos que, dès 1998, Annette Wieviorka s’interrogeait sur le dispositif de collecte mis en place par Spielberg et l’USC Shoah Foundation. Régine Robin en concluait que le récit était littéralement piégé par le dispositif qui l’encadre :

    C’est cette voix d’outre-Auschwitz que les témoignages oraux essaient aussi de nous transmettre.

    Puis Steven Spielberg vint… Il prit le relais avec de gros moyens. Plus de cinquante mille récits furent recueillis. Annette Wieviorka insiste sur le fait que le passage de l’équipe de Yale à la Visual History Foundation de Spielberg a modifié le dispositif de collecte. Le témoignage pensé par l’équipe de Spielberg est calibré, dit-elle. Il dure environ deux heures, avec un avant, la période d’avant guerre (20 % du temps), une période de l’après-libération des camps, le retour à la vie « normale » (20 % du temps), et 60 % consacré à la période de guerre. À la fin de la collecte, le survivant laisse un message sur « ce qu’il souhaiterait laisser en héritage pour les générations à venir » et la famille du survivant peut se joindre à lui, à ce moment précis. Annette Wieviorka poursuit : « Alors que les interviews de Yale étaient largement non directives, que leur durée n’était pas limitée, celles menées par les équipes Spielberg le sont selon un protocole commun à tous les pays. Les vidéos sont envoyées à Los Angeles, numérisées et indexées. À la pointe de la technologie, ces témoignages numérisés devraient être disponibles sur un serveur, et, devant son écran, le jeune, dont la Fondation Spielberg souhaite qu’il soit éduqué, pourra consulter grâce à des index les extraits de ces témoignages. Il pourra aussi consulter toutes sortes d’informations connexes : archives familiales du témoin, photos concernant les événements auxquels se réfèrent les témoins, carte indiquant le site du camp ou du ghetto dont il est question, etc.» (Wieviorka, 1998, 149).

    Le récit est alors littéralement piégé par le dispositif qui l’encadre, la structure du récit qui le porte. Il n’y a plus de place pour le grincement des temps, l’impossible articulation de la mémoire profonde et de la mémoire ordinaire. Tout se passe alors dans le cadre de la mémoire ordinaire, même l’horreur, sans qu’elle ait à « décoller » de son récit, tendu vers son happy end, la fin du cauchemar, la création ou la recréation d’une famille, d’une carrière, le chemin de l’utilité sociale, le salut.

    Robin, R. (2003)

    Références :

    Bertrand, M. (2013, 1er août). Les fantômes de la mémoire vous racontent la Shoah. Histoire, Mémoire et Société (ISSN : 2261-4494). Consulté 21 février 2023, à l’adresse http://histoiredememoire.over-blog.com/article-les-fantomes-de-la-memoire-vous-racontent-la-shoah-119342394.html

    Robin, R. (2003). La mémoire saturée. Paris: Stock.

    Wieviorka, A. (1998). L’Ère du témoin, Paris, Plon, p. 149.

    Classé sous :EdNum, histodons, Histoire savante, Humanités Digitales, Médias et technologies, Opinions&Réflexions

    ChatGPT testé en matière de génération de textes et d’images pour l’archéologie

    24 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    AktArcha est le blog de recherche du projet Actrices de la recherche archéologique entre sciences humaines et sciences naturelles : Sur le terrain, en laboratoire, au bureau (AktArcha). L’objectif du projet est de rendre visibles les femmes innovantes et leurs réalisations dans le domaine de l’archéologie de la fin du 18e siècle au 21e siècle. Le projet est conduit par Elsbeth Bösl (direction du projet) et la Dr. Doris Gutsmiedl-Schümann, toutes deux de l’Université de la Bundeswehr à Munich. Depuis fin novembre 2022 et la mise à disposition par OpenAI de son langage d’IA génératif GPT-3.5, les deux chercheuses ont mené des travaux exploratoires à ce propos.

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    Elles ont formulé notamment les questions suivantes :

    ChatGPT fait sans doute déjà beaucoup de choses, mais qu’en retire-t-on ? et qu’est-ce qu’il ne peut pas faire ? comment cela fonctionne-t-il ? Principalement sur l’histoire de la recherche et l’histoire-biographie, qu’est-ce que ChatGPT a à nous offrir ? Si et comment cest technologies génératives peuvent nous aider à répondre à nos besoins? quels problèmes posent-elles ?

    Deux billets de blog ont été publiés depuis pour présenter ce qu’elles ont constaté en essayant ChatGPT. Le premier article a été consacré aux productions textuelles (ChatGPT im AktArcha-Test, 17.02.2023) et le deuxième aux images générées (KI-Spielereien: Text-zu-Bild-Generatoren im AktArcha-Test) concernant la question des stéréotypes générés par l’IA:

    En préambule au premier texte, les auteures précisent que ce les unit dans cette démarche, c’est d’abord le désir de mettre en place un enseignement inclusif et orienté vers la recherche, et l’idée que les étudiant·es sont nos partenaires dans l’enseignement, et non des adversaires à surveiller avec méfiance. Avec ce fil rouge :

    Comment pouvons-nous intégrer ChatGPT dans l’enseignement universitaire tel que nous le souhaitons ?

    ChatGPT dans le test AktArcha (17.02.2023)

    Dans cette première démarche exploratoire, elles ont conçu des prompts relativement classiques pour que ChatGPT rédige une biographie sur une archéologue. Dans un premier temps, une archéologque préhistorique qui n’existait pas (Anna Ebermann), puis une archéologue disposant d’un articles sur Wikipedia : Waldtraut Schrickel (1920-2009).

    Au final, les résultats n’ont pas été satisfaisants. A propos du résultat du prompt concernant Mme Waldtraut Schrickel, elles notent que

    Le résultat a été catastrophique. Les données biographiques sont fausses, les titres littéraires n’existent pas, le site funéraire de Wanderleben est du néolithique tardif. La tombe princière de Seddin date de l’âge du bronze récent, mais Waldtraut Schrickel n’avait rien à voir avec elle.

    Leur conclusion:

    Chat-GPT nous a donné un texte bien lisible. Mais l’IA n’avait pas encore appris les dates et les faits historiques. Par conséquent, le contenu des textes n’était pas fiable.

    Elles en tiraient notamment les conclusions suivantes :

    • Les sujets qui n’apparaissent pas souvent dans l’ensemble des données seront probablement moins bien traités par ChatGPT que ceux qui apparaissent souvent, comme les questions sur les lectures scolaires canonisées ou autres.
    • même si nous savions qu’un livre particulier ou une entrée Wikipedia y a été associé, cela ne veut rien dire, car l’outil recherche justement certaines probabilités de séquences de mots;
    • chaque réponse doit être soigneusement examinée. Pour cela, nous avons non seulement besoin de nos propres connaissances et de notre propre jugement, mais nous dépendons également des médias qui nous permettent d’acquérir des connaissances : ouvrages de référence et bases de données numériques, Wikipedia, Google et autres moteurs de recherche, et bien sûr toute la richesse des supports non numériques.

    Comparant ChatGPT à Google, elles notent que si les deux n’épargnent pas la visite des archives, Google nous fournit tout de même les heures d’ouverture et la description de l’accès. Par contre, ChatGPT peut générer du texte de manière assez efficace.

    Elles ont ensuite essayé quelques autres possibilités d’utilisation de ChatGPT pour la recherche et l’enseignement:

    • la conception de plans de conférences et d’exposés ou de séances de cours et de séminaires à l’exemple du prompt «Veuillez créer le plan d’un exposé à l’université sur l’histoire de l’archéologie préhistorique en Allemagne».

    Le résultat est tout à fait utilisable, car ChatGPT n’a pas besoin de savoir quoi que ce soit sur le sujet, tant qu’il a appris comment les exposés académiques sont typiquement structurés. Le résultat a été moins convaincant pour des sujets historiques lors de l’élaboration d’une grille d’un cours (et non un plan) qui a souvent abouti à des plans purement chronologiques.

    Elles proposent de comprendre ces réponses comme une suggestion ou une impulsion pour la poursuite de notre propre travail, et non comme un produit final.

    Ainsi, ChatGPT nous fournit du texte avec que nous pouvons travailler. Dans le cadre d’ateliers d’écriture pour étudiants et de cours propédeutiques. l’IA pourrait aider à surmonter les blocages de l’écriture, surtout si elle est combinée avec des techniques établies comme le freewritin (Peter Elbow), indiquent-elles.

    ChatGPT pourrait, aussi, compenser un handicap, par exemple en cas de difficulté de lecture ou d’écriture.

    Si l’IA paraît également intéressante pour la conception d’un examen en lui demandant de générer les questions de l’examen, les auteures pensent que l’IA est particulièrement utile pour les groupes d’étudiants et pour la préparation individuelle aux examens. Les étudiant·es pourraient simuler l’examen à venir et imaginer des questions possibles, puis y répondre à l’écrit ou à l’oral.

    L’I.A. peut être une aide précieuses et permet à l’étudiant de se concentrer sur le gros du travail de réflexion :

    • Comment formuler de bons prompts ?
    • Quelle critique des résultats est nécessaire pour vérifier la solidité des réponses obtenues ?
    • Quelle est la meilleure façon de lire et de travailler pour poser les bonnes questions en premier lieu, puis pour examiner les réponses de manière critique ?
    • Comment et avec quelles sources valider les réponses obtenues ?
    • Comment citer ChatGPT ou comment indiquer correctement dans la partie répertoire d’un travail écrit quelles invites ont été utilisées ?

    Dans l’ensemble, cette démarche est plus judicieuses plutôt que d’interdire l’utilisation de l’IA et de contrôler cette interdiction à grands frais – ce qui est de toute façon pratiquement impossible. Par contre, former tous les étudiant·es à ces outils évitera d’augmenter encore les inégalités entre elles et eux.

    Jeux d’IA : les générateurs de texte vers l’image testés par AktArcha (23.11.2023)

    Dans ce deuxième billet, les auteures se sont intéressées aux résultats d’un générateur d’images basé sur l’IA lorsque nous lui demandons des représentations de femmes archéologues.

    Les générateurs de texte à image sont des modèles d’apprentissage automatique capables de générer des images à partir de descriptions textuelles ; il est généralement possible d’utiliser simplement le langage utilisé dans la vie quotidienne. Cela en fait un langage fort puissant, mais aussi problématique, car ils ont souvent été entraînés avec de grandes quantités d’images dont il est généralement difficile de retracer l’origine. Ils posent aussi la question de l’accord donné ou non par les auteurs des images originelles.

    Cependant, notent-elle, les générateurs de texte vers l’image sont un outil utile pour se faire une idée des représentations populaires de l' »archéologie » ou des « archéologues » – précisément parce qu’ils ont été entraînés sur un très grand nombre d’images très diverses. Leur hypothèse de base est que

    les images qui correspondent aux idées (et aux préjugés) populaires apparaissent fréquemment dans le matériel d’entraînement et se retrouvent donc dans les images générées par l’IA.

    Pour leurs jeux d’IA, elles ont utilisé le générateur texte-image Stable Diffusion XL dans sa version gratuite (https://stablediffusionweb.com/) en variante 1, mais aussi Playground (https://playgroundai.com/) en variante 2. Les prompts de génération d’images ont été formulés en anglais. Elles n’ont pas défini de style pour l’image, mais ont laissé l’IA choisir.

    Pour leur première expérience, elle ont choisi simplement « Archaeology » comme prompt avec le résultat suivant:

    La variante 1 a créé une nature morte : Un chapeau – plus précisément un chapeau Fedora marron – est posé sur une caisse en bois avec un cadenas très visible. Derrière, on peut voir au moins une autre caisse en bois. L’arrière-plan de l’image est flou.

    Leur commentaire :

    Le chapeau de feutre et les caisses en bois font certainement allusion à une série de films dont le premier volet est sorti il y a maintenant plus de 40 ans – et dont le personnage principal a depuis été trop souvent utilisé comme référence pour illustrer « l’archéologie ». Dans la variante 1, le terme « archéologie » semble donc être fortement chargé de références à la culture populaire contemporaine.

    Pour la deuxième expérience, Playground a été utilisé avec un résultat différent :

    La variante 2 adopte une approche différente, et nous montre un lieu abandonné dans un environnement rocheux brun sableux. Certaines maisons sont creusées dans la roche, d’autres ont des murs et des bâtiments placés devant et sur la roche. Le village est inanimé et abandonné ; et même si certains bâtiments sont bien conservés, il est clair qu’il s’agit de ruines. L’absence totale de végétation est frappante. Un groupe de trois personnages est visible en petit sur le côté droit de l’image, mais on ne sait pas ce qu’ils font là.

    Leur commentaire :

    Dans l’ensemble, cette image ressemble presque à une maquette de musée.

    Avec les tests 2 et 3, les chercheuses ont voulu savoir quelles images étaient générées lorsque nous entrons « Archaeologist », puis « Female Archaeologist » comme prompt.

    A chaque fois pour les tests 2 et 3, la variante 1 produit une image photoréaliste et stylistiquement, l’image utilise un arrière-plan flou.

    Female Archaeologist, variante 2
    « Female Archaeologist » variante 2

    La variante 2 adopte à un style plus graphique. Elle montre l’archéologue dans des vêtements beige-gris adaptés aux recherches sur le terrain ou aux expéditions. Ces deux images semblent être avant tout des versions féminines ou masculines stéréotypées.

    Les images des variantes 1 et 2 reflètent fortement le stéréotype de l’archéologie comme aventure et de l’archéologue comme explorateur-aventurier itinérant. Aucun des générateurs de texte à l’image ne pense en premier lieu à une femme lorsqu’il est question d' »archéologue » – bien que le terme soit d’abord non spécifiquement genré en anglais. En spécifiant «Femme archéologue», les archéologues continuent d’être placées en premier lieu sur le terrain dans un décors extérieur. Le stéréotype de l’exploratrice-aventurière est également très présent lorsqu’il s’agit d’une archéologue.

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    “Female Archaeologist 19th Century”, variante 2

    Mais quelles images l’IA nous donne-t-elle si nous voulons voir une archéologue au 19ème siècle ? Cela nous amène à leur prochain prompt : « Female Archaeologist 19th Century ».

    S’il n’y a pas de changement dans la variante 1,la composition de l’image change radicalement dans la variante 2. Les auteures font l’observation suivante :

    Alors que seul le prompteur pour une archéologue donne l’image d’une femme sans activité apparente sur le terrain, l’image d’une archéologue au 19ème siècle montre une femme en train de dessiner. Le dessin – non seulement des découvertes, mais aussi des résultats – était une activité considérée comme « appropriée » pour les femmes au 19ème siècle et donc socialement acceptable. Pour les femmes travaillant dans le domaine de l’archéologie, le dessin était un moyen de se professionnaliser davantage dans le domaine de l’archéologie.

    De cette petite expérience, et en conclusion, le générateur texte-image utilisé pour les tests semble visualiser, sans trop de surprise, des idées populaires sur « l’archéologie ».

    Les articles :

    • ChatGPT im AktArcha-Test
    • KI-Spielereien: Text-zu-Bild-Generatoren im AktArcha-Test

    Classé sous :EdNum, histodons, Humanités Digitales, Opinions&Réflexions Balisé avec :archéologie, ChatGPT, stéréotypes

    Quand la guerre à Gaza s’invite dans la salle de classe

    23 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

    War and Peace on Mercury (NASA, MESSENGER, 06/27/11)

    “Dans chaque guerre, on crée une image de l’ennemi, et la désinformation qui circule sur les réseaux sociaux renforce cette image, souligne Erik de Soir. Les écoles ont ce rôle essentiel : elles doivent mettre en lumière le processus qui conduit la personne la plus honnête à se métamorphoser en bête.”

    Se taire est un luxe que tout le monde ne peut s’offrir, et qui a un coût. À l’école secondaire [équivalent du collège-lycée] de Hal où enseigne Gabriel, la plupart des enseignants évitent la question, car ils estiment ne pas maîtriser le sujet ou redoutent que les choses tournent mal. Sauf que pour lui, il n’est pas possible de faire l’autruche : les élèves savent qu’il est juif.

    “Pour aller en salle des professeurs, je préfère passer par le couloir plutôt que par la cour de récréation, qui est pourtant le plus court chemin. Et en dehors de l’école, à la sortie de la synagogue, nous nous dispersons le plus vite possible. On s’habitue à vivre comme ça.”

    Les organisations structurantes du monde éducatif ont conscience des difficultés des enseignants à aborder la guerre dans leurs cours, difficultés variables selon les établissements. “Dans certaines écoles, la guerre est très présente, dans d’autres, à peine. Cela dépend beaucoup de la population d’élèves et de l’influence des réseaux sociaux”, résume Pieter-Jan Crombez, du réseau d’enseignement catholique de Flandre.

    — À lire sur www.courrierinternational.com/article/belgique-quand-la-guerre-a-gaza-s-invite-dans-la-salle-de-classe

    Classé sous :Opinions&Réflexions, sur le web Balisé avec :Gaza, Guerre, Israël, Palestine

    Tous les récits du monde – La Vie des idées

    17 novembre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Sebastian Conrad, professeur d’histoire globale à la Freie Universität de Berlin, est spécialiste d’histoire intellectuelle et a notamment travaillé sur l’Allemagne et le Japon. Ses éclairages sur les liens entre le nationalisme allemand et la mondialisation ont largement renouvelé l’histoire nationale. Et c’est en praticien confirmé de l’histoire globale qu’il a proposé, en 2016, l’ouvrage What is Global History ?, analyse remarquée du phénomène historiographique et de ses multiples ramifications (une première version avait été publiée en allemand dès 2013). Aujourd’hui traduit en français, l’ouvrage permet de dresser un panorama qui demeure très actuel des promesses et des apories de l’histoire globale. Didactique, appuyé sur des exemples éclairants qui montrent bien les apports de telle ou telle enquête et ses inscriptions historiographiques, Qu’est-ce que l’histoire globale ? apparaît comme une sorte de guide de voyage dans les méandres de l’histoire globale.

    Sebastian Conrad, Qu’est-ce que l’histoire globale ? Paris, Nouveau Monde éditions, 2023, 280 p., 20,90 €.

    Le compte rendu de l’ouvrage par La Vie des idées : https://laviedesidees.fr/Tous-les-recits-du-monde

    Classé sous :Histoire savante, Publications

    Enquête inédite sur le rôle de l’une des principales banques du Brésil dans l’esclavage

    11 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Une action en justice visant Banco do Brasil a été sollicitée par des historiens, qui ont étudié les relations entre la plus ancienne banque publique du pays et la traite négrière au XIXᵉ siècle. Selon eux, tout le système financier de l’époque profitait de l’esclavage.

    blank Siège de la Banque du Brésil entre 1815 et 1829, la maison Leuzinger à Rio de Janeiro a été rénovée en 1860. Archives historiques du centre culturel de la Banco do Brasil

    Le ministère public fédéral brésilien (MPF) a notifié à Banco do Brasil (BB), le mercredi après-midi 27 septembre 2023, l’ouverture d’une enquête civile publique visant à examiner l’implication de l’institution dans l’esclavage et le trafic de captifs africains au cours du 19e siècle.

    Cette action, sans précédent dans le pays vise à lancer un mouvement pour demander des réparations historiques aux grandes institutions brésiliennes centenaires – tant étatiques que privées – qui ont participé d’une manière ou d’une autre à l’esclavage dans le pays ou l’ont encouragé.

    L’enquête a été proposée par un groupe de 14 historiens issus de 11 universités, qui ont effectué des recherches et rédigé un texte sur ce que l’on sait des relations de la Banco do Brasil avec l’économie esclavagiste et ses négociants.

    Ils ont découvert, par exemple, que parmi les fondateurs et les actionnaires de la BB se trouvaient certains des plus célèbres marchands d’esclaves de l’époque, dont José Bernardino de Sá, considéré comme le plus grand trafiquant d’Afrique de l’époque.

    Trois procureurs ont accepté la suggestion et ont intenté une action en justice dans le but d’amener la banque publique à reconnaître et à prendre des mesures pour enquêter sur ses actions pendant l’esclavage et les rendre publiques. 

    Dans le document envoyé à Banco do Brasil, le Ministère public fédéral fixe un délai de 20 jours au président de la banque pour répondre à une série de questions :

    « la position de la banque sur sa relation avec le trafic de personnes noires réduites en esclavage », « des informations sur le financement effectué par la banque et sa relation avec l’esclavage », « des informations sur les trafiquants de personnes réduites en esclavage et leur relation avec la banque » et « des initiatives de la banque avec des objectifs spécifiques de réparation en relation avec cette période ».

    Après la publication du rapport, la Banco do Brasil a envoyé une note indiquant qu’elle avait l’intention de collaborer avec le Ministère public:

    « Banco do Brasil est à la disposition du ministère public fédéral pour continuer à jouer un rôle de premier plan et à impliquer l’ensemble de la société dans la recherche d’une accélération du processus de réparation »(Extrait).

    Mais, après tout, comment la Banco do Brasil a-t-elle participé à l’esclavage ?

    Lors de sa création, l’objectif de l’institution était de faire face à la pénurie de crédit et de monnaie dans l’Empire portugais, mais ses activités devaient se limiter au financement public. Toutefois, selon les historiens, une partie des fonds de la banque provenait des droits perçus sur les navires destinés au commerce africain.

    « L’esclavage et le commerce des esclaves ont également financé indirectement l’établissement de la banque par le biais de souscriptions », écrivent les chercheurs.

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    Ancêtres des billets de banque, les tickets BB ont commencé à circuler en 1810. Archives historiques du centre culturel de la Banco do Brasil.

    En d’autres termes, le gouvernement impérial accordait des titres de noblesse aux esclavagistes et aux commerçants illégaux qui déposaient de l’argent à la banque.

    En proie à des difficultés financières, cette première BB a été dissoute en 1829 puis refondée en 1833, mais cette phase n’a duré que peu de temps.

    C’est lors de la refondation de 1853 que le lien entre la Banco do Brasil et l’esclavage s’est resserré, selon les chercheurs.

    Ils ont découvert, par exemple, que d’importants marchands d’esclaves faisaient partie du groupe d’hommes d’affaires qui ont signé l’accord de refondation de l’institution.

    Bien que renaissant sous la forme d’une banque privée, la BB avait des objectifs publics, tels que le contrôle du marché du crédit et le monopole de l’émission de la monnaie.

    L’un des hommes d’affaires fondateurs de la BB est José Bernardino de Sá, qui en devient le principal actionnaire en 1853. L’un des hommes les plus riches de l’Empire, le magnat possédait des fermes, d’innombrables propriétés et même un théâtre au centre de Rio de Janeiro.

    Mais son activité principale était la traite des Africains, explique l’historien Thiago Campos Pessoa qui étudie la vie du passeur depuis des années et qui, il y a quelques mois, a découvert son nom parmi les fondateurs de la Banco do Brasil.

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    Hommes et femmes asservis travaillant dans les plantations de café au Brésil. NY Public Library.

    Selon Pessoa, Bernardino de Sá disposait d’un hangar au nord de Luanda, la capitale de l’Angola, où il laissait les Africains kidnappés jusqu’à ce qu’ils soient embarqués. Ils arrivaient sur les côtes de São Paulo et de Rio de Janeiro et étaient ensuite laissés dans les fermes de l’homme d’affaires jusqu’à ce qu’ils soient commercialisés. On estime que le trafiquant a fait passer 20 000 Africains entre 1825 et 1851.

    Au cours des années suivantes, la traite s’est intensifiée avec le consentement et la participation de l’Empire. On estime qu’environ 753 000 Africains ont été amenés illégalement au Brésil en seulement deux décennies, entre 1830 et 1850.

    À titre de comparaison, pendant toute la période de l’esclavage au Brésil, qui a duré environ 300 ans, 5 millions de personnes ont été amenées au Brésil.

    Les liens de la BB avec l’esclavage

    Bien que la BB ait compté parmi ses fondateurs des marchands d’esclaves, dans quelle mesure la banque était-elle liée à l’esclavage et quelle part de son argent provenait de ce système ?

    Pour Clemente Penna, chercheur à l’Université fédérale de Santa Catarina (UFSC) et également signataire du document, le système financier de l’époque « dépendait de l’esclavage », mais des recherches académiques sont encore nécessaires pour déterminer le rôle de chaque institution.

    « C’était une économie où il y avait peu de monnaie officielle en circulation. Ce qui existait, c’était un système basé sur des obligations, des hypothèques, des lettres de change… Les gens qui avaient beaucoup d’argent liquide étaient les trafiquants. Ce sont donc eux qui ont financé l’État, les titres de créance et le capital des banques », explique-t-il.

    Les recherches de l’historien, qui a analysé 3’000 saisies de dettes à Rio de Janeiro entre 1830 et 1860, montrent que les esclaves étaient même utilisés comme garantie pour rembourser des prêts.

    Vers des réparations historiques ?

    Pour le procureur Julio Araujo, l’enquête contre Banco do Brasil pourrait être le point de départ de discussions sur les réparations historiques dans le pays :

    « Nous devons affronter cette discussion, car ce passé et cette mémoire font partie de notre présent et l’affectent encore, à travers les inégalités sociales et le racisme structurel. La société et les principales institutions brésiliennes doivent se regarder dans le miroir et affronter cette question ».

    Sources :

    • Enquête inédite sur le rôle de l’une des principales banques du Brésil dans l’esclavage. Courrier international. Lien : https://www.courrierinternational.com/article/justice-enquete-inedite-sur-le-role-de-l-une-des-principales-banques-du-bresil-dans-l-esclavage
    • Exclusivo | Banco do Brasil é alvo de inquérito inédito sobre papel na escravidão e MPF pede reparação. BBC News Brasil. Lien : https://www.bbc.com/portuguese/articles/c89w05408pjo

    Classé sous :Histoire active, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

    Préhistoire : au commencement des sociétés humaines | L’Histoire

    10 octobre 2023 by Lyonel Kaufmann

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    Le magazine L’Histoire vient de sortir un numéro spécial consacré à la Préhistoire. Il offre un état actualisé des savoirs concernant un domaine de recherche en constantes mutations. Ne boudez pas votre plaisir (en kiosque jusqu’au mois de décembre).

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    La présentation du numéro

    Il y a 3 millions d’années apparaissent les premières espèces de la lignée humaine ; il y a 20 000 ans, au temps de la dernière glaciation, Homo sapiens a atteint tous les continents ; il chasse le renne en Europe et orne les grottes de peintures fascinantes.

    Que s’est-il passé entre les deux ? Que savons-nous de ces chasseurs-cueilleurs : leur langage, leur alimentation, leur organisation ?

    Les travaux des archéologues, appuyés sur la génétique, les études chimiques ou l’ethnologie, nous livrent aujourd’hui une connaissance plus intime des hommes, des femmes et des enfants qui vivaient au Paléolithique.

    L’éditorial : La préhistoire, c’est de l’histoire !

    Les divisions historiques canoniques ont la vie dure. Depuis le XIX »siècle, c’est l’écriture qui sépare la préhistoire et l’histoire. Mais les peuples sans écriture ont, eux aussi, une histoire. Et si la recherche sur les périodes lointaines est fondée sur des vestiges infiniment ténus (pierres taillées, ossements), la découverte de la datation au carbone 14 en 1950, les progrès de l’archéologie ou la paléogénétique permettent d’appréhender de plus près les premiers humains. C’est ainsi une préhistoire plus humaine qu’on peut désormais reconstituer, celle d’hommes, de femmes, d’enfants, généralement nomades, vivant et chassant en groupe.

    Il faut renoncer aussi à la quête du « premier homme » ou du « premier ancêtre ». Et même à la succession linéaire : australopithèques, Homo habilis, Homo erectus, qui mène à Homo sapiens. En fait, l’évolution dessine un buissonnement, un bouquet, avec des branches mortes et des métissages. Les caractéristiques biologiques propres à Sapiens, bipédie, taille du cerveau, forme du crâne et de la dentition, résultent probablement de ce processus lent-qui se poursuit…

    On en sait beaucoup aujourd’hui sur cette histoire des commencements. Les humains apparaissent il y a 2,8 millions d’années, avec le genre Homo, davantage carnivore et qui vit dans la savane. Entre-temps, un de nos lointains ancêtres a fabriqué les premiers outils, il y a 3,3 millions d’années, point de départ retenu pour le Paléolithique. L’espace s’élargit avec Homo erectus, qui s’aventure en Eurasie il y a 1,8 million d’années, et atteint l’Insulinde. Mais c’est Homo sapiens, dont le plus vieux spécimen, 300 000 ans, a été découvert en 2017 au Djebel Irhoud, au Maroc, qui va peupler la Terre entière.

    Reste que l’humanité fut longtemps plurielle. En Eurasie, Néandertal, Sapiens et Denisova cohabitent plusieurs dizaines de milliers d’années. Nos gènes portent d’ailleurs les traces de leurs métissages. Néandertal et Sapiens connaissent des évolutions parallèles : amélioration de l’outillage, parures, sépultures vers 120 000 ans. Une pensée symbolique qui témoigne de l’existence du langage.

    Qu’est-ce qui a, alors, fait le succès de Sapiens, demeuré seul représentant du genre Homo? Une complexité sociale accrue ? Des réseaux d’échanges à grande échelle favorisant l’exogamie, mais aussi la circulation des biens, des idées et des symboles ? Ou une capacité toute particulière à modifier son environnement ? Chacun conclura. Mais, sans doute, cette humanité paléolithique, immergée parmi les autres êtres vivants, nous fait voir l’histoire autrement.

    L’Histoire

    Sommaire du numéro

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    En couverture : montage associant une figure anthropomorphe et des mains « négatives », vers 7 000 avant le présent, ornant la Cueva de las Manos, Patagonie, Argentine (lberfoto/Bridgeman Images – Marcos Veiga/W-J Pics/Science Photo library).

    Source : https://www.lhistoire.fr/parution/collections-101

    Classé sous :BP13/22SHS Enseigner les sciences humaines et sociales aux cycles 1 et 2, Histoire savante, Nouvelles de l'histoire

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